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 © Géraud Bouvrot © Nils Sabin

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Après France Télécom, désormais lotissement Quartz, la brasserie Fischer est la deuxième friche donnant directement sur la route de Bischwiller à être rénovée © Nils Sabin

Cerf Berr, acteur majeur de l’émancipation des juifs de France (1726-1793)

Cerf Berr, plus connu sous le nom de Hirtz de Bischheim, est général de la nation juive d'Alsace de 1764 à 1788. Sa richesse et son influence auprès du gouvernement français contribuent à promouvoir le bien-être matériel et spirituel de ses coreligionnaires. Il a eu une place majeure dans la reconnaissance des juifs de Bischheim : “Ils étaient appelés par leurs prénoms. C’est Cerf Berr, après la Révolution, qui est intervenu auprès de Napoléon pour que les noms apparaissent”, raconte Jean-Michel Lehmann, amateur d’histoire locale. Également fournisseur de fourrage pour les armées royales, Cerf Berr crée en 1786 une fondation ayant pour objectifs de financer la yeshiva de Bischheim, les dots de jeunes filles pauvres, ainsi qu’une caisse de charité. 

 

David Sintzheim, premier grand rabbin de France (1745-1812) 

La salle principale du Musée juif porte son nom. David Sintzheim arrive en 1785 à la tête de la yeshiva, le centre d’étude des textes sacrés du judaïsme à Bischheim. Représentant des juifs d’Alsace lors des États généraux de 1789, il est nommé président du Grand Sanhédrin, la cour suprême juive, créée par Napoléon Ier en 1806. Deux ans plus tard, David Sintzheim est investi comme premier grand rabbin de France : il devient la personnalité la plus importante de la communauté juive française. Il consacre une partie de sa vie à l’écriture d’un ouvrage sur les enseignements des Sages sur le Talmud, intitulé Yad David. Il décède en 1812 à Paris et repose au Père-Lachaise. 

 

Isaac Baer, figure emblématique du rabbinat alsacien du XIXe siècle (1808-1881)

Isaac Baer, également nommé Reb Itzig de Bische, fut rabbin de Bischheim pendant 44 années, de 1837 jusqu’à sa mort. Le 24 août 1838, il inaugure la synagogue de Bischheim et l’école primaire israélite où il enseigne. Il diffuse sa pensée à de nombreux élèves qui deviendront des rabbins en France ou en Allemagne, parmi lesquels Zadoc Kahn, grand rabbin de France. Sa mort a une répercussion bien au-delà de la communauté juive d’Alsace. Inhumé dans le cimetière juif de Bischheim, sa tombe est répertoriée sous le numéro 648, au rang 12.

 

Émile Waldteufel, le Bischheimois qui fit valser le monde (1837-1915)

Émile Waldteufel, éminent compositeur, est le descendant de musiciens nomades originaires de Bischheim. À 22 ans, il compose sa première valse Joies et peines. En 1865, il devient directeur de la musique de danse de la cour impériale de Napoléon III et pianiste attitré de l’impératrice Eugénie. Chef des bals à l’Élysée, organisateur des grands bals de Buckingham Palace, puis chef des grands bals de l’Opéra de Paris, il laisse derrière lui plus de 293 suites de valses. Sa baguette de chef d’orchestre est exposée au Musée juif de Bischheim.

Claire Blondiaux, Séverine Floch et Laura Remoué

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 © Adrien Fuzellier et Lorela Prifti

“J’ai envie de croire que Schiltigheim peut relancer son activité brassicole”

Schiltigheim se retrouve aujourd’hui au milieu du gué. Arrivera-t-elle à tirer profit de son passé brassicole afin de susciter un nouvel intérêt pour ce secteur ? 

