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Rachat des parts d’héritage à la fratrie, soumission aux tarifs des grossistes et flambée des prix du foncier ont eu raison de dizaines d’exploitations après la Seconde Guerre mondiale. Dans La Robertsau, côté village, Bernard Irrmann l’assure: “Planter des légumes sur des terrains de cette valeur relève quasiment de l'héroïsme", quand il serait si rentable de les vendre. Si l’on peut encore savourer quelques poireaux du terroir, impossible en revanche d’acheter une tulipe ou un dahlia robertsauviens chez les nombreux fleuristes du quartier. Une situation que regrette Marie Leleu, gérante de la boutique Au gré du vent: “On adorerait faire plus de local, d’autant qu’il y a de plus en plus de demande.”

Lisa Ducazaux et Louise Llavori

Cette fidélité n’empêche pas Jean-Pierre Andrès d’être pessimiste: “Le métier est beau, mais pour les petits producteurs, il n’y a pas de futur. On n’est pas soutenus.” Il déplore la mauvaise répartition des aides agricoles: “Le mec qui a 500 hectares de maïs, on lui donne un tracteur par an s’il le faut.” Au point qu’il se dit soulagé qu’aucun de ses enfants ne prenne sa relève. 

À l'intérieur, Laurence, en grande discussion avec Isabelle à la caisse, termine de ranger navets et poivrons dans son sac. Si elle vient chez Andrès, c’est aussi pour “encourager les maraîchers qui fournissent ce travail à continuer”.

Isalia Stieffatre et Dorian Mao

En mars dernier, ils ont agrandi leur espace de vente directe. L’ancienne cabane de 20 m² a cédé sa place à une nouvelle boutique de 60 m². À l’intérieur, Zoé, la vingtaine, évolue entre les rayons un sac de randonnée sur le dos. “Avec mon copain, on a quasiment arrêté d’aller au supermarché pour acheter des légumes”, confie-t-elle, en soulignant la bonne qualité des produits. “Ils sont moins chers que dans des enseignes comme Naturalia”. 

D’après Laetitia, le bio est “un point central” pour des clients “toujours plus exigeants” quant à la qualité et l’origine des produits. “On sait d’où vient ce qu’on mange”, affirme une habituée originaire de la Robertsau, avec de quoi faire une fondue de poireaux dans son panier.

Dans le quartier de Strasbourg le plus fourni en jardins familiaux, Céline et Ednalva perpétuent la tradition de faire pousser leurs légumes.

À la Robertsau, le patrimoine maraîcher subsiste grâce à deux exploitations: Le Jardin de Marthe et celle de Jean-Pierre Andrès.

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Ednalva passe beaucoup de temps dans son jardin pour l'entretenir. ©Dorian Mao

Classée réserve naturelle l'an dernier, la forêt de la Robertsau a encore du chemin à faire pour redevenir l'écosystème qu'elle a été. L'Eurométropole entend réinonder la zone afin de préserver son caractère alluvial. 

Les travaux de canalisation du Rhin menés aux XIXe et XXe siècle ont en effet isolé du fleuve certains bras, les privant de leur apport hydrique naturel. Actuellement, la forêt de la Robertsau ne dispose plus que d’une seule entrée d’eau provenant du canal. Mais l’Eurométropole pilote une étude de faisabilité pour la réalisation de nouveaux ouvrages de prises d’eau sur le Rhin. L’injection d’un débit suffisant permettrait de reconnecter les différents cours entre eux. Le but est ensuite similaire à celui du projet LIFE+ opéré sur l’île du Rohrschollen entre 2010 et 2015. L’aménagement d’une prise d’eau et le creusement d’un chenal avaient permis de rétablir un régime de crues basé sur le rythme hydrologique du Rhin. Six à huit fois par an, la vanne s’ouvre et garantit en moyenne cinquante jours de submersion.

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Le triton crêté se reproduit dans la mare de Bussière de mars à juillet. Le reste du temps, il vit à proximité de milieux humides. ©Frédéric Petitpretz

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Localisation des différents jardins dans le quartier de la Robertsau. ©Isalia Stieffatre et Dorian Mao

 

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