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Au milieu d'une friche industrielle, Gérard Altorffer, architecte urbaniste, s'amuse à penser librement l'avenir du Port du Rhin. Ses idées tantôt loufoques, tantôt réalistes, pourront inspirer la transformation du quartier. Visite dans son atelier.
La Maison Rouge se dresse derrière Gérard Altorffer. Planté rue du Port du Rhin, l'édifice fait penser à un château aux formes simples et écarlates. Le côté sud s'adosse à une sorte d'échafaudage, le côté nord n'a quasiment pas de fenêtre, à cause du bruit de l'usine en face. Non que le bruit dérange Gérard Altorffer. Au contraire, il aime le vacarme, il aime les grues, les usines et les bateaux - et il aime le Port du Rhin. Un quartier en pleine transformation. Une population triplée à moyen terme, une crèche et un tram franco-allemands : le schéma directeur imaginé par la CUS redessine à coups de grands projets ce territoire transfrontalier.
Depuis des années, l'architecte retraité, responsable de la rénovation de l'ENA à Strasbourg, planche de son côté sur la transformation du quartier. Cependant, ses rêveries ne se matérialiseront peut-être jamais. Tout comme sa Maison Rouge. Il l'imagine en face de la Malterie. Elle restera probablement à l'état d'esquisse sur le mur de son atelier. Une parmi tant d'autres. N'empêche qu'il y met tout son coeur. Dans son antre d'urbaniste-rêveur, il imagine un tram vers Kehl façon toboggan, il voit la Coop devenir un lieu culturel avec une énorme horloge astronomique. Et dans la friche « Schutzenberger », il installerait bien un salon de thé « où l'on venderait des gâteaux et des cactus », dit-il, laissant échapper un petit sourire malin. Gérard Altorffer sait faire preuve d'autodérision.
« Alto » offrira ses idées en janvier
Dessins, scénographies, gammes de couleurs et un grand dragon en fer qui pendille dans la salle - sculpture en fer exposée par son voisin, l'artiste Valentin Malartre - le lieu de travail de Gérard Altorffer, dans un ancien dépôt sur la surface de la Coop, ressemble lui aussi à un atelier d'artiste. Pourtant à la base « Alto »– c'est comme ça qu'il veut qu'on l'appelle – est architecte, mais surtout « urbaniste » dit-il.
C'est un personnage qu'on connaît à Strasbourg. « J'ai des contacts avec des hommes politiques locaux, faits de bas et de haut », dit-il. Retraité depuis cinq ans, cet homme de 72 ans prend encore sa passion très au sérieux. Dans son atelier, des petites tours de magazines d'architecture s'érigent sur plusieurs grandes tables devant un grand mur orange foncé. Le chaos créatif, mais pas sans arrière-pensée. Alto ne détesterait pas se retrouver un jour ou l'autre dans le cercle des gens qui façonnent l'avenir du Port du Rhin. En début d'année prochaine, il compte présenter ses «études» aux candidats aux municipales. « Je crois en l'idée de la démocratie participative où les idées peuvent venir du bas sans qu'il y ait eu de commande », dit-il.
Son premier contact avec le quartier s'est fait il y a une douzaine d'années, quand le candidat aux municipales Luc Gwiazdzinski l'a interrogé sur l'avenir urbanistique de Strasbourg. « Il m'a demandé de lui dessiner un nouveau Port du Rhin et je n'ai jamais arrêté depuis », dit Alto. L'air au dessus du radiateur à gaz papillote à côté de lui. Les mégots dans le cendrier se multiplient.
Des logements dans le port du Strasbourg ?
Pour Altorffer, Strasbourg doit devenir une ville portuaire. La zone du port est une des seules encore exploitables pour l'habitat. « Strasbourg doit se marier avec son port pour grandir », explique celui qui n' a pas peur du bruit. « Ce sont les fous qu'on met au silence. » Alto regrette ce qu'on appelle le zonage. « Je milite pour que tout soit de nouveau sur un seul endroit, le travail, l'habitat et les loisirs ». La mutation du Port du Rhin est, selon lui, l'occasion d'en faire un modèle.
Si la CUS n'est pas emballée à l'idée de mêler installations portuaires et habitat, elle apprécie néanmoins les idées d'Altorffer sur le projet des Deux Rives. « Les idées utopiques, quand on les fait atterrir, peuvent bien nous servir », dit Sébastien Bruxer de la CUS. Le chef de projet de la mission Deux-Rives n'exclut pas de recourir à l'expertise d'Altorffer, une « force vive », comme il dit.