L’actuelle municipalité fonde ses espoirs sur un projet en particulier. Elle souhaiterait remettre l’identité brassicole au cœur de la réhabilitation du site Schutzenberger. La mairie y voit l’opportunité de conserver la brasserie pour en faire un porte-étendard de son patrimoine historique, et, à terme, la possibilité d’y créer une micro-brasserie susceptible d’attirer le tourisme. Cependant, les élus se heurtent pour l’instant à l’opposition du principal actionnaire de la brasserie, Denis Oussadon.

“Monsieur Oussadon avait de bonnes volontés mais surtout l’idée de construire des logements pour faire des bénéfices dessus”, note le premier adjoint Patrick Maciejewski. Les ambitions affichées par la ville ne suffisent pas à convaincre Patrick Gauger : “Il y aura des logements, un hôtel probablement, cet investisseur ne veut pas créer une nouvelle brasserie. J’ai envie de croire que Schiltigheim peut relancer son activité brassicole grâce à la bière artisanale, sauf que la réalité est tout autre, les investissements prioritaires n’iront pas dans le secteur brassicole.”

Emilien Hertement et Mathilde Iehl

 

Pas de barrière de la langue

Khaldi, Okkés et Abdélatif viennent d’Algérie, de Turquie et de Syrie. Ils ont quitté leur pays pour diverses raisons : se marier, fuir le système politique ou échapper à Daesh. Arrivés dans les années 90 ou plus récemment, aucun d’entre eux ne savait parler français. Malgré les difficultés d’intégration, ils n’ont pas eu de problème pour trouver du travail. Rapidement, ils ont été embauchés en tant qu'ouvriers sur des chantiers dans le Bas-Rhin. Il y a une vingtaine d'années, lors de son recrutement comme salarié chez Eiffage, Khaldi raconte qu’un chef de chantier lui a dit : “Toi, tu ne connais pas le français, mais tu connais ton travail. Le français, ça viendra plus tard.” Aujourd’hui, ce maçon de 55 ans aux yeux pétillants est fier de son parcours et de la valeur du travail qu’il a transmise à ses enfants. Les trois hommes ont suivi quelques cours de français, mais c’est en travaillant qu’ils ont le plus vite appris la langue.

À Hoenheim, l'écoquartier l'Île-aux-Jardins porte bien son nom. Au pied des résidences, les habitants cultivent légumes et relations de voisinage.

Une grosse courge butternut, des carottes, des poireaux et du persil : Mélissa vient de faire sa dernière récolte de l’année, un après-midi de la fin octobre, en contrebas de la résidence Calliandre de l’Île-aux-Jardins à Hoenheim. “Les jardins m’ont permis de rencontrer mes voisins de parcelle et de parler avec eux. Je ne les aurais peut-être jamais connus autrement”, raconte l’aide-soignante de 30 ans, installée dans cet écoquartier depuis un an. Elle apprécie l’esprit d’entraide qui y règne : “Ils me demandent d’arroser et de récolter leurs légumes quand ils sont en vacances. Je sais qu’ils le feront si je pars aussi.” 

Quelques parcelles plus loin, derrière la palissade en bois qui entoure les espaces de culture, Sylviane, une retraitée de 73 ans, désherbe son jardin où elle fait pousser tomates, courges, blettes, romarin et persil. Elle a également cultivé des pensées jaunes et violettes qui ont été mises dans un grand pot gris et placées devant son immeuble en guise de décoration. 

Pour elle, le jardinage a une vraie fonction sociale dans le quartier. “L’esprit jardin c’est le partage de méthodes, de graines, d’outils…”, résume-t-elle. Lorsque les pompes à bras ont cessé de fonctionner il y a quelques mois à cause d’une panne, le jeune couple qui cultive à côté d’elle lui a apporté de l’eau dans des bouteilles pour qu’elle n’ait pas à trop se déplacer.

Camille Bluteau et Julie Brault

Entre voisins à l'Île-aux-Jardins

13 novembre 2020

Entre voisins à l'Île-aux-Jardins

À Hoenheim, l'écoquartier l'Île-aux-Jardins porte bien son nom. Aux pieds des résidences,  les habitants cultivent légumes et relations de voisinage.

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