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À la cité universitaire de la Robertsau, les élections pour le conseil de résidence ont eu lieu hier. Près de deux semaines après les fuites dans les médias sur l'affaire dite des punaises, c'est la liste « FERUF collectif étudiant progressiste » qui a remporté les élections. Les premiers engagements de leur programme concernaient la salubrité des chambre et le problème des punaises ...

 

Lucie, étudiante en STAPS à l'université de Strasbourg, se remet à peine de sa colocation avec … des punaises de lit. Pas plus grands que des pépins de pomme, oscillants entre le brun et le rouge, ces insectes sont le cauchemar nocturne de plus en plus d'étudiants de la cité U de la Robertsau. Sur les bras sportifs de Lucie, des marques blanches persistent, trois semaines après les dernières piqûres. Elle ne dort plus qu'avec la lumière allumée, et n'ose toujours pas sortir ses vêtements des sacs poubelles opaques qui les protègent. Elle raconte son expérience presque sans ciller. Les démangeaisons, les gonflements, les lessives qu'il faut faire en pleine nuit en attendant assise par terre dans le couloir, les deux traitements à l'insecticide de sa chambre ... Puis une nuit, le craquage : réveillée à l'aube, couverte de punaises, elle passera 4 heures dans le couloir avant d'aller trouver le directeur de la cité U, en pyjama, pour exiger de changer de chambre. « Mentalement, c'est très fatigant ... et aujourd'hui dans la résidence, on psychote, tout le monde vérifie sa chambre ! » Entourée d'amis, le soir du vote pour le Conseil de Résidence, elle n'hésite pas : « Il faut qu'on vote pour la liste qui propose des solutions contre les punaises. »

 

10% des chambres de la Robertsau seraient infestées de punaises

Sur les tracts de la liste FERUF – collectif étudiant progressiste, le programme se détaille en dix points. Le tout premier d'entre eux, pour la salubrité des chambres, déclare une guerre ouverte aux punaises. «  Sur les 12 étudiants de notre liste, quatre ont eu des punaises chez eux. 10% de la résidence minimum est touchée, et ça augmente. Pour nous, tant qu'il n'y aura pas d'intervention réfléchie et globale, on ne viendra pas à bout du problème. Il faut faire un état des lieux général, investir le SUMPS (service universitaire de médecine préventive) dans la lutte et créer un réseau assez fort pour avoir davantage de pression sur le CROUS ». En attendant, Andrea Benedetti et les onze membres de la liste FERUF proposent le remboursement des produits nécessaires au nettoyage des affaires personnelles ou encore le remplacement immédiat des matelas et des sommiers souillés.

 

Les sommiers. C'est bien là que le bât blesse selon l'ensemble des résidents. Pour le moment, le seul plan d'action mis en place par le CROUS consiste à désinfecter ou remplacer les matelas par des matelas mousse-PVC. Mais les punaises se nichent également dans les sommiers « plein de trous » décrits par les étudiants. Guillaume Lamotte, celui qui a dénoncé l'affaire aux médias fin septembre, accable encore davantage les dispositions anti-punaises. « Je les ai vus traiter ma chambre. En cinq minutes top chrono c'était fait. Ils ont vaporisé leur produit sur le matelas et c'était fini. J'ai demandé : mais vous ne traitez pas le sommier, les meubles, les plinthes ? Ils m'ont répondu que le matelas c'était suffisant ... » Les punaises, connues pour la difficulté à s'en débarasser, se nichent partout. Pire, leurs œufs résistent aux traitements chimiques et mettent trois semaines à éclore. « J'ai changé de chambre il y déjà plusieurs jours. Avant hier, pour la première fois, j'ai été piqué dans cette nouvelle chambre ... ».

 

" Et si le vrai problème c'était les étudiants ? "

 

Le problème des punaises n'est pas récent et est loin d'être un cas isolé. Difficile de dire quand il a commencé à la Robertsau mais une ancienne résidente Erasmus témoigne de la présence de ces parasites depuis au moins 2009. Selon une femme de chambre, un studio serait condamné après plus de 6 tentatives de désinsectisation. Face à une invasion qui a explosé depuis le début de l'année universitaire, la liste Arcus, concurrent de la FERUF, tient un discours très différent. « Et si le vrai problème c'était les étudiants et leur manque d'hygiène ? Il faut que vous voyez l'état de certaines chambres aussi ! Nous, à notre niveau, ce qu'on peut faire c'est organiser des réunions et informer enfin l'ensemble des étudiants. » Anas, troisième sur la liste Arcus, ne mâche pas ses mots. Karine, la tête de liste, se montre plus diplomate, tout en pointant les comportements personnels du doigt : « Le CROUS fait ce qu'il peut. Beaucoup d'étudiants ne signalent pas ou ne traitent pas l'invasion de leur chambre. Le CROUS ne peut pas envoyer des femmes de ménages dans les chambres pour tout vérifier comme à l’hôtel ! Les étudiants doivent devenir vigilants, faire attention à tout ».

