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© Benjamin Martinez

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©Yacine Arbaoui

 

Il faut dire que la réalisation d’un projet d’aménagement extérieur nécessite l’accord de tous les acteurs du quartier : bailleur, Ville et copropriétaires. Et dans les rares cas où les démarches aboutissent, ce n’est qu’après de longs mois de négociations.

Les propositions les plus élémentaires entraînent inéluctablement des complications. Actuellement les locataires ne disposent d’aucun emplacement pour s’asseoir et discuter. L’association Par enchantement, très présente à Herrade, tente de prendre les choses en main. “Nous militons depuis de nombreux mois pour implanter des bancs publics mais la mairie n’a pas donné suite”, regrette Timothée Schulze, chargé de communication de l’association. Lors d’une réunion publique en octobre dernier, Anne-Valérie Demenus, directrice de projet à Koenigshoffen-Est, a assuré que la Ville envisage de les installer elle-même. Mais les échelles de temps ne sont pas les mêmes : “Nous souhaitons répondre aux problèmes des gens immédiatement, pas dans cinq ans”, se lamente Mohamed Eramami, un cadre de l’association.

Un autre projet est à l’étude, la construction d’une sorte de place du village, éphémère et démontable. “Les installations pourraient ainsi être retirées lorsque la mairie souhaitera aménager les lieux”, explique Timothée Schulze.

Pour améliorer la qualité de vie au sein du quartier prioritaire de la ville (QPV), les riverains se retroussent les manches. “L’été, nous ramenons des chaises Decathlon et des gâteaux tous les jours, raconte Fatma Inal. On va sur le terrain ou dans l’herbe, pour passer du temps ensemble et se divertir quelque peu.” La fête des voisins et la Saint-Sylvestre sont d’autres occasions d’animer Herrade.

 

 © Stacy Petit et Julia Toussaint

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© Benjamin Martinez

“Balance !” : Quand les jeunes font la loi

“Quand il commence à faire noir, nuit, je ne sors pas", confesse Nefise Bezmem. Employée dans une société de nettoyage, la trentenaire s’inquiète pour ses trois enfants: "Il y a des jeunes qui font des bêtises.”

 

Squats de caves et greniers, détériorations de boîtes aux lettres, dégradations de poubelles. Les locataires du triangle Herrade craignent le comportement de certains adolescents. Âgés de 13 à 18 ans, ils vivent ici ou viennent de l’extérieur. “Tous les jours il y a des courses-poursuites à moto, des bagarres. Et puis, ça deale”, indique Fatma Inal, une locataire originaire du secteur.

 

Lors d’une réunion de quartier, le 18 octobre dernier, Anne-Valérie Demenus a répété que les habitants ont la responsabilité de dénoncer ces actes. “Il faut appeler le 17 pour faire remonter les problèmes auprès des forces de l’ordre”, a encouragé la directrice de projet QPV à Koenigshoffen-Est. Un numéro que les résidents composent peu, par peur de représailles. Sur certains murs des bâtiments, l’expression ‘balance’ est taguée. Une insulte que les jeunes utilisent pour persécuter ceux qui contactent la police.

 

“Il faut aussi se réapproprier les lieux”, insiste Anne-Valérie Demenus. De jour comme de nuit, le terrain bétonné situé entre le 26 et le 30 est occupé par des adolescents. Réunis en petits groupes, le regard balayant l’allée des Comtes, ils semblent garder l’entrée de la cité Herrade. “Organisez des manifestations positives, conseille la salariée de l’Eurométropole, comme des rencontres et des repas.”

 

Si certains habitants réclament des caméras de vidéosurveillance, Fatma Inal tempère : “Ces jeunes sont protecteurs. C’est étrange, mais quand je les vois, je suis rassurée.”

Dans la famille Foulouh, Amal fait figure d’exception. A 20 ans, la jeune étudiante, en service civique dans une école, veut tenter sa chance ailleurs, en frappant à la porte de la capitale. "J’aime pas tellement l’ambiance de ce quartier. J’ai connu que ça, maintenant je veux voir autre chose." Un sujet, maintes fois abordé lors des réunions familiales, qui ne manque pas d’émouvoir Louisa. A l’autre bout de la table, sa petite-fille la rassure : "Vous viendrez me voir j’espère. On est une tribu !"

 

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L'humidité grignote les murs des appartements. © Clara Guichon

 

Esprit de famille au Hohberg

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