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Le rapport Vickers veut séparer les banques de détail des banques d'affaires

Six manières de se recapitaliser

Devant les exigences en matière de fonds propres de l'autorité bancaire européenne (EBA), les banques font face à l'obligation de trouver des capitaux avant juin 2012. Pour répondre à ces défis, les établissements ont six possibilités.

  • Ouvrir leur capital

C'est la méthode la plus traditionnelle. Les banques émettent de nouvelles actions sur le marché. L'argent tiré de ces émissions est directement reversé dans les fonds propres des établissements bancaires. Cette solution n'est guère appréciée par les actionnaires qui voient leur part diluée. Il faut également pouvoir trouver preneur. En dernier recours, les fonds peuvent venir d'acteurs publics.

Exemple : La banque italienne UniCredit, qui doit se recapitaliser à hauteur de 8 milliards d'euros, a annoncé qu'elle émettra des titres sur le marché au cours du mois de janvier 2012.

  • Convertir leurs dettes

Les banques utilisent des instruments financiers appelés dettes hybrides. Ils permettent de transformer une dette déjà présente dans le bilan en action. La mutation faite, le créancier devient actionnaire de la banque. C'est une ouverture indirecte du capital, évitant une mauvaise publicité à l'établissement.  La banque peut faire figurer l'action dans ses fonds propres contrairement à une dette.   

Exemple : Le groupe bancaire espagnol BBVA a récemment décidé de renforcer son capital via une émission de bons convertibles en actions à hauteur de 3,475 milliards d'euros.

  • 
Réduire leurs risques

Pour diminuer leur exposition au risque, et donc les exigences en fonds propres, une banque peut réorganiser son bilan en noyant les actifs risqués au milieu d'actifs sûrs. Le risque est ainsi dilué. Ceci passe aussi par la cession d'actifs risqués. Les PME peuvent être touchées car elles restent des débiteurs risqués.

Exemple : Entre début juillet et début novembre 2011, la Société Générale s'est débarrassée de 10 milliards de titres issus de portefeuilles d'actifs, essentiellement américains, devenus indésirables depuis la crise. L'opération a  représenté un coût de 450 millions d'euros du fait de la baisse de la valeur de ces actifs.

  • Vendre leurs actifs

Les banques ont la possibilité de céder des actifs telles que des filiales à l'étranger. Cela représente une entrée d'argent à laquelle s'ajoute la cession des actifs détenus par la succursale. Néanmoins, il faut trouver un acheteur  capable de mettre un prix raisonnable pour que la vente ne se fasse pas à perte.

Exemple : Santander a mis en vente 7,8% de sa filiale au Chili « Banco Santander Chile », qui devrait lui rapporter 800 millions d'euros, et 8,2% de sa filiale brésilienne « Banco Santander Brasil », dont elle espère tirer 1,7 milliard d'euros.

  • Conserver leurs bénéfices

Au lieu de redistribuer ses profits, sous forme de bonus ou de dividendes, la banque se sert de ses bénéfices pour renforcer les fonds propres. Cependant, pour mettre en place cette solution il est nécessaire que la banque dégage des bénéfices. De plus, les actionnaires ne sont pas toujours enclins à couper dans leurs gains.

Exemple : La Société Générale a annoncé mardi 8 novembre 2011 renoncer aux versements des dividendes afin de « renforcer son fonds propre ». Elle n'exclut pas de reprendre cette pratique dès l'exercice de 2012.

  • Se désendetter

Les pouvoirs publics craignent l’usage de ce levier. Les banques dans le soucis, de diminuer leurs expositions, restreignent fortement l'offre de crédit et se contentent de toucher les versements des crédits déjà en cours. À moyen terme, cette décision peut altérer les résultats de la banque mais également provoquer le ralentissement de l'économie réelle.

Exemple : Dans un rapport publié le 25 novembre 2011, la banque d'investissement Morgan Stanley estime les futures baisses de crédits au sein de la zone euro, étendue à la grande Bretagne, entre 3 et 5 %. Lors de l'exercice 2008 – 2009, elle l'avait évalué à un niveau situé entre 1 et 2 % .

Catherine Deunf et Fabien Piégay

 

Fil twitter de l'infosphère financière.

 

 

 

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Les réseaux sociaux jouent un rôle grandissant dans la propagation de rumeurs financières. (© Cuej / Brice Lambert) 

 

  • Et sur la hausse des impôts

Le poids de la dette va encore s'alourdir

En 2012, les réductions à marche forcée des déficits publics engagées par les gouvernements ne réduisent pas leurs besoins de recourir aux marchés.
La valeur de la dette contractée qui arrive à échéance est considérable pour les États les plus exposés à la défiance des investisseurs,comme l'Italie et l'Espagne.
Quant au gouvernement français, il devra faire appel au marché en 2012 pour lever l'équivalent de 16% de son PIB.

  • La position du PS et de l'UMP sur la réduction de dépenses

Les collectivités qui ont fait confiance à Dexia croulent aujourd'hui sous les dettes toxiques. La banque franco-belge est en cours de démentèlement. (© AFP)

La crise ampute l'autonomie budgétaire des gouvernements nationaux

En 2006, le Trésor irlandais était capable de subvenir à ses besoins de financement des politiques publiques, pendant une période équivalente à 10 mois par an. Quatre ans plus tard, son autonomie budgétaire se réduit à quatre mois.
Depuis 2007, la situation des budgets nationaux de la zone euro s'est nettement dégradée. En cause, le soutien au secteur financier et les divers plans de relance de l'économie. En parallèle, le ralentissement de l'activité économique a entraîné une baisse des recettes fiscales.
Année après année, les déficits se creusent. La dette contractée pour les combler se cumule avec les échéances de la dette antérieure.
 

Le gouvernement allemand prévoit d'ailleurs de réactiver son fonds d'aide aux banques, le Soffin, créé en 2008 après la chute de Lehman Brothers. Il serait doté de 400 milliards d'euros et son recours pourrait désormais être obligatoire pour les banques désignées par l'autorité allemande des marchés financiers (Baffin). Un projet de loi sera déposé prochainement en ce sens au Conseil des ministres.

Marion Kremp et Laure Siegel à Francfort

 

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