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En Espagne, le gouvernement socialiste a chuté en novembre dernier. Comme d'autres avant lui, il s'est aliéné ses électeurs en multipliant les mesures d'austérité. Dans les pays sous programme d'aide, la rigueur, imposée par la troïka, vient s'ajouter à la crise et débouche sur la récession, qui accroît le poids de la dette publique. Tel est le constat dressé un peu partout en Europe.
A l'origine de la crise et toujours exposées à la méfiance des marchés, les banques doivent à nouveau être recapitalisées. Incapables de le faire par elles-mêmes, elles se tournent vers les Trésors nationaux. La Commerzbank, la deuxième plus grande banque allemande, pourrait même être nationalisée. Les États ont déjà dû absorber les actifs toxiques de leurs établissements de crédit, leur assurant un bilan présentable. Le contribuable européen est décidément bien généreux. Alors que tous sont frappés par un même mal, chacun continue de cotiser pour ses propres banques. Et la fragilité de l'Eurozone retentit jusque chez les nouveaux entrants: la Hongrie qui croyait pouvoir faire cavalier seul, vient de toquer à nouveau à la porte du FMI.
Pour sauver les banques et relancer l'économie au lendemain de la crise financière de 2007, la dette des Trésors publics a franchi le seuil au-delà duquel sa soutenabilité est mise en doute. Depuis, banques et Trésors ont entamé une danse macabre qui affaiblit mutuellement leur crédit. Seule la Banque centrale européenne inspire encore confiance. On attend beaucoup d'elle. Mais elle n'entend pas se voir entraîner à son tour dans la spirale de l'endettement.
Ces prêts ne sont pas forcément le résultat d’une gestion irresponsable. Certaines communes n’avaient pas les services financiers adéquats pour comprendre les contrats complexes proposés par les banquiers, d’autres leur ont simplement fait confiance.
Le dessus de l’iceberg
Quoiqu’il en soit, le pire serait à venir. Selon Jacques Descourtieux de Finance Conseil, plus de la moitié des prêts structurés étaient encore dans la période à taux bonifié fin septembre 2011. Donc seuls 45% des emprunts étaient entrés dans la seconde phase à taux variable. En 2012, c’est 77 % des emprunts structurés qui seront à taux variables et la proportion atteindra 87% en 2013.
Dans ces conditions, qui doit payer ? Pour le médiateur chargé du dossier des emprunts toxiques Eric Gissler, une chose est sûre : «ce sera toujours le contribuable, local ou national, qui paiera.» Dexia, la banque qui a fabriqué et vendu 70 % des prêts structurés contractés par les collectivités, ne pourra pas tout assumer puisqu’elle est en cours de démantèlement. Désormais, une «bad bank» franco-belge rassemble ses actifs toxiques. Cette structure de défaisance est garantie par l’Etat à hauteur de 33 milliards d’euros. Donc faire payer Dexia, c’est indirectement faire payer le contribuable français.
A Saint-Maur, ce dernier pourrait bien mettre la main à la poche deux fois. Une fois pour les erreurs de ses élus via les impôts locaux et une autre en tant que contribuable national pour le sauvetage de Dexia.
Eléa François
Comment répartir le fardeau du désendettement ? Le PS et l'UMP exposent leur solution à quelques mois de la présidentielle. Les emprunts toxiques contractés par les collectivités françaises nourissent le débat politique. À Londres, le Premier ministre britannique a tranché : les marchés financiers de la City ne seront pas taxés par l'Union. Sa priorité reste la compétitivité de la place financière la plus importante d'Europe.
Benjamin Edgard À paris et Guillaume Clere À bruxelles
David Cameron a choisi de défendre les intérêts de la finance londonienne. En échange de sa signature pour inscrire le renforcement de la discipline budgétaire dans un traité européen , il exigeait d'y annexer deux protocoles : la garantie de son droit de regard sur le marché unique, mais surtout la protection la City contre la supervision et la réglementation financière européenne.
Les activités financières de Londres contribuent à 10% du PIB britannique. Sur ses 2,9 km2, 12 755 entreprises emploient 316 700 personnes directement et 1,1 millions indirectement. Avec 500 banques dont 241 banques étrangères, elle est le plus grand centre bancaire mondial. Le profit du secteur : 35 milliards de livres en 2010.
«Les européens doivent comprendre que l'on a besoin de protéger la City contre la régulation, contre les taxes qui ferait perdre sa compétitivité à Londres par rapport aux autres places financières. Une quarantaine de propositions de l'Europe nuiraient à la City, surtout celle sur les transactions financières», explique Michael Fallon, député conservateur.
Mais avec ce véto, le Royaume-Uni se retrouve plus que jamais isolé en Europe. Dès le 11 décembre Jonathan Powell, ancien chef de cabinet de Tony Blair, écrivant dans le Financial Times, ne cache pas son inquiétude : «Le Royaume-Uni va être exclu de tous les processus de décision sur les politiques économiques de l'Europe. Nous serons liés aux décisions européennes mais incapables de les influencer». Charles Grant, du Centre pour la réforme européenne confirme que ce choix «est un désastre pour le Royaume-Uni qui menace l'intégrité du marché unique». Les décisions européennes sur le marché unique resteront prises à 27. Mais à 1 contre 26 imossible de bloquer un vote à la majorité qualifiée. Or c'est précisément la procédure en vigueur pour les législations qui peuvent affecter la City. « Si le Royaume-Uni veut gagner des votes, il aura besoin d'alliés », explique Charles Grant.
La City veut rester dans l'Europe
Pas sûr, donc, que le calcul de Cameron profite aux intérêts économiques et financiers britanniques. «Le Royaume-Uni ne faisant plus partie du premier cercle, les intérêts qu'elle tentait de préserver pourraient être mis à mal», s'inquiète le Financial Times. Une situation qui pourrait nuire à la place financière londonienne. « La City veut rester dans l'Europe car c'est dans son intérêt. La moitié de ses investissements et de son commerce se fait avec des Etats membres. Le seul contentieux avec l'Europe reste la taxe sur les transactions financières », insiste Martin Horwood, député Libéral-démocrate. Pour lui « réouvrir ce débat sur l'appartenance à l'Europe dans cette période de crise est opportuniste et destructeur. L'instabilité est la dernière chose que veulent les marchés. Cela va nuire à l'économie britannique ».
Dans une interview à la BBC, John Cridland, président du CBI, la confédération des entreprises britanniques, a reconnu qu'il n'était pas sûr que la City sera mieux protégée en ne participant pas aux négociations européennes, et surtout s'est inquiété pour l'attractivité de l'économie britannique.
Ardoise supplémentaire pour le premier ministre britannique, la City est plus impopulaire que jamais chez les électeurs britanniques. «Il y a deux points de vue quant à son importance, nuance Michael Berlin, historien. Il n'y a pas de vraie industrie dans le pays donc son existence serait très positive sur l'économie britannique. L'autre point de vue est de dire que la City est un parasite car elle est surtout bénéfique pour le petit cercle de gens qui travaillent les uns pour les autres. Si vous allez dans le nord de l'Angleterre, si la City était sur la lune ce serait le même chose».
Anna Benjamin et Victor Pâtenotre À londres