Il existe plusieurs leviers d’action : diminuer la source du bruit, adapter le milieu de propagation ou renforcer l’isolation des façades. Le PPBE, accessible publiquement, propose un diagnostic par zone mais ne contraint en aucun cas l'Eurométropole à agir. Pour Mohamed Meziane, la solution la plus pragmatique consiste à subventionner des audits mixtes pour les résidents des "points noirs du bruit". Dans la plupart des cas, les rénovations acoustiques s’incluent dans des projets d’isolation thermique, permettant d’optimiser les dépenses. "On leur donne un audit détaillé, avec lequel ils consulteront l’entreprise de leur choix."
L’emplacement de cette future maison de santé n’a, pour l’heure, pas été définie. Rien ne garantit d’ailleurs qu’elle voie le jour. Comme le rappelle François Desrues, directeur de territoire à l’Eurométropole de Strasbourg, ces infrastructures sont le fruit d’un long processus. À l’Elsau, la maison de santé, dont le projet a débuté en 2018, n’a été inaugurée qu’en septembre 2024.
Route de Schirmeck, c’est la même cacophonie. "Pour nous, c’est une route prioritaire", explique Mohamed Meziane, ingénieur acousticien à l’EMS : "Elle coche toutes les cases." L’axe apparaît comme une préoccupation majeure dans le Plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) de 2022, une étude qui doit être réalisée tous les cinq ans par les agglomérations de plus de 100 000 habitants. Les rénovations phoniques nécessaires à cette artère se chiffrent à 3,7 millions d’euros.
Cette perspective soulève aussi des craintes chez certains professionnels du secteur. Mustafa Unlu, propriétaire de la pharmacie des Coquelicots sur la route de Schirmeck, craint un déséquilibre. "Une maison de santé, c’est bien beau mais il peut y avoir un problème au niveau de sa localisation", juge-t-il. La concentration de la patientèle pourrait avantager l’officine la plus proche au détriment des deux autres.
Certains font le choix d’éviter cet axe engorgé. Moniteur d’auto-école, Fabrice Abenin travaille à l’agence de la Montagne-Verte depuis 2014. Il évite soigneusement de faire passer ses clients par la route principale : "Même pour les élèves confirmés, c’est impossible de travailler parce qu’on n’avance pas."
"C’est le principal point noir du coin", confirme François Portal, chef de projet au centre socioculturel et référent "vie de quartier". Il voit le secteur comme "un faubourg coincé entre deux faubourgs", point de passage depuis Lingolsheim et Ostwald pour rejoindre Strasbourg ou accéder à l’autoroute A35. Mais pour ce qui est d’agir, "cela implique aux communes de se mettre d’accord politiquement et budgétairement". Pour l’heure, la route n’a connu comme aménagement majeur que l’ajout des voies de bus sur certaines portions, il y a maintenant une dizaine d’années.
Certains aménagements acoustiques ont déjà été mis en place par l’État. Franck Rolland, propriétaire de l’hôtel Strasbourg Montagne Verte, a ainsi reçu il y a sept ans une subvention pour changer toutes les fenêtres du dernier étage de son établissement donnant sur l’autoroute. "Elle fait peur, mais ce n’est pas la principale nuisance", relativise l’hôtelier, davantage préoccupé par le voisinage. Depuis 2021 et le reclassement du tronçon, la lutte contre la pollution sonore n’incombe plus à l’Etat mais à l’EMS.