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Maxime Le Nagard
Gabriel Nedelec
Au collège François Truffaut, maille Karine, une association vient en aide aux élèves de troisième dans leur recherche de stage en entreprise. Des premiers pas qui revêtent une importance particulière pour des jeunes issus d'une zone sensible et durement touchée par le chômage.
Cette semaine, le collège François Truffaut, au nord de Hautepierre, prépare ses élèves de troisième aux stages en entreprise. Amel Bellahcene, de l'association D-Clic, est intervenue dans les 5 classes du collège. Ce mercredi 9 octobre, il lui restait deux classes à rencontrer. “Je suis là pour vous aider à trouver un stage en entreprise, annonce-t-elle. Voici mon numéro. Vous m'appelez et on fixe un rendez-vous pour discuter de vos envies et de ce que l’on peut vous proposer.” Provocateur, un jeune garçon lève la main : « C'est votre numéro personnel ?” Eclat de rire général. Mais le calme est très vite ramené par Thierry Kiledjian, le principal de l’établissement depuis septembre.
Mis en place en 1996, le stage de troisième est devenu un passage obligé. Mais pour les élèves de Hautepierre, la tâche s’avère ardue. “Ici, les enfants ont un mal de chien à trouver un stage, confie Nathalie Sommer, la professeure de physique-chimie. Les parents ne travaillent pas forcément, ils manquent de contacts et de conseils. Et puis, quand les employeurs entendent Hautepierre…”, s’arrête-t-elle, laissant planer le sous-entendu.
Une cinquantaine d’entreprise engagées
Fondée en 2008 par d’anciens habitants du quartier, D-Clic est en partenariat avec une cinquantaine d’entreprises qui se sont engagées à accueillir les élèves de Hautepierre. “Pour le collège, c’est un véritable atout, explique le principal, Thierry Kiledjian. Cela permet d’éviter le classique stage chez le coiffeur ou dans le kebab d'à côté.” En effet, les stages proposés par les entreprises sont assez variés : travail dans le bâtiment avec Vinci Construction, dans les énergies durables avec Calitech, la location de voitures avec La clé du temps et même au service des archives du CHU de Hautepierre. “Un enfant issu des quartiers n’aurait jamais eu la chance de faire un stage comme ça sans D-Clic, s'enthousiasme Amel Bellahcene, seule salariée de l’association. Nos bénévoles mettent aussi la main à la pâte. L’un d’entre eux travaille à la tour de contrôle de l’aéroport de Strasbourg. L’année dernière, il a accueilli deux jeunes. Pour eux, c’était une expérience incroyable.” Au total, une vingtaine de collégiens ont sollicité D-Clic l'an passé. Ils ont tous obtenu un stage.
Car le plus souvent, les élèves ignorent tout simplement où chercher. “Les jeunes ont du mal à quitter le quartier, se désole leur professeure Nathalie Sommer. Parfois, ils n’en sont jamais sortis.” Vahe aimerait faire son stage dans un petit restaurant du coin. “Il fait aussi chicha, tente-t-il d’argumenter timidement en face de son principal. Mais je ne sais pas si vous allez accepter.” Effectivement, Thierry Kiledjian désapprouve et renvoie le jeune dépité vers D-Clic. Même refus pour Sumeyra qui voulait postuler dans une maternelle du quartier. Le principal et son équipe éducative préféreraient qu'elle cherche son stage en dehors de Hautepierre.
En attendant un rendez-vous avec Amel Bellahcene, les élèves auront une occasion de plus pour s’orienter grâce au forum des métiers que D-Clic organise au sein même du collège François Truffaut, le 30 novembre prochain.
Gabriel Nedelec
Maxime Le Nagard
Mardi 8 octobre, il est 8h30 et Hautepierre s'éveille doucement. Avenue Tolstoï, en face du centre socio-culturel, « la Passerelle » accueille tous les mois des habitants du quartier pour un petit déjeuner convivial : « C'est avant tout pour créer du lien », explique Laura Bergeret, salariée responsable du pôle adulte/famille du centre. Une table aménagée pour l'occasion incite à la conversation un groupe encore restreint de mères de familles. « Ça commence à s'agiter à partir de 9h », ajoute Laura avec un sourire. Brioche, confiture, pain, beurre, café, lait, chocolat et autant d'odeurs mélangées suffisent pour attirer progressivement les retardataires dans la petite salle de l'association de quartier. Des femmes, retraitées pour la plupart, viennent compléter le groupe des mères de famille. Très vite les conversations s'entremêlent de rires conviviaux.
