En 1992, les normes hygiéniques des abattoirs sont durcies pour l'ensemble des pays de l'Union européenne. Le site ferme en 1996. Pour des questions d'hygiène et d'odeur, de nouveaux abattoirs ouvrent à Holtzheim, à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg. À Cronenbourg, la démolition des abattoirs débute en 1997 et laisse place au géant Suédois Ikea. S'achève alors une époque où ''Cronenbourg était réservé aux gens qui travaillaient avec les abattoirs'' comme se rappelle Claude Vix, dont le père a ouvert le premier restaurant L'Abattoir en 1969.
Quentin Griebel et Valentin Naturel
Au 49 route de Mittelhausbergen s’ouvrait le chemin Burger. Une impasse dénommée d'après un ancien propriétaire de l’épicerie Burger. Les bâtisses sont presques inchangées mais des panneaux publicitaires et l’éclairage public ont fait leur apparition. © Le fonds Georges Lorentz © Lucas Jacque
Zumba et futsal réservés aux femmes
Ankiati, la trentaine, a toujours vécu à Cronenbourg. Elle se rend tous les mardis soir à 18h30 au CSC Victor-Schoelcher, comme une dizaine de femmes, pour danser la zumba. La particularité de ce cours est d'être interdit aux hommes. Cécilia Corosine, la professeure, ne le dispense que depuis cette année, mais aimerait accueillir encore plus de participantes. Musique latino, hip-hop et électro : pendant une heure, les femmes se défoulent sur des rythmes entraînants. Dans une synchronisation encore approximative, elles enchaînent les pas de danse chorégraphiés.
Trois jours plus tard, c’est au pas de course qu’Ankiati traverse le terrain du gymnase Langevin. Avec sa fille Imen, 13 ans, elle rejoint une dizaine de filles et de femmes le vendredi à 19h pour jouer au futsal. L’activité existe depuis une dizaine d’années mais elle n’était pratiquée que par des hommes. Il y a cinq ans l’association a décidé d’ouvrir un créneau aux femmes, après celui des filles de moins de douze ans. Deux animateurs de l’association encadrent le groupe : Hyppolite sur le terrain et Arayik en tant qu’arbitre. À cinq contre cinq, les joueuses s’affrontent une heure durant dans une ambiance chaleureuse et bruyante. Un joyeux désordre où l’essentiel n’est pas la gagne.
Juliette Fumey
Le jour de l'inauguration officielle des abattoirs en 1969, un maître boucher-charcutier sert, sur un plateau, une tête de porc pour dénoncer les difficultés de fonctionnement de certains services. Les pannes récurrentes et la mauvaise conception des installations causent la dépréciation de la valeur de la viande et l'invendabilité des abats. La production chute dans les années 1980.
Au N°26A route d’Oberhausbergen, on pouvait voir dans les années 1920 une maison avec de beaux balcons. La maison, toujours habitée, a gardé ses fenêtres et balcons mais les colombages ont disparu. © Le fonds Georges Lorentz © Lucas Jacque
Du cinéma Le Central à la discothèque Le Baron : l’histoire d’un lieu
“Je me rappelle avoir vu mon premier film en couleur là-bas, c’était Les Dix commandements ! Pour nous, c’était vraiment important d’avoir le cinéma dans le quartier”, se souvient Francine Pucker, 82 ans, qui réside à Cronenbourg depuis son enfance. Un arrêté préfectoral datant du 11 décembre 1936 atteste de l’autorisation d’installer un établissement cinématographique au 37 route de Mittelhausbergen : Le Central. Après une fermeture temporaire pendant la guerre, le lieu rouvre dans les années 50. Mais en juin 1969, une lettre adressée à la police du bâtiment de la Ville inaugure un nouveau chapitre : “Étant donné la crise actuelle du cinéma, qui n’est plus rentable, nous envisageons de transformer cette salle en dancing-cinéma.” La projection de films s’arrête au bout de quelques années au profit du dancefloor : Le Central-club 2001 d’abord, puis La Caverne, Le Silex, Le Calipso et enfin Le Baron. “Au début ça ne marchait pas mais c’était le temps de se faire connaître. Après ça fonctionnait très bien mais c’était harassant. Il fallait contrôler et surveiller, il y avait beaucoup de drogue à l’époque”, se remémore Françoise Martz, 72 ans. Nostalgique, elle a été la gérante du Silex de 1976 à 1979, avant de vendre l’établissement. Depuis 2004, plus aucune musique ne résonne à l’intérieur des murs décrépis. Accrochée à la façade, seule l’enseigne “Baron club VIP” rappelle la frénésie des nuits cronenbourgeoises.