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La rumeur dans le collimateur de l'AMF

Menace de nationalisation à la Commerzbank

« Toutes les banques allemandes devraient être en mesure de se recapitaliser seules ». Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schaüble se veut rassurant en ce début du mois de décembre. A Francfort pourtant, au pied de l'imposante Commerzbank-Turm, les spéculations vont bon train chez les employés de la deuxième banque du pays. L'EBA (European banking authority) a en effet chiffré à 5,3 milliards d'euros le besoin de capital de la Commerzbank pour remplir les critères de solidité financière imposés par Bâle III. Déjà concernée en 2008-2009 par le plan allemand de renflouement des banques, la Commerzbank est détenue à 25 % par l'État. Aujourd'hui, les investisseurs mettent en doute sa capacité à se recapitaliser sans un nouveau recours à la puissance publique.

Au départ d'ailleurs, «cette pratique était utilisée par les professionnels pour s'assurer face à l'évolution incertaine des prix des matières premières (blé, acier, …), dont ils savaient qu'ils devraient les acheter ou les vendre à un moment donné», explique Paul Atkinson. Elle a donné naissance au marché à terme de Chicago.

Pari sur l'avenir

Mais ces contrats d'assurances peuvent aussi être utilisés comme des paris sur l'avenir des cours de la bourse et c'est là qu'entrent en jeu la spéculation et la multiplication des risques qui lient acheteurs et vendeurs. Car il est possible d'acheter pour un coût minime une assurance de ce type sans même détenir l'action sous-jacente. Si l'action chute, on peut ainsi l'acheter à un prix plus bas que celui garanti par le contrat d'assurance puis la revendre à l'assureur au prix fixé avec lui. L'un empoche donc la différence entre le prix garanti au départ et le prix  actuel de l'action sous-jacente que l'autre doit sortir de sa poche.

 

 

 

 

 

 

 

Merkel doit composer avec son parti 

Finalement, pour vous la crise est une aubaine ?

Oui, on peut dire ça, nous avons gagné en lecteurs depuis 2008. La crise est dans toutes les bouches, les gens sont avides d'information et surtout d'explications. L'usage de la presse financière a évolué avec la crise, elle est devenue plus qu'un outil de travail pour le monde économique. Nous avons gagné un nouveau lectorat et particulièrement sur le web. Cette année nous avons enregistré 60millions de pages vues sur le site internet du journal, soit le double par rapport à l'année dernière.

Cet élargissement du public a-t-il modifié votre manière de travailler ?

Cela nous pousse effectivement à adapter notre écriture, à expliquer les termes de la finance avec des mots simples. Il est vrai qu'avant la crise nous nous posions moins de questions, nous avions un lectorat bien identifié d'initiés. Maintenant, nous devons nous renouveler, par exemple, expliquer tous les jours ce qu'est un eurobond. Dernièrement, nous avons titré «My name is Bond, eurobond!»

Quelle relation entretenez-vous avec les acteurs de la place financière de Francfort ?

C'est très simple, nous avons besoin les uns des autres, donc nous nous parlons d'égal à égal. Nous sommes en liaison permanente avec les acteurs des marchés. Nous avons besoin d'informations exclusives et solides, et eux ont besoin de nous pour s'exprimer. Et puis, nous sommes liés aussi par la publicité financière qui constitue 35% de nos annonces. Quand les marchés vont mal, nous aussi! Sur un autre plan, si nous publions un papier critique sur un annonceur, nous nous exposons au risque de perdre le contrat publicitaire. Heureusement, notre groupe de presse (Holtzbrinck Verlagsgruppe) est assez important pour que l'on reste indépendant de l'industrie financière.

 Marion Kremp et Laure Siegel

 

[ Plein écran ]

Après une période de rupture, les discussions ont repris entre le président de la Commission J.M.Barroso et le premier ministre hongrois V. Orbán.(© DR/Reuters)
 

113,17 milliards, c’est, selon l’Autorité bancaire européenne (EBA) la somme dont ont besoin 30 banques de la zone euro pour renforcer leurs fonds propres, dont la moitié pour les banques grecques et espagnoles. Objectif : atteindre le ratio de sécurité de 9 %, défini par l’EBA. Celui-ci est supérieur d’un point et demi aux exigences de Bâle III.

Ces mesures temporaires de recapitalisation résultent de l’accord trouvé lors du sommet du 26 octobre 2011, par les 27 membres de l’UE réunis à Bruxelles. Le montant dévoilé le 15 décembre est supérieur d’environ sept milliards d’euros à l’estimation initiale.

Pour atteindre ce coussin de fonds propres, les banques européennes doivent en priorité se débrouiller par leurs propres moyens. Soit en ne distribuant pas de dividendes, soit en réduisant le paiement de bonus ou en émettant de nouveaux capitaux. De nouvelles sources de financement privées éviteront le recours aux aides d’états ou au Fond Européen de Stabilité Financière, le FESF.

Les banques qui auront recours à l’argent public seront tenues de présenter un plan de restructuration quel que soit le montant de l'aide. La Commission déterminera si une restructuration est nécessaire. Cette situation pourrait conduire à des rachats par des établissements bancaires en meilleure santé, accélérant ainsi les concentrations.

Les banques françaises se recapitaliseront seules

La recommandation de l’EBA vise à endiguer les dépréciations subies par le secteur bancaire depuis le début de l’année. Leur exposition aux dettes souveraines inquiète fortement les marchés. Un défaut d’un pays comme l’Italie ou l'Espagne obligerait les banques à éponger des pertes insoutenables.

Maintenir un certain taux de liquidité dans leurs caisses devrait permettre de rassurer les investisseurs sur leur solvabilité. L’objectif sous-jacent étant de maintenir les prêts à l’économie réelle pour assurer les investissements, donc la croissance.

De leur côté, les trois groupes bancaires français visés assurent ne pas avoir besoin de faire appel à l'État pour atteindre les objectifs chiffrés qui leur ont été fixés. BNP Paribas (1,4 milliards) et Société Générale (2,1 milliards) prévoient de renforcer leur solvabilité sur leurs propres bénéfices, par exemple en ne distribuant pas de dividendes à leurs actionnaires. La BPCE, qui doit pour sa part trouver 3,4 milliards d'euros supplémentaires, entend de plus émettre des parts sociales auprès de ses sociétaires

Le montant défini pour les banques grecques est simplement un objectif à atteindre. La dégradation de leur solvabilité est telle qu’aucun stress test n’a été effectué.

D’ici le 20 janvier, les banques doivent soumettre aux Etats leurs plans pour atteindre les objectifs fixés par l’EBA. Ces recapitalisations doivent être effectives avant le 30 juin 2012.

F.R.

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