« Le monde à une table »
Ce petit-déjeuner est aussi celui de la diversité. Italie, Inde, France, Afrique, Maghreb, une quinzaine de femmes et presque autant d'origines différentes. « On a le monde à une table », s'amuse Jeanne Locci, bénévole au centre socio-culturel. Beaucoup trouvent dans ces petits moments un moyen de s'évader de la monotonie des tours de béton environnantes. « Je viens depuis un peu plus de six mois. Mes enfants sont partis et je vis seule à la maille Jacqueline, confie Tchandra, ancienne employée d'une usine de câblage. Je profite de ces moments de rencontre pour discuter avec mes copines. On est comme une petite famille. » Laura acquiesce en bout de table : « Le quartier d’Hautepierre est jeune, mais certaines personnes âgées se retrouvent vraiment seules. On collabore avec le centre médico-social, juste en face. Ils nous préviennent quand ils rencontrent une personne esseulée. On essaye alors de les faire se rencontrer au travers des activités qu’on organise. »
Une occasion de discuter certes, mais surtout de malmener les clichés. Ces dames profitent de la matinée pour comparer leurs scores dans divers jeux vidéo auxquels elles s’adonnent sur internet. « J’ai battu mon record à Candy Crush, j’ai arrêté de jouer à 6h du matin, lance fièrement Rebecca, qui se définit comme l’« africaine » de la tablée. Quand il m’arrive d’être bloquée, je demande de l’aide à des amis canadiens que j’ai rencontrés en jouant. »
« Il ne reste plus rien »
Et si elles viennent partager un petit déjeuner à la “Passerelle”, c’est parce qu’elles ne peuvent pas le faire ailleurs et qu’internet ne suffit pas. Les commerces de proximité ont progressivement disparu dans le quartier. « A l’époque on avait un supermarché, un fleuriste, un coiffeur, un tabac, une banque… Aujourd’hui il ne reste plus rien », se désole Jeanne. Et quand on leur demande où on peut trouver un restaurant ou un traiteur, elles nous répondent de concert : « Nous aussi on se le demande. Il ne reste que le Auchan et puis… Table et culture ». Table et Culture, le restaurant associatif lui aussi géré par le centre socio-culturel, investit les lieux trois jours par semaine. L’unique autre rendez-vous pour partager un repas dans ce quartier.
Au contraire, d'autres éléments découvrent la Nationale 3, comme le jeune Maël Outin. Ce dernier est pensionnaire au Creps de Strasbourg et jouait samedi son premier match en tant qu'attaquant.
Le SUC est actuellement troisième de la poule C, à égalité de points avec l'Alsatia Neuhof et Sennecey. Prochain match pour les hommes de Michel Bigot : le 27 octobre, à l'extérieur, contre l'Entente Sochaux-Beaucourt.
L.B.
Ce samedi 12 octobre, les volleyeurs du SUC ont signé une troisième victoire en autant de matches dans leur championnat de Nationale 3. Cette fois-ci, Mâcon a fait les frais de la forme des Alsaciens, dans le gymnase Adler.
Un samedi soir d'octobre et une salle où le chauffage n'a pas été allumé : tous les ingrédients pour garder une petite laine dans le gymnase Adler. Mais eux, les volleyeurs du Strasbourg Université Club (SUC) étaient sur le parquet en short et en tee-shirt. Ils ont battu à domicile Mâcon sur le plus large des scores (3-0) et en à peine une heure et quart de jeu. « J'ai pu faire jouer tout le monde et il y a une bonne envie dans le groupe, se satisfait le co-entraîneur Michel Bigot. Ce début de saison est une bonne surprise. On est plus au point que ce que je pensais. »
Les promus strasbourgeois, qui jouent pour la deuxième saison consécutive dans le quartier de la Robertsau, ont un objectif clair : viser le haut de tableau. Pour cela, ils peuvent compter sur la présence de joueurs ayant connu des niveaux supérieurs par le passé, notamment en ayant évolué au RC Strasbourg.
