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Les tramways de Strasbourg ne conduisent pas que des voyageurs. Dans les années 1890, des motrices sont affectées au transport de marchandises (bétail, pommes de terre, foin, charbon, engrais, etc.) quand d’autres livrent lettres et journaux. En 1925, 182 000 tonnes de marchandises sont acheminées dans Strasbourg et ses environs. Mais peu à peu, le transport routier, moins coûteux, est privilégié. Du côté des voyageurs, la fréquentation baisse aussi. Entre 1930 et 1938 elle passe de 54 à 32,8 millions de voyageurs par an.
Photo prise entre 1918 et 1933 à l’actuel croisement de la rue du Souvenir et de la route de Bischwiller (Bischheim).
© Archives de la ville de Bischheim © Elia Ducoulombier

 

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La ligne de bus 3 du réseau CTS qui relie la Place des Halles à Strasbourg et la Gare de Hoenheim emprunte la totalité des 3,5 km de l’axe de Bischwiller. © Elia Ducoulombier. 

7h31. Seul sur le quai A du TER, un cycliste vêtu d’un gilet jaune scrute la voie de chemin de fer. Le train de Sébastien Degré a lui aussi été retardé de dix minutes. “À cause du froid, il y a des passages à niveau qui ne tiennent pas le coup”, note-t-il. Ce moniteur de voile à Lauterbourg est un habitué de la ligne. “Ça fait huit ans que je l’emprunte ! C’est un peu ma ligne 33 !”, affirme-t-il en souriant. Après avoir pédalé jusqu’à la gare, il prend le train avec son vélo pour un voyage de 50 minutes. Ce trajet, il l’apprécie. “Je retrouve souvent les mêmes personnes. Une fois par an, on essaye d’organiser tous ensemble le repas de la ligne 33. Cette année, on était une petite quinzaine !”, se réjouit-il. L’homme remet en place ses bottes de pluie dans le panier de son vélo. Juste avant que le train n’arrive, deux autres voyageurs le rejoignent sur le quai. Il ne les connaît pas, mais cela ne l’empêche pas de les saluer.

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Le vélo est le parent pauvre de la gare : la station Velhop est peu utilisée et la vingtaine d'arceaux souvent inutilisés.  © Elia Ducoulombier. 

7h28. Les 680 places de parking sont loin d’être occupées, surtout en cette période de télétravail. Pourtant, Marie, 25 ans, le trouve bien pratique. Comme à chaque fois qu’elle doit se rendre à Strasbourg, la Wissembourgeoise y gare sa voiture avant d’emprunter le tramway. Aujourd’hui, l’étudiante se rend à une formation de cuisine à Illkirch-Graffenstaden où elle suit des cours dans un établissement de formation en hôtellerie. “Je n'ai pas envie de m'embêter à traverser le centre-ville de Strasbourg en voiture. En plus, il y a peu de places pour se garer devant mon centre de formation”, explique-t-elle. Dans le fin brouillard, la jeune femme allume une cigarette avant de quitter le parking.

7h04. En ce mois de novembre, le jour se lève à peine. Caché dans les nuages, le soleil peine à réchauffer les quelques voyageurs qui patientent. Parmi eux, un quinquagénaire fait les cent pas sur le quai de la gare. Cet opticien, qui vit à Hoenheim mais travaille à Mulhouse, passe près de 5h30 dans les transports chaque jour. Aujourd’hui, il cumule les problèmes. “Le premier train pour Strasbourg a été annulé à cause du confinement. Je suis obligé de prendre celui de 6h59 qui me fait arriver 30 minutes plus tard. Et en plus il est en retard !”, se plaint-il. À 7h19, le train tant attendu entre enfin en gare.

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La ligne 201 est la seule ligne de la Compagnie des transports du Bas-Rhin à passer par Hoenheim Gare. Elle dessert également la zone industrielle de la ville et la gare de Brumath. © Elia Ducoulombier. 

Le contrôle de l’armée allemande n’empêche pas les voyageurs d’emprunter les lignes de tram. Elles deviennent même très utiles aux Strasbourgeois qui vont s’approvisionner à la campagne en raison des pénuries. Appelée Hamsterfahrt, cette pratique est pourtant prohibée. En 1918, le réseau de tramways géré par la CTS atteint 105 km.
Photo prise entre 1914 et 1918 à l’actuel 158, route de Bischwiller (Schiltigheim).
© Strasbourg-Tramway © Emma Steven

 

Chronologie des friches de Schiltigheim-Sud

À Schiltigheim, les cyclistes dénoncent l'insécurité qui règne sur la route de Bischwiller. Élus locaux et associations pro-vélo s’accordent sur la nécessité de nouveaux aménagements cyclables, mais divergent sur les objectifs et la façon de les concrétiser.

“J’évite le plus possible de prendre cette route à vélo avec les enfants, c’est tellement dangereux que si je l’emprunte je préfère monter sur les trottoirs…”, confie Maud Trabin, une mère de famille schilikoise à propos de la route de Bischwiller. Absence de pistes cyclables, route étroite et trafic automobile important, cet axe est redouté des cyclistes. Une nécessité d’aménagement reconnue par la municipalité et par les associations pro-vélo.

Pour la nouvelle municipalité écologiste, au pouvoir depuis 2018 et réélue en juin 2020, l’enjeu est de taille. “Notre objectif est d’apaiser la circulation sur la route de Bischwiller grâce à une politique de mobilités douces. L’un de nos projets est de prolonger la piste cyclable sud de l’ancienne brasserie Fischer jusqu’à la médiathèque”, expose le premier adjoint Patrick Maciejewski, chargé des mobilités. 

“Il faut faire de la place aux vélos et instaurer un maillage cycliste sécurisé”, revendique Benoît Ecosse, du mouvement Vélorution. “Entre la mairie qui a été pro-voiture pendant vingt ans et la présidence de Robert Herrmann (2014-2020) à l’Eurométropole qui a mis beaucoup de bâtons dans les roues concernant les aménagements cyclables, Schiltigheim doit rattraper son retard”, déclare Dominique Montero, co-présidente de Cadr67, association partenaire de l’Eurométropole et de Schiltigheim.

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