Il s’agit pourtant d’une revendication de longue date. "Les enseignants sont tout à fait d’accord et le demandent depuis quelques années et rien n’est fait, déplore Clarys. On pensait avoir du poids en tant que parents, mais on n'est pas pris au sérieux."
Quelques minutes plus tard, la porte du salon s’ouvre sur cinq jeunes hommes habillés en noir de la tête aux pieds. Serrage de main franc avec tous les clients, accolade amicale avec les trois barbers. "Tu vois, une Clio 2 arrive et y’a que des parasites", blague Chadi Hadri. Le groupe vient se faire couper les cheveux pour la baby-shower organisée par le cousin de l’un d’entre eux, Nasser. Pour la bande, se rendre chez HDR Barber est un moment de partage : "On vient toujours avec des potes, c’est très rare que je vienne tout seul", confie Amine. Ils vivent tous au Port-du-Rhin et font le trajet pour Yanis, l’un des alternants, mais aussi pour "la musique et la bonne ambiance" qui règne dans le salon.
Embarquez avec Paul au milieu du trafic de la route de Schirmeck. © Paul Marcille
Pourtant, réduire le flux de voitures sur cet axe est un enjeu majeur pour les habitants. Consultable sur la place d’Ostwald, un livret de 80 propositions visant à améliorer le quartier cite la route de Schirmeck en tête des priorités en matière de sécurisation des déplacements. Officieusement, cette feuille de route est un moyen de remettre le quartier à l’agenda de la mairie. La Montagne-Verte est la grande oubliée des politiques publiques selon ses habitants. Mais le directeur de territoire, François Desrues, reconnaît que "ce n’est pas forcément dans ce mandat qu’il y aura des transformations en profondeur de la route".
"Vers 17h30, il va y avoir du monde", assure Chadi Hadri, propriétaire de HDR Barber. À seulement 21 ans, le gérant, crâne rasé et carrure imposante, a racheté le fonds de commerce en septembre 2023. Le barbershop est situé au 161 route de Schirmeck, à moins de 50 mètres du domicile du jeune homme. Chaque matin, il annonce sur Snapchat les horaires d’ouverture du jour. Ce vendredi après-midi, période de forte affluence, il a décidé de fermer à 20h30. Mais pour le moment, le petit salon est calme : pendant qu’un client se fait coiffer, les deux alternants Marouane et Yanis, installés aux deux autres postes de coiffure, ont le nez rivé sur leur téléphone.
Quarante covoitureurs chaque matin
À l’échelle nationale, la pollution sonore générerait à elle seule un coût sociétal de 147 milliards d’euros, selon une étude menée en 2021 par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Pour David Écotière, "c’est monstrueux. Quand on voit les ordres de grandeur et les enjeux, clairement, on n'est pas à la hauteur".