D'après Michel Bigot, la présence du Strasbourg UC dans la Robertsau a permis de faire venir des jeunes joueurs au club. (Crédit : Loïc Bécart et François Delencre / CUEJ)
La fête du dernier samedi du mois de Pouratassi est organisée tous les ans chez Krishna Vadivelu. « A certains heures, on baisse le volume, mais jusqu'ici, on n'a jamais eu de soucis. » Mais cette année, les invités ne resteront pas toute la nuit à Hautepierre. Vers 23h30, les Mauriciens se rechaussent et quittent le 13, boulevard Balzac. Ils partent passer une dernière nuit blanche dans un local à Neudorf.
Texte : Raphaël Czarny / Vidéo : Gabriel Nedelec
Après les prières, c'est le moment du repas. Le mois de Pouratassi, qui dure de mi-septembre à mi-octobre, dédié à Krishna, est l'occasion de durcir le régime alimentaire hindou, végétarien : il est d'usage de jeûner en n'ingérant que des plats strictement végétaliens. Au menu ce soir, du riz avec des légumes et des pommes de terre, des concombres à la crème, et un chutney de tomates très épicé.
Une table est rapidement dressée dans l'étroite entrée de l'appartement. Les aliments sont posés à même des feuilles de bananiers. On mange de la main droite (la main gauche, impure, est affectée traditionnellement à la toilette), en poussant la nourriture du pouce dans la bouche.
C'était ce samedi la dernière soirée des fêtes de la déesse Krishna, à Hautepierre, où vit la majorité de la communauté mauricienne de Strasbourg. Après un mois de célébrations hindoues, une vingtaine de membres s'était donnée rendez-vous chez Krishna Vadivelu.
Rendez-vous au quatrième étage du 13, boulevard Balzac. Tenue correcte exigée et obligation de se déchausser sur le palier. On entre chez Krishna Vadivelu en faisant le moins de bruit possible.
Dans son salon d’une vingtaine de m2, une bonne quinzaine de personnes rend hommage aux dieux hindous en alternant mantras et chants folkloriques. Ils sont issus de la communauté mauricienne, qui compterait plus de deux milles membres à Strasbourg
Après avoir commencé par honorer Ganesh, les participants prient les divinités avant de s'adresser au Dieu dont c'est la fête, en l'occurence la déesse Krishna, 8e incarnation de Vishnu.
Vadim est arrivé. A bout de souffle. Mais bien arrivé. « Bien, bien ! », le félicite Marco Scawind, travailleur social au centre de la jeunesse de Kehl. « 1 minute 23, c’est très bien ! » Vadim fait le tour du dernier étage de la Tour de sapin blanc (Weißtannenturm). Halète. « Vous voulez savoir comment c’était ? bredouille le jeune homme entre deux lampées d’air. Essouflant ! »
Vadim fait partie des pionniers à expérimenter la première « Stürm den Turm » - littéralement « Attaque de la Tour » - du centre de la jeunesse de Kehl, une course dans la Tour de sapin blanc de la ville pour les jeunes à partir de 16 ans. Soit 210 marches à monter le plus vite possible avec à la clef des bons d’achat pour les vainqueurs. « On a eu l’idée en voyant ce qui se passait aux États-Unis, explique Marco Scawind. Chaque année, il y a une course dans l’Empire State Building. On s’est dit que ça pourrait être sympa de la refaire...mais ici, à Kehl. Ça fait une activité pour les jeunes et puis ça permet de faire connaître notre centre ! »
« Je n'ai pas les bonnes chaussures »
Quarante-quatre mètres plus bas, c’est au tour de Matthias, 16 ans, de prendre le départ. Juré, il ne s’est pas entraîné spécialement pour l’événement, mais « c’est un grand sportif », sourit son papa, Gabriel. Qui, lui, ne tentera pas l’ascension. « Je n’ai pas les bonnes chaussures », rigole t-il. Le sifflet retentit. Matthias se jette à la conquête de la tour. Il atteindra le sommet en 46,62 secondes, inscrivant le meilleur temps de sa catégorie d’âge (16-18 ans), pas loin du record absolu de la journée, 40,31 secondes.
Au final, quinze personnes auront gravi l’édifice à grandes foulées. « Les jeunes nous ont dit que l’idée était très bonne, ils étaient globalement satisfaits, se félicite Marco Swawind. C’est juste le temps qui n’a pas suivi. La prochaine fois, on le fera sûrement en juin. Il fera bon et il y aura certainement plus de monde. » En attendant, l’été, le centre de la jeunesse a d’autres projets. « On aimerait faire des fêtes en commun avec le Port-du-Rhin… Mais ce ne sont encore que des projets », sourit-il.
Florence Stollesteiner