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Où en est-on au niveau de la réglementation ?
Le défi est d'en finir avec l'opacité et de réglementer l'ensemble de ce monde parallèle. En octobre 2008, le G20 réunit à Washington a pris cet engagement. Mais les choses n’ont pas beaucoup avancé depuis. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont réglementé l’activité des hedge funds (fonds d’investissement spéculatifs friands de prêts structurés) à partir de 2013. Mais rien n’est prévu pour encadrer sévèrement le processus de titrisation. Ce n’est pas les structures qu’il faut encadrer, c’est extrêmement facile de les contourner. Ce qu’il faut, c’est encadrer le processus de titrisation de A à Z.
Propos recueillis par Guillaume Clere
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Troisième round : Le Parlement.
Ici les lobbyistes ont développé une panoplie de moyens d'action. D'abord les rendez-vous individuels. « J'ai reçu une cinquantaine de demandes de rendez-vous. J'essaye au maximum de les voir par catégories d'acteurs, sinon ma vie n'y suffirait pas. Par contre, nous invitons les petites banques d'épargne ou coopératives, car elles n'ont pas les moyens de faire du lobbying », souffle Philippe Lamberts.
Les députés entretiennent des liens paradoxaux avec les lobbies. Certains expriment une défiance vis à vis des représentants d'intérêts privés tout en reconnaissant qu'ils ont besoin d'eux. Peu d'experts, en dehors de ceux de l'industrie financière, maîtrisent les dossiers . « Ils ont besoin de nous pour comprendre ce qu'ils votent », constate Florence Rançon. « Pour l'instant, seuls les Verts et les Britanniques s'expriment sur CRD IV, alors que le texte est publié depuis juillet. Othmar Karas (PPE), le rapporteur principal, n'a pas encore abattu ses cartes, et les socialistes sont à la rue : ils envoient des observateurs aux réunions de rapporteurs, mais je ne les ai jamais entendus sur le sujet », poursuit Philippe Lamberts.
Gonzalo Gasos, chargé par FEB du réglement CRD IV, fait le récit de son quotidien de lobbyiste : « Pour CRD IV, j'ai pris un café avec Sharon Bowles (rapporteur fantôme pour le groupe ALDE). On va tenter de rencontrer Othmar Karas, le rapporteur principal, mais aussi d'autres députés car les conversations de couloir peuvent parfois être efficaces ». Sur ce, il dégaine son cahier d'amendements pour CRD IV. Ses 120 pages sont ainsi organisées : sur la colonne de gauche, le texte original de la commission. Sur celle de droite, en rouge, les amendements, et en dessous, une justification. « Parfois, raconte Florence Rançon, 3 ou 4 parlementaires se retrouvent avec les mêmes amendements, virgule pour virgule, et ont l'air un peu bête. Notre lobby s’efforce de donner différents amendements à différents parlementaires ». Pour le dossier des CDS, plus de la moitié des 1600 amendements présentés ont été rédigés par les lobbies, assure Yiorgos Vassalos.
Pour toucher les élus collectivement, un forum réunit régulièrement eurodéputés et lobbies financiers : le forum des services financiers du Parlement européen (EPFSF). Tous les mois, un petit-déjeuner est organisé où quelques banquiers font un exposé sur les dossiers d'actualité. Celui du 7 novembre abordait justement CRD IV. 60 personnes étaient présentes dont 25 députés. Le lobbying s'exerce aussi du côté du Conseil, « bien que les députés soient beaucoup plus accessibles », explique Gonzalo Gassos.
Jessica Trochet et Elsa Sabado à Bruxelles