 

Ce matin, les résultats des élections sont tombés : 59 % pour la liste FERUF contre 41 % pour la liste Arcus. Pour Andrea, les revendications de sa liste sur la salubrité « étaient proches des exigences concrètes des étudiants » et lui ont permis de remporter la victoire. « Le premier conseil de résidence avec le directeur de la cité U aura lieu le 21 octobre, nous aborderons le sujet des punaises et demanderons des réponses sur nos exigences ». Guillaume se réjouit et attend la création d'une "commission spéciale punaises". Au troisième étage du bâtiment B, l'ancien lieu de vie de Lucie, ses voisins et voisines "à bout de nerfs" n'attendront pas plusieurs semaines.

 

Clémence Lesacq

Chaque mardi, le temps des Gaules s'invite au centre socio-culturel L'Escale. L'association Trimatrici s'y entraîne en effet aux combats d'escrime gauloise et de gladiateurs. Le groupe effectue également des animations auprès des enfants du quartier. La dernière a eu lieu le mois dernier, lors de la fête du quartier, le 21 septembre.

Crédit : Loïc Bécart et François Delencre / CUEJ

Pour parvenir à cet accord et à la reprise de la papeterie, Lana a été très entourée. « Nous avons pensé notre projet avec l’administrateur judiciaire et le propriétaire du terrain et de l’usine, et il y a eu une mobilisation générale de la région, de la ville et de l’Adira (Agence de développement économique du Bas-Rhin) », raconte Patrick Béranger.

Pascal Gaden, conseiller aux mutations économiques à l’Adira, se dit d'ailleurs très satisfait de la situation et du repreneur choisi : « On a soutenu plusieurs projets, mais celui de Lasse Brinck nous a semblé plus pérenne. C'est un homme du métier, il a une bonne connaissance du contexte économique, et il investit son argent personnel, de son temps et de sa personne. »

Sur le repreneur danois et ses objectifs, certains salariés émettent toutefois quelques réserves : « Nous ne savons pas exactement ce que le nouveau patron veut faire, justifie Bernard. Nous attendons de voir comment ça va se passer. » Contents, mais prudents.

 

Estelle Choteau

Renaud Toussaint

Le soulagement. C’est le sentiment qui prédomine sur le site de la papeterie Lana, situé dans le quartier de la Robertsau. La chambre commerciale du tribunal de grande instance a annoncé la reprise de la société. Les 59 personnes actuellement employées par la papeterie conservent donc leur emploi.

Du côté des salariés, c’est la délivrance : « Nous n’étions pas sûrs d’être repris alors nous étions inquiets. Aujourd’hui, nous sommes heureux », assure Bernard, employé depuis cinq ans.

Après la vente du terrain et des bâtiments en 2006 pour financer un plan social, l’entreprise a été placée en redressement judiciaire en janvier dernier et une trentaine de salariés ont été licenciés. Depuis, les dirigeants bataillent pour éviter la liquidation. Le tout, avec un objectif précis, comme l’explique Patrick Béranger, nommé directeur général en janvier : « Tout au long de ces huit derniers mois, on s’est surtout focalisés sur le redressement de l’entreprise, pour la rendre plus attractive et retrouver un repreneur. »

Ce repreneur, Lasse Brinck, est un homme d’affaires danois. « Il a travaillé plus d’une dizaine d’années dans de très grandes papeteries, notamment en Allemagne », précise le directeur général.

Cela fait plusieurs mois qu'il travaille en étroite collaboration avec Lana, pour construire un projet solide et cohérent. « Notre carnet de commandes est bien rempli, l’activité est bonne. Quatre ou cinq embauches devraient donc suivre dans les mois à venir », indique Patrick Béranger.

Lana produit des papiers spéciaux depuis des années et Lasse Brinck envisage de développer encore plus cette particularité. L’objectif est de commercialiser les papiers Lana à une plus large échelle. L’entreprise prévoit notamment d’augmenter son activité sur les papiers sécurisés (avec filigranes), les emballages de luxe et les étiquettes de vin.

Lana

Fondée en 1590, la papeterie Lana est depuis longtemps spécialisée dans les papiers spéciaux.

L’usine de la Robertsau, implantée depuis octobre 1872, connaît une importante renommée au cours du 20ème siècle, notamment grâce à ses papiers à lettre de qualité.