Dans toutes les rêveries de Gérard Altorffer, il y a cependant un endroit que l'architecte ne modifierait pas. La cité Loucheur, un ensemble d'habitats sociaux longtemps délaissé. « Les 1500 habitants de la cité ne sont pas un enjeu », avance l'architecte, sans se soucier du politiquement correct. Ils les considère comme une minorité parmi les nouveaux habitants. Et il pense qu'ils vont profiter des changements en dehors de la cité. Un conflit social entre nouveaux et anciens habitants ? Il n'y croit pas – et se remet à penser un Port du Rhin qui fait rêver – au moins lui, l'idéaliste, dans sa bulle, au milieu d'un quartier isolé.
Verena Hölzl
De la verdure à la place du bidonville
L'organisation non-gouvernementale Médecins du monde vient tous les mercredis à Saint-Gall. Les bénévoles apportent des consultations médicales et des médicaments aux habitants du camp, souvent touchés par des maladies liées à la précarité : problèmes dentaires, mal de ventre, tuberculose, etc. « Espérons que les nouveaux logements amélioreront leurs conditions de vie, personne n’a vraiment envie de rester là, les conditions sont trop précaires, confirme Germain Mignot, coordinateur à l'ONG. Le problème c'est que la Ville ne les consulte pas, ils prendront ce qu'on leur propose, mais quelques semaines avant d'être évacués ils ne savent même pas où ils vont être relogés. »
Pour Dominique Steinberger, président de l'association Latcho Rom, qui défend les droits de ces populations, la fermeture du site ne peut être qu'une bonne chose. « Ce qui sera proposé sera mieux, on en est sûr, on a confiance en la mairie, mais on se demande qui des familles aura le droit d’être relogé ? Quels seront les critères ? Qui sera à l’origine des choix ? On ne peut pas laisser des gens de côté parce qu’ils sont arrivés sur le camp depuis moins de temps, humainement ce n’est pas possible de faire une chose pareille. »
En lieu et place du bidonville sera prochainement installé l'un des projets du Parc naturel urbain (PNU), qui a pour objet de remettre un peu de verdure au cœur de la ville.
Romain Geoffroy
Des rats, de la boue et des morceaux de verre
Mercredi 16 octobre, des habitants du site de Saint-Gall disent avoir reçu la visite de Jean-Claude Bournez, responsable de la mission rom à la mairie de Strasbourg. Il leur aurait annoncé que la fermeture du camp se passerait au cours du mois.
Un soulagement tout de même pour Daniel, 41 ans. Il est en France depuis six mois, il a quitté la Roumanie il y a six ans puis est parti travailler en Espagne. Il cherche aujourd'hui du travail en France, se débrouille, enchaîne les petits boulots non déclarés, notamment dans le BTP. Les conditions d'hygiène sur le camp lui sont insupportables. Avec sa femme ils habitent une caravane de 10 m2. Au pied du lit, un seau recueille les goutes d'eau qui s'infiltrent par le plafond. Les jours de pluie, il est impossible de circuler dans le camp sans ses bottes, à cause de la boue. Les enfants jouent parmi les bouts de verre et les flaques d'eau. Ils sont 130 sur place à vivre dans ces conditions insalubres. « On n'est pas contre la fermeture du site, ça ne peut qu'être mieux, surtout au niveau sanitaire, remarque Daniel. On n'a pas tous l'électricité, des rats se baladent parmi les caravanes. Pour laver nos vêtements on doit aller à une laverie route des Romains qui nous coûte cinq euros par machine, c'est trop cher pour nous. Alors on essaye de garder une hygiène coûte que coûte, mais on est plus dans la survie qu'autre chose. »
Dès le mois de décembre, le musée devrait proposer des visites personnalisées, musicales, contées ou encore un ciné-club.
Romain Geoffroy
Informations pratiques :
Ouverture au public sur réservation dès le 29 novembre 2013
Musée Vodou
4 rue de Koenigshoffen
67000 Strasbourg
http://www.chatodo.eu
visite@le-chateau-d-eau.com
« Dans l'idéal, on voudrait aussi développer des partenariats avec les associations du quartier de Koenigshoffen, assure Bernard Müller. On a aussi prévu de développer des projets scolaires, avec des ateliers à l'année dans le cadre d'un cours par exemple. »
Les visiteurs pourront découvrir près de 200 objets, répartis sur trois étages.
Installés illégalement depuis 2009 derrière le cimetière Saint-Gall à Koenigshoffen, 130 roms seront prochainement évacués du site sur demande de la mairie de Strasbourg. La Ville assure avoir déjà trouvé des solutions de relogement pour ces habitants.
