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À Hoenheim, l'écoquartier l'Île-aux-Jardins porte bien son nom. Au pied des résidences, les habitants cultivent légumes et relations de voisinage.

Une grosse courge butternut, des carottes, des poireaux et du persil : Mélissa vient de faire sa dernière récolte de l’année, un après-midi de la fin octobre, en contrebas de la résidence Calliandre de l’Île-aux-Jardins à Hoenheim. “Les jardins m’ont permis de rencontrer mes voisins de parcelle et de parler avec eux. Je ne les aurais peut-être jamais connus autrement”, raconte l’aide-soignante de 30 ans, installée dans cet écoquartier depuis un an. Elle apprécie l’esprit d’entraide qui y règne : “Ils me demandent d’arroser et de récolter leurs légumes quand ils sont en vacances. Je sais qu’ils le feront si je pars aussi.” 

Quelques parcelles plus loin, derrière la palissade en bois qui entoure les espaces de culture, Sylviane, une retraitée de 73 ans, désherbe son jardin où elle fait pousser tomates, courges, blettes, romarin et persil. Elle a également cultivé des pensées jaunes et violettes qui ont été mises dans un grand pot gris et placées devant son immeuble en guise de décoration. 

Pour elle, le jardinage a une vraie fonction sociale dans le quartier. “L’esprit jardin c’est le partage de méthodes, de graines, d’outils…”, résume-t-elle. Lorsque les pompes à bras ont cessé de fonctionner il y a quelques mois à cause d’une panne, le jeune couple qui cultive à côté d’elle lui a apporté de l’eau dans des bouteilles pour qu’elle n’ait pas à trop se déplacer.

Un lien intergénérationnel

Les jardins résonnent aussi des jeux des enfants des résidences les mercredis après-midi, qui s’amusent seuls entre les allées. “Un jour, certains m’ont demandé comment on s’occupait d’un jardin. Je leur ai donc appris à arroser les plantes, à ne pas mettre de l’eau sur les feuilles quand il y a trop de soleil”, relate Sylviane.

Les lots, d’une dizaine de mètres carrés, sont tous occupés, sauf ceux au pied des Patios d’or, une résidence réservée à des personnes âgées valides, située à la sortie du quartier en face de la gare routière. Dans cet espace, seuls trois parcelles ne sont pas envahies par les herbes folles. “Les habitants n’ont plus envie de s’occuper de jardins, soit pour des raisons physiques soit parce que ça demande du temps et qu’ils veulent le consacrer à autre chose”, observe Marcel Bruhn, président du conseil syndical de la résidence Amarante. Depuis, des idées de construction de terrain de pétanque ou d’espace vert ont été évoquées, sans aboutir pour l’instant.

Emma Barraux et Cindel Duquesnois

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Après des mois de patience, Mélissa récolte enfin les fruits de son travail. © Emma Barraux

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