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Durant une semaine, l'équipe de tournage de la série Une famille formidable (TF1) s'est installée dans le quartier de la Robertsau. Le château de Pourtalès et la forêt de la Robertsau, avec d'autres lieux alsaciens, servent en effet de cadre à deux épisodes. Vendredi, l'équipe s'est attelée au tournage d'une scène où Jacques Beaumont (Bernard Le Coq) est poursuivi par un ours et trouve refuge dans un arbre. Un tel tableau demande de nombreux préparatifs.
(Crédits : E.C. et R.T./Cuej)
Avec du retard, deux femmes arrivent dans la classe. L’une d’elles ne parle pas un mot de français. C’est aussi le cas d’Adam, l’un des pères présents ce matin. Il parle Russe et parvient difficilement à s’exprimer en Français. Latica Lunka écrit au tableau « Je m’appelle Adam », et lui fait répéter. Timidement, il s’exécute plusieurs fois. Son voisin Xhevdet lui indique comment lire.
De petits groupes sont formés. Latica Lunka essaye, malgré les réticences, de mélanger les personnes et les niveaux : « Vous faites partie de l’école, je vais vous demander de réfléchir entre groupe à des propositions que vous pourriez faire pour l’améliorer ». « On a beaucoup de choses à dire, mais malheureusement, personne ne nous demande ! », lâche Amina* désabusée. Dans son coin, Adam chuchote « Je m’appelle Adam ».
« L’école républicaine »
Justement, la semaine prochaine, la professeur de français voudrait faire venir des représentants de parents nouvellement élus. Pendant un bon quart d’heure, les petits groupes discutent. Dans les couloirs, la sonnerie de 10h retentit. C’est la Marche Turque de Mozart, aussi cérémonieuse que les idées qu’exposent les groupes sont dissonantes. Elles vont du très concret : « Il faudrait diversifier les sorties, les enfants vont toujours au musée d’art moderne ! », « mettre en place un bus pour aller à la piscine plutôt que d’y aller à pieds », au plus délicat : « que la nourriture de la cantine soit halal, ou au moins casher ». Dans le même ordre d’idée, Amina* explique : « Je ne comprends pas pourquoi, dans une classe avec 99% de musulmans, on passe deux semaines à préparer Noël ». « En France, fêter Noël, ça n’est pas forcément religieux, explique Latica Linka. Noël fait partie de la culture française, c’est aussi ça l’école républicaine. »
Deux fois par semaine, l’école élémentaire Eléonore accueille un cours de français destiné aux parents d’élèves. Une manière d’intégrer les parents d’origine étrangère à la vie de l’école, et de faciliter la réussite scolaire de leurs enfants.
« Les parents ont leur part de travail »
Pascale Kuntzmann, secrétaire du réseau de réussite scolaire Hautepierre-Erasme, l’organisme de l’Education nationale qui chapeaute les ateliers : « Dans cette école ainsi qu’à l’école Catherine, il y avait un vrai besoin : il y avait une forte population d’origine étrangère, et nous voulions favoriser les relations parents-enseignants. A l’école Eléonore, c’est la quatrième année que l’atelier a ouvert. Les mamans appréhendent moins la rencontre avec les professeurs, et participent plus souvent au sorties scolaires. D’une manière générale, elles comprennent mieux ce qu’on attend de leurs enfants à l’école. »
Martial Muller, directeur de l’établissement : « Ces cours permettent à la fois d’éviter des conflits avec les parents, dus à leur non compréhension du français, mais aussi de mieux les intégrer à la vie de l’école. Ce n’est plus comme dans le temps où les parents étaient mis en dehors de l’école. Aujourd’hui, l’école doit être un lieu où les parents sont acceptés et ont leur part de travail. C’est primordial. En dehors de la connaissance de la langue, les parents apprennent à s’asseoir à côté de leur enfant, à sortir leurs cahiers, les signer et regarder où ils en sont. »
Pour les parents, les raisons de venir à ce cours vont au delà de la participation à la vie de l’école : communiquer avec le médecin, aider les enfants à faire leurs devoirs, et éventuellement trouver un travail.
A 10h30, la classe se vide. La plupart des parents se retrouveront lundi pour deux nouvelles heures de cours de français. « J’aimerais bien qu’il y ait ce cours quatre ou cinq fois par semaines ! », sourit Gülser, une jeune femme au voile fleuri.