« Le terrain de Saint-Gall occupé illégalement par les Roms depuis plus de trois ans sera fermé avant l'hiver. Dans une ville comme Strasbourg, capitale européenne et siège de la Cour européenne des droits de l'Homme, on ne pouvait plus laisser perdurer un campement comme celui-ci, avec des conditions d'hygiène déplorables. » Eric Elkouby (PS) , adjoint au maire de Strasbourg pour le quartier de Koenigshoffen, tente depuis deux ans de fermer ce camp, installé illégalement sur un terrain de la mairie, entre le cimetière Saint-Gall et les jardins familiaux. « J'ai interpellé à plusieurs reprises les pouvoirs publics, jusqu'au ministère de l'intérieur, et en octobre 2012 il y a même eu une décision de justice qui est allée dans mon sens, en prononçant l'expulsion des roms de ce campement, mais jusqu'ici le maire n'avait pas souhaité l'appliquer. » A quelques mois des élections municipales, la situation semble se débloquer. La circulaire interministérielle du 26 août 2012 – dite circulaire Valls – conseille aux collectivités territoriales d'accompagner les populations évacuées vers un hébergement plus adapté. « Les solutions de relogement ont été cherchées par Marie-Dominique Dreyssé, adjointe à l'Action sociale, donc ce n’est plus mon problème, lâche Eric Elkouby. Ce qui me préoccupe, c’est de pouvoir permettre à ces personnes de vivre dignement et à Koenigshoffen de retrouver son calme. »
Pas d'intervention policière prévue
Depuis 2008, Marie-Dominique Dreyssé (EELV) a pris en main le dossier des Roms et la dizaine de campements situés à Strasbourg. Elle refuse de parler d'évacuation du site de Saint-Gall, elle lui préfère le terme de fermeture. « Ça n'est pas pareil, on n'a pas décidé d'appliquer la décision de justice, il n'y aura pas de policiers sur place pour évacuer les gens. La fermeture se fera avec l'accord des habitants sur place, on ne les lâche pas dans la nature. On aurait pu fermer le camp il y a deux ans, mais on ne trouvait pas de solution de relogement, aujourd'hui on a une solution provisoire jusqu'au printemps prochain, puis on les installera sur un site plus pérenne dans un deuxième temps. »
Éviter aux chevaux âgés ou réformés de finir à l’abattoir. C’est l’objectif de l’association strasbourgeoise Au Pré de mon cheval, qui essaye par tous les moyens d’offrir une retraite paisible aux pensionnaires du Club équestre de Strasbourg. Un objectif mis à mal par la crise... et par le mauvais temps.
On croyait que le difficile financement des retraites n’était que l’apanage des êtres humains. Et pourtant, dans le milieu équin aussi on serre les dents. Ici, pas de banderoles, de grandes manifestations ou de slogans, mais des associations qui grimacent. « On est clairement en difficultés financières, soupire Carole Nominé, présidente d’Au Pré de mon cheval, qui œuvre pour que les chevaux réformés et retraités du Club équestre de Strasbourg aient le droit à une retraite paisible dans des familles d’accueil ou chez des particuliers. On a eu pas 1000 euros de frais de vétérinaire et d'équarrissage, car deux chevaux sont morts cette année. Sachant que notre budget annuel est de 7000 euros, que l'entretien d'un cheval c'est parfois presque 1000 euros par an et que nous en avons 9 à gérer en ce moment, ça représente une somme énorme pour nous ! »
Sans compter sur la crise et le mauvais temps. « Le foin a beaucoup augmenté… Et on a dû en donner plus qu’à l’accoutumée cette année, car avec le froid et la pluie les chevaux en attente d’une famille d’accueil sur un pré à Meistratzheim (à 5 km d’Obernai, NDLR) n’ont pas eu assez d’herbe. On a aussi eu un hiver très froid, il a fallu acheter des couvertures pour tous nos pensionnaires. »
« Les gens veulent un cheval pour monter, pas un cheval vieillissant »
Du coup, l’association multiplie les actions : stand au centre équestre pour se faire connaître hier après-midi, soirée annuelle (le 16 novembre prochain)… et même vente de photos des chevaux en attente de placement. « On a beaucoup de mal à trouver des familles d'accueil. Les gens veulent un cheval pour monter, pas un cheval vieillissant, observe Carole Nominé. Les poneys sont plus faciles à placer : ils mangent moins, ils ont un capital sympathie énorme… C’est vrai qu’on manque aussi de temps pour trouver des familles d’accueil. Et de bénévoles pour nourrir les chevaux au pré. »
Heureusement, l’association peut compter sur sa centaine d’adhérents et sur le bouche à oreille - « on commence à être de plus en plus connu », se réjouit Carole Nominé. Et sur des valeurs sûres. « Pour le pré à Meistratzheim, on a un bail de 99 ans. De ce côté là, on est tranquille ! »
Florence Stollesteiner
Sashina Vignes-Waran, championne de badminton, est en pleine préparation pour les Yonex Internationaux. (Vidéo: Judith Kormann/ CUEJ)