Aujourd’hui, elle est surtout reconnue pour ses papiers de sécurité, qui permettent de lutter contre la contrefaçon et la falsification des documents. Mais la papeterie réalise de nombreux autres produits, comme des packaging de luxe.

Le chiffre d’affaires de l’entreprise, qui emploie 59 personnes, est de 16 millions d’euros.

Patrick Béranger, directeur général de LANA depuis janvier 2013, revient sur les investissements déjà consentis et les objectifs affichés. (Crédit : R.T. et E.C./Cuej)

L'entreprise LANA Papiers spéciaux s'est installée à la Robertsau en 1872. (Crédit : R.T/Cuej)

Mardi 8 octobre. Il est 8h30 et Hautepierre s'éveille doucement. Le bruit croissant des travaux urbains offre un alibi de poids au silence matinal. Avenue Tolstoi, une porte demeure entrebâillée d'où s'échappe une chaleur qui contraste avec la froidure de la rue.

En face du centre socio-culturel, « la Passerelle » accueille tous les mois des habitants d'Hautepierre pour un petit déjeuner convivial : « C'est avant tout pour créer du lien », explique Laura Bergeret, salariée responsable du pôle adulte famille du centre. Une table aménagée pour l'occasion offre gratuitement les commodités de la conversation à un groupe encore restreint de mères de familles. « Ca commence à s'agiter à partir de 9h », ajoute Laura avec un sourire. Brioche, confiture, pain, beurre, café, lait, chocolat et autant d'odeurs mélangées suffisent pour attirer progressivement les retardataires dans la petite salle de l'association de quartier. Des femmes, retraitées pour la plupart, viennent compléter le groupe des mères de famille. Très vite les conversations s'entremêlent dans un fatras de rires conviviaux.   

 

« Le monde à une table »   

 

Ce petit-déjeuner est aussi celui de la diversité. Italie, Inde, France, Afrique, Maghreb, une quinzaine de femmes et presque autant d'origines différentes. « On a le monde à une table », s'amuse Jeanne Locci, bénévole au centre socio-culturel. Beaucoup d'entre elles trouvent dans ces petits moments un moyen de s'évader de la monotonie des tours de béton environnantes. « Je viens depuis un peu plus de six mois. Mes enfants sont partis et je vis seule à la maille Jacqueline, confie Tchandra, ancienne employée d'une usine de câblage. Je profite de ces moments de rencontre pour discuter avec mes copines. On est comme une petite famille. » Laura acquiesce en bout de table, “le quartier d’Hautepierre est jeune, mais certaines personnes âgées se retrouvent vraiment seules. On collabore avec le centre médico-social, juste en face. Ils nous préviennent quand ils rencontrent une personne esseulée. On essaye alors de les faire se rencontrer au travers des activités qu’on organise. »

Une occasion de discuter, mais surtout de malmener les clichés. Ces dames profitent de la matinée pour comparer leur score dans divers jeux vidéo auxquelles elles s’adonnent sur internet. « J’ai battu mon record à Candy Crush, j’ai arrêté de jouer à 6h du matin. lance fièrement Rebecca, l’africaine de la tablée. Quand il m’arrive d’être bloqué, je demande de l’aide à des amis canadiens que j’ai rencontré en jouant. On a plus l’impression d’être seul avec facebook. »

 

 

“Il ne reste plus rien”

 

 

Un web qui les accompagne aussi dans leurs pérégrinations gastronomiques, malgré quelques récalcitrantes :

« Pour chercher les recettes de gâteau ? Mais ça m’intéresse pas. Moi les gâteaux je les mange, je les fais pas », assène Jeanne, en riant, à une de ses amies. Et si elles viennent partager un petit déjeuner à la “Passerelle”, c’est parce qu’elles ne peuvent pas le faire ailleurs. Les commerces de proximité ont progressivement disparu dans le quartier. « A l’époque on avait un supermarché, un fleuriste, un coiffeur, un tabac, une banque… Aujourd’hui il ne reste plus rien. » Et quand on leur demande où on peut trouver un restaurant, ou un traiteur, elles nous répondent

de concert : « nous aussi on se le demande. Tout ce qu’il reste c’est le Auchan et puis Table et culture ». Table et Culture, le restaurant associatif lui aussi géré par le centre socio-culturel, qui investit les lieux trois jours par semaine. L’unique autre rendez-vous pour partager un repas.

Qu’a cela ne tienne. Les anecdotes culinaires ne manqueront pas de revenir s'échouer, dès lundi, sur les murs peinturés de la « Passerelle », à l'occasion de la semaine du goût.

 

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