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Pas de barrière de la langue
Khaldi, Okkés et Abdélatif viennent d’Algérie, de Turquie et de Syrie. Ils ont quitté leur pays pour diverses raisons : se marier, fuir le système politique ou échapper à Daesh. Arrivés dans les années 90 ou plus récemment, aucun d’entre eux ne savait parler français. Malgré les difficultés d’intégration, ils n’ont pas eu de problème pour trouver du travail. Rapidement, ils ont été embauchés en tant qu'ouvriers sur des chantiers dans le Bas-Rhin. Il y a une vingtaine d'années, lors de son recrutement comme salarié chez Eiffage, Khaldi raconte qu’un chef de chantier lui a dit : “Toi, tu ne connais pas le français, mais tu connais ton travail. Le français, ça viendra plus tard.” Aujourd’hui, ce maçon de 55 ans aux yeux pétillants est fier de son parcours et de la valeur du travail qu’il a transmise à ses enfants. Les trois hommes ont suivi quelques cours de français, mais c’est en travaillant qu’ils ont le plus vite appris la langue.
Dans le Vieux Schilick, réinventer l'esprit village

13 novembre 2020

Dans le Vieux Schilick, réinventer l'esprit village

Troisième ville du Bas-Rhin en population, Schiltigheim arbore par un centre historique relativement préservé. Certains habitants s’astreignent à faire vivre le quartier tandis que d’autres ...

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Le malt utilisé dans le processus de fabrication est français et provient de la malterie Soufflet. © Mathilde Iehl

Les deux extrémités de la route de Bischwiller, à Schiltigheim et à Hoenheim, accueillent des jardins familiaux. Mais les citoyens des trois communes sont aussi régulièrement conviés à jardiner dans l’espace public. Depuis deux ans, la municipalité de Schiltigheim propose des conventions de végétalisation qui permettent aux particuliers et aux associations de planter et d’entretenir une parcelle sur la voirie. 

Signe des temps, la création d’une forêt urbaine et la plantation d’arbres arrivent en tête des préoccupations citoyennes au budget participatif 2020 à Schiltigheim, remportant chacune une enveloppe municipale de 30 000 euros. La maire Danielle Dambach s’en réjouit : “Si avec ça on n’a pas compris, c’est qu’on est sourd !”

Les habitants au coeur du projet

Elles collaborent aussi pour la restauration de la Trame verte et bleue sur leurs territoires, en partenariat avec Alsace Nature et l’agence de l’eau Rhin-Meuse. “L’objectif est de recréer des corridors écologiques pour lutter contre la fragmentation des milieux naturels et ramener de la nature en ville”, explique Delphine Lacuisse, chargée de mission pour Alsace Nature. La restauration de la biodiversité repose sur les projets proposés par les communes, comme la haie libre d’un kilomètre que la ville d’Hoenheim va planter rue de la Fontaine.

L’objectif de la végétalisation n’est pas simplement de planter en quantité, mais de créer des écosystèmes favorisant la biodiversité, avec des essences locales. Ainsi, dans le parc de la Résistance déjà arboré à Schiltigheim, les futurs projets consistent à “travailler sur des strates”, explique Danielle Dambach. “Les arbres à haute tige sont là, mais nous voulons aussi des strates moyennes avec des buissons, des haies, et des strates végétales basses que sont les fameux jardins partagés.”  

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Laurent Caillard, responsable de production de la brasserie Storig, devant les trois cuves de brassage. © Mathilde Iehl

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Aurélie Lescoute habite depuis vingt ans à Schiltigheim où elle est très investie. ©  Pierre Frasiak

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© Hadrien Hubert

Pour l’instant, sur le chantier de la maison du Dinghof, rue d’Adelshoffen, c’est le projet de construction immobilière qui l’a emporté sur l’installation d’un verger communal promis aux habitants, dont la surface devrait considérablement rétrécir.

A la poursuite du diamant vert

Selon le plan local d’urbanisme (PLU) intercommunal de l’Eurométropole, les nouvelles constructions doivent intégrer 10 à 40 % d’espace végétal. Un pourcentage qui varie en fonction de leur emplacement : zone urbaine, à urbaniser, agricole, naturelle.

Après négociations entre la municipalité et Cogedim, le promoteur, en 2018, le site Fischer comprendra finalement 40 % d’espaces verts, dont des jardins, des toitures végétalisées et un potager partagé. Pour Danielle Dambach, les surfaces en pleine terre et sur les logements sont complémentaires : “Les toitures végétalisées sont importantes parce que ça permet de rafraîchir le bâtiment et d'absorber les eaux de pluie.”

Par le biais du PLU, les municipalités peuvent également inscrire des parcelles privées comme les Espaces plantés à créer ou à conserver (EPCC). Le long de la route de Bischwiller, on compte trois EPCC à Hoenheim, quatre à Bischheim et douze à Schiltigheim. Ce sont des parcs ou des ensembles de jardins de particuliers que les élus proposent d'inscrire au plan pour qu’aucune construction ne vienne les remplacer à l'avenir. Ce frein à la bétonisation n'est pas sans conséquence sur la valeur des biens, mais pour la maire schilikoise  “c'est l'intérêt général qui doit primer”. 

La route de Bischwiller, cet axe privilégié du trafic automobile, ne laisse que de rares interstices aux végétaux. À Hoenheim, seuls quelques tilleuls ont été plantés aux abords de l'église Saint-Joseph et il suffit de s'éloigner de quelques mètres pour qu'ils disparaissent du paysage, au profit du goudron.

Pavé sur toute sa longueur, le parc Wodli, à Bischheim, ressemble plus à une place qu’à un espace vert. Mais les trois municipalités semblent faire des efforts dans ce sens : 1 000 arbres annoncés à Schiltigheim durant le mandat en cours, 100 nouveaux installés l’hiver dernier à Hoenheim et deux plantés pour un abattu à Bischheim et à Schiltigheim.

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