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Nous rejetons aussi des substances polluantes à travers nos urines et nos excréments. © Flickr/Stephane333

Il y a trois grands clubs de patinage en Alsace : Strasbourg, Mulhouse et Colmar.  Photo Benjamin Martinez / Cuej

Mathieu Cahn a annoncé qu’il renonçait à porter la liste PS aux municipales à Strasbourg. Il cède sa place à Catherine Trautmann, sa numéro 2 et ancienne maire de la ville.

Mathieu Cahn a annoncé céder sa place à la tête de la liste PS à Catherine Trautmann durant une conférence de presse, mercredi 5 février. Photo : Nicolas Arzur / Cuej

Après une première étude sur les pesticides en 2017, l'Association pour la protection de la nappe phréatique de la plaine d'Alsace (Aprona) s'attaque aux micropolluants organiques de synthèse. Ces substances, présentes à de très faibles concentrations dans l'eau, sont mal connues. Pourtant, l'étude de Ermes (Evaluation de la ressource et monitoring des eaux souterraines) le montre : elles sont présentes partout. Explications de Baptiste Rey, chargé d'étude à l'Aprona et co-responsable du projet Ermes.

Après les pesticides, pourquoi s'intéresser aux micropolluants ?

Parce que, comme les pesticides, elles restent durablement dans l'environnement et peuvent dégrader les milieux aquatiques – ou même avoir un impact sanitaire. Ces substances, plutôt d'origine urbaine (domestique et industrielle), sont  présentes à de très faibles concentrations dans l'eau – souvent en-dessous d'un microgramme par litre. Mais elles sont moins facilement détectables que les pesticides, auxquels nous nous étions intéressés dans notre précédente étude [publiée fin 2017 cf site Aprona ndlr]. Les progrès réalisés par les laboratoires permettent désormais de s'y intéresser.

Comment avez-vous procédé ?

Nous nous sommes concentrés sur les molécules les plus utilisées en Alsace. Nous en avons sélectionné 400 – sur les quelques 100 000 substances commercialisées à l'échelle de l'Union européenne. Ce sont, par exemple, les composés perfluorés, utilisés dans les emballages ou le textile, mais aussi les substances pharmaceutiques, que l'organisme n'a pas entièrement capté et qui sont rejetés dans les urines ou les excréments. Ainsi, la carbamazépine, utilisée dans des médicaments anti-épileptiques, est particulièrement soluble et résistante. C'est le résidu médicamenteux qu'on retrouve le plus dans les eaux usées.

Si ces substances sont présentes en très petites quantités dans l'eau, en quoi posent-elles problème ?

D'abord, elles peuvent être toxiques, même à faibles doses. Mais il est difficile d'établir si oui ou non la concentration de micropolluants dans l'eau est préoccupante car leurs effets ne sont pas encore bien connus ni analysés. Par ailleurs, nous disposons de très peu de données d'études sur de possibles effets cockails. Une fois ensemble, certains composés peuvent s'avérer plus ou moins toxiques. Une question émerge de notre étude : comment évaluer la dangerosité potentielle de l'eau ? Nous retrouvons des substances polluantes jusque dans les eaux souterraines et les nappes phréatiques. Cela doit au moins donner lieu à des interrogations.

Concrètement, qu'attendez-vous de cette étude ?

Avec cette étude, nous avons cherché à pointer du doigt le problème de la qualité des eaux souterraines pour sensibiliser les élus et les acteurs de l'eau. Mais le rôle de l'Aprona n'est pas de décréter que telle molécule est dangereuse. Ce travail revient à l'Etat via notamment la Direction générale de la santé qui peut saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) pour établir si possible des seuils réglementaires. A partir de là, les puissances publiques peuvent mener une campagne pour limiter le rejet de ces micropolluants dans l'environnement, en impulsant par exemple un changement de pratiques. Elles peuvent aussi réglementer l'usage de telles substances ou tout bonnement en interdire certaines. Il faudrait peut-être aussi remettre aux normes les stations d'épuration : conçues avant tout pour traiter les gros déchets organiques, elles ne sont pas efficaces pour retenir les micropolluants.

Propos recueillis par Nicolas Massol 

Comme tous les mardis soirs à la patinoire l’Iceberg de Strasbourg, Patricia Odet-Rodriguez entraîne les enfants de la section « loisir ». Sous le regard des parents, situés derrière une grande vitrine, tout le monde quitte la glace à 20h. Une fin de journée qui paraît normale. Mais depuis une semaine, l’entraîneure ne peut cacher son émotion face au récent scandale de violences sexuelles qui éclabousse son sport. 

« Il y a toujours eu des rumeurs dans notre milieu, des "radio-patinage", comme on les appelle, mais quand ça sort comme ça, c’est choquant », confie la responsable technique du Club de patinage artistique de Strasbourg (CSGSA). Au club depuis vingt-quatre ans, l’ancienne patineuse ne semble pourtant pas étonnée par la nouvelle. « Il n’y a aucun contrôle sur les entraîneurs, alarme-t-elle. Certains parents sont attentifs, mais d’autres ont une confiance aveugle parce qu’ils veulent à tout prix que leur enfant soit champion du monde. »

« Désormais il ne faut plus se taire » 

Pris dans la tourmente, le monde du patinage voit flou et assiste, comme tout le monde, au bras de fer entre la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, et le président de la Fédération des sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet. Comme Valérie Reininger, présidente du club de patinage artistique de Strasbourg, beaucoup sont dans l’attente de réponses. « Je ne souhaite pas communiquer tant que je ne sais pas quelles seront les conséquences pour nous », explique-t-elle. 

Seule certitude, le ministère des Sports a ordonné aux préfectures d’auditer les clubs de leur région afin de détecter tout autres éventuels cas de violences sexuelles. « On va apprendre des choses », assure Patricia Odet-Rodriguez, qui n’a pas plus attendu pour prévenir ses danseuses. « Vendredi dernier [31 janvier], je leur ai dit d’être attentives, de ne pas laisser faire n’importe quoi et surtout de ne pas garder sous silence certains comportements, raconte-t-elle. Les gens ont toujours eu peur, désormais il ne faut plus se taire. »

Une enquête en cours à Mulhouse

En juillet 2019, une ancienne patineuse de haut niveau, avocate au barreau de Strasbourg, a déposé plainte auprès de la procureure de la République de Mulhouse contre l’Association sportive de patinage artistique (Aspa) de Mulhouse. Membre de la Ligue Grand Est des sports de glace et juge de patinage artistique, elle dénonce les interventions d’un ancien patineur professionnel, compagnon d’une entraîneure, auprès des jeunes du club mulhousien alors même qu’il est inscrit sur la liste des délinquants sexuels aux États-Unis. 

L’homme a été condamné et banni de la ligue de patinage américaine en 2011, pour avoir filmé une patineuse âgée de 12 ans prenant sa douche dans sa maison. Il aurait également fait l’objet de plusieurs plaintes de la part de mineurs pour agressions sexuelles. 

Entendue par le commissariat de police de Strasbourg en septembre 2019, la plaignante est depuis sans nouvelle de la justice. Dans un article des DNA paru le 5 février 2020, l’ancienne présidente de l’Aspa, Evelyne Stoessel, a affirmé que l’homme mis en cause « n’a jamais été employé, ni même bénévole ». L’enquête est toujours en cours.   

Benjamin Martinez

Les récents témoignages de viols et d’agressions sexuelles d’anciennes sportives de haut niveau suscitent l’émoi dans le monde du patinage alsacien.

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