Arrivée de constructions modernes
Depuis la démolition de “la Bleich”, les chantiers se sont succédé. Deux immeubles de deux étages sont sortis de terre rue Fischacker. Un nouveau projet de 76 logements sociaux et d’accession à la propriété dans la même rue laisse certains habitants perplexes. Bruno, père de famille, déplore la dénaturation du charme champêtre de la cité: “C’est dommage. C’était un peu une perle cachée ici.” D’autant plus que la proximité immédiate des chalets historiques avec des habitats sociaux peut faire chuter les prix à 2800 euros le mètre carré, contre un prix moyen de 3500 euros dans la cité, d’après Brice Boudra. Un parent d’élève exprime aussi ses inquiétudes quant à l’avenir des terrains municipaux en face de l’école: “Je suis venu ici pour le charme et le calme de la cité, mais rien ne me dit qu’il n’y aura pas d’immeubles dans quatre-cinq ans devant chez moi.”
Aucune plaque ni enseigne ne distingue la maison du 77, rue Mélanie de ses voisines. Ce n’est qu’une fois les escaliers menant vers le sous-sol descendus que le pavillon familial révèle un cabinet de naturopathie. Parquet, lambris jusqu’au plafond et cageots de bois faisant office d’étagères, la salle de soins évoque un chalet où trône une table de massage. Sous une lumière tamisée, deux fauteuils rouges capitonnés se font face au fond de la pièce: c’est confortablement assis que débutent toutes les séances.
Du côté des associations pour jeunes, la réponse à la question des drogues dans la cité est plus nuancée. Un éducateur confie que la situation de la Cité de l’Ill n’est pas pire qu’ailleurs. Selon lui, les consommateurs qui achètent des stupéfiants ne résident pas forcément dans le quartier. En matière de lutte contre les addictions, le docteur Pierre Tryleski était convaincu qu’il fallait proposer des soins spécifiques à la Cité de l’Ill.
En 1988, lorsqu’il s’installe dans le quartier, il prend cet enjeu à bras le corps. Il participe à la création de la microstructure. “On s’est dit que, pour un patient qui a des problèmes d’addiction, il y a bien un accompagnement médical à faire mais aussi psychologique et social”, précise-t-il. En 2014, lorsque la Maison de santé de la Cité de l’Ill voit le jour à son initiative, elle propose un accompagnement par des professionnels spécialisés dans la prévention et le traitement des addictions. Aujourd’hui encore, psychologues, infirmiers, médecins ou travailleurs sociaux se retrouvent au même endroit pour aider ceux qui ont décidé de remédier à leur dépendance.
L’inégale répartition de l’offre de santé libérale à la Robertsau