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Les députés européens font bloc face à une proposition de budget bien en dessous de leurs attentes. À une semaine d’un Conseil européen extraordinaire, réunissant les 27 chefs d’État et de gouvernement à Bruxelles, les eurodéputés ont débattu mercredi 12 février, du futur cadre financier pluriannuel (CFP), entre 2021-2027.
Pour combler le manque à gagner de 75 milliards d’euros laissé par le Royaume-Uni après le Brexit pour les sept prochaines années, le Parlement souhaite doter l'Union européenne de nouvelles ressources propres, indépendantes des contributions versées par les Etats. S’ils sont unis sur cette réforme, les eurodéputés ont bien du mal à s’accorder sur la répartition des dépenses. L’enjeu est de financer les nouvelles priorités, comme le Green Deal, ou Pacte vert européen, fixant l’objectif d’une neutralité carbone d’ici 2050, sans pour autant réduire les fonds alloués aux autres politiques.
La Commission et le Conseil sont venus, ce mercredi 12 février, défendre le budget à long terme de l’Union européenne face aux parlementaires. Au cœur des discussions : le financement du Pacte vert européen, et une réforme des ressources budgétaires.
Après l'affaire des "Luanda Leaks", le Parlement européen attend plus d’efficacité dans les règles de lutte anti-fraude au sein de l'Union.
"J'ai une mauvaise impression, on s'habitue à ces scandales fiscaux." Sven Giegold, eurodéputé allemand des Verts, ne décolère pas. Mercredi 12 février, les parlementaires ont exprimé leur volonté de lutter contre le blanchiment d'argent, souhaitant que leur parole soit suivie de faits.
Ce débat fait suite aux Luanda Leaks. Cette enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui rassemble 36 médias internationaux, a révélé en janvier 2020 comment Isabel dos Santos, la fille de l'ex-président angolais, a mis en place un réseau de sociétés offshore. En tout, un milliard d’euros de fonds publics issus d’entreprises angolaises ont été détournés. Exploitant des défauts de régulation à l’échelle européenne, la femme d’affaires a pu réaliser des montages financiers pour mener à bien son entreprise. Pourtant, le Parlement avait déjà alerté l'Union sur son manque de moyens face aux fraudes fiscales lors des Lux Leaks en 2014 et des Football Leaks en 2016.
"Nous avons un problème d’État de droit en Europe, s'est insurgé Othmar Karas, vice-président du Parlement (PPE, droite). 110 milliards d'euros sont blanchis chaque année dans l'Union européenne, nos règles ne sont pas respectées." En mai 2018, une nouvelle directive européenne pour lutter contre le blanchiment d'argent a été adoptée. "Nous avons de grosses lacunes législatives et cela nous rend vulnérables, a déclaré Ramona Strugariu, eurodéputée roumaine Renew Europe (centre libéral). Les États ne transposent pas correctement les directives." En effet, alors que les États membres avaient jusqu’au 10 janvier pour transposer la directive dans leur droit national, dix d’entre eux ne l’ont toujours pas fait, dont le Portugal. Les eurodéputés, à la lumière des Luanda Leaks, visent particulièrement ce pays pour sa négligence vis à vis de la lutte anti-fraude.
Lisbonne est également pointée du doigt pour son traitement du lanceur d'alerte à l'origine des Luanda Leaks. Rui Pinto, le hacker qui avait aussi révélé les Football leaks, est détenu dans la capitale portugaise depuis un an. "On sanctionne la mauvaise personne, s'insurge José Gusmao, député portugais du groupe GUE/NGL (extrême-gauche). Pendant ce temps-là, ceux qui blanchissent de l’argent peuvent continuer en toute impunité."
Antoine Cazabonne
Michel Barnier et les eurodéputés se sont accordés sur un point : le Royaume-Uni est un partenaire stratégique et doit le rester. Mais pas à n’importe quel prix. "Je continuerai, avec détermination, à défendre l’intégrité du marché unique", a martelé le Français. Dans l’hémicycle, les questions de la pêche et des services financiers ont marqué les débats sur les contours d’un futur accord.
L’accès aux eaux renégocié ?
Premier sujet qui a inquiété les députés dans l’hémicycle : la pêche. Michel Barnier l’a rappelé lors du débat : "L’accès réciproque des eaux territoriales et des marchés sera un point indissociable de l’accord de commerce." "La question de la pêche est certainement le problème le plus urgent du dossier du Brexit", abonde Manuel Pizarro, député (S&D, sociaux-démocrates).
"Il faut continuer à parler du Royaume-Uni comme un partenaire et non comme un concurrent commercial." L’eurodéputé Barry Andrews (Renew Europe, centre libéral) a résumé, mardi 11 février, l’ambition des parlementaires pour la définition des futures relations avec le Royaume-Uni. Le débat a donné lieu mercredi à l’adoption d’une résolution par 543 voix contre 39 fixant les lignes rouges du Parlement européen, devant Michel Barnier. Présent dans l’hémicycle lors des discussions, le négociateur en chef de l’Union européenne a rappelé l’issue possible des prochaines négociations : "Si nous ne trouvons pas d’accord, ce ne sera pas le statu quo." Après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 janvier, les deux parties ont en effet jusqu’au 31 décembre pour définir leurs futures relations, notamment commerciales.
Présentation : Sophie Mercier
Rédaction en chef : Stacy Petit
Au sommaire de cette édition :
Les eurodéputés ont débattu, mercredi 12 février, de la situation migratoire aux frontières extérieures de l’Union. Face aux accusations de violents refoulements à la frontière croato-bosniaque, l’eurodéputée Tineke Strik s’est rendue sur place avec deux autres collègues du groupe Verts/ALE. L’élue néerlandaise dresse un bilan alarmant.