Florence Tricoire
*Le prénom a été changé
(Crédits : R.T./Cuej)
Soirée des familles, conférences et concerts, les festivités inaugurales se poursuivent jusqu’au dimanche 20 octobre.
Renaud Toussaint
Un rectangle de verre et de béton aux lignes sobres et contemporaines, au cœur du Parc de la petite Orangerie. Une vaste salle modulable, ouverte sur l’extérieur. La paroisse protestante de la Robertsau prenait samedi ses quartiers dans son nouveau foyer Mélanie de Pourtalès. Une nouvelle page dans l'histoire de cette communauté implantée à la Robertsau depuis le XVIe siècle. Reste à faire vivre ce projet à près d’un million d’euros avec les paroissiens… et les Robertsauviens.
Au collège François Truffaut, maille Karine, une association vient en aide aux élèves de troisième dans leur recherche de stage en entreprise. Des premiers pas qui revêtent une importance particulière pour des jeunes issus d'une zone sensible et durement touchée par le chômage.
Cette semaine, le collège François Truffaut, au nord de Hautepierre, prépare ses élèves de troisième aux stages en entreprise. Amel Bellahcene, de l'association D-Clic, est intervenue dans les 5 classe du collège. Ce mercredi 9 octobre, il lui restait deux classes à rencontrer. “Je suis là pour vous aider à trouver un stage en entreprise , annonce-t-elle. Voici mon numéro. Vous m'appelez et on fixe un rendez-vous pour discuter de vos envies et de ce que l’on peut vous proposer.” Provocateur, un jeune garçon lève la main : « C'est votre numéro personnel ?” Eclat de rire général. Mais le calme est très vite ramené par Thierry Kiledjian, le principal de l’établissement depuis septembre.
Mis en place en 1996, le stage de troisième est devenu un passage obligé. Mais pour les élèves de Hautepierre, la tâche s’avère ardue. “Ici, les enfants ont un mal de chien à trouver un stage, confie Nathalie Sommer, la professeur de physique-chimie. Les parents ne travaillent pas forcément, ils manquent de contacts et de conseils. Et puis, quand les employeurs entendent Hautepierre…”, s’arrête-t-elle, laissant planer le sous-entendu.
Une cinquantaine d’entreprise engagées
Fondée en 2008 par d’anciens habitants du quartier, D-Clic est en partenariat avec une cinquantaine d’entreprises qui se sont engagées à accueillir les élèves de Hautepierre. “Pour le collège, c’est un véritable atout, explique le principal, Thierry Kiledjian. Cela permet d’éviter le classique stage chez le coiffeur ou dans le Kebab d'à côté.” En effet, les stages proposés par les entreprises sont assez variés : travail dans le bâtiment avec Vinci Construction, dans les énergies durables avec Calitech, la location de voiture avec La clé du temps et même au service des archives du CHU de Hautepierre. “Un enfant issu des quartiers n’aurait jamais eu la chance de faire un stage comme ça sans D-Clic, s'enthousiasme Amel Bellahcene, seule salariée de l’association. Nos bénévoles mettent aussi la main à la pâte. L’un d’entre eux travaille à la tour de contrôle de l’aéroport de Strasbourg. L’année dernière, il a accueilli deux jeunes. Pour eux, c’était une expérience incroyable.” Au total, une vingtaine de collégiens ont sollicité D-Clic l'an passé. Ils ont tous obtenu un stage.
Mais le plus souvent, les élèves ignorent tout simplement où chercher. “Les jeunes ont du mal à quitter le quartier, se désole leur professeur Nathalie Sommer. Parfois, ils n’en sont jamais sortis.” Vahe aimerait faire son stage dans un petit restaurant du coin. “Il fait aussi chicha, tente-t-il d’argumenter timidement en face de son proviseur. Mais je ne sais pas si vous allez accepter.” Effectivement, Thierry Kiledjian désapprouve et renvoie le jeune dépité vers D-Clic. Même refus pour Sumeyra qui voulait postuler dans une maternelle du quartier. En effet le principal et son équipe éducative préféreraient qu'elle cherche son stage en dehors de Hautepierre.
En attendant un rendez-vous avec Amel Bellahcene, leur camarades et eux même pourront se faire une idée de leur orientation grâce au forum des métiers qui à lieu au milieu du mois de novembre. D-Clic sera également présent pour accompagner les collégiens.
Gabriel Nedelec
Maxime Le Nagard