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Les amateurs se retrouvent dans le quartier, sur la bien nommée "île aux pêcheurs", aujourd’hui située à Ostwald, pour partager un moment en famille et entre amis. Plus loin, près du pont de l’Elsau, c’est un des nombreux agriculteurs du quartier qui profite de l’Ill pour faire boire et laver ses chevaux avant de retourner au labour. 

En ce XIXe siècle, le canal est encore le moyen le plus pratique et le moins cher pour le transport des marchandises. Sur l’eau, le trafic le plus important reste industriel. En remontant vers le nord du quartier, on s'écarte le long du canal de la Bruche pour laisser passer les ouvriers tirant leurs barques, chargées de pierres de grès rose destinées à l’entretien de la cathédrale, de fourrage ou de tonneaux de vins. Ici, le canal est trop étroit et l’eau trop peu profonde pour ramer. Alors il leur faut poser le pied à terre, attacher une corde au bateau et marcher jusqu’au quai de la Flassmatt, où toutes les marchandises sont débarquées. Les bateaux, trop petits et trop chargés pour emprunter l’Ill, risqueraient de chavirer. Blessée au flanc, la barque de notre batelier passera par l’atelier de Daniel Grieser, restaurateur de bateaux7, avant de repartir.

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Carte postale de l’île aux pêcheurs, 17 novembre 1903. © Collection Jean Paul Meyer

En 2018, Dursun Asan décède. Il avait préparé sa succession en regroupant toutes les activités dans une holding, où sont associés les quatre fils. Salih s’occupe aujourd’hui de la branche "centrale d’achat" du groupe créée en 2005. Ses trois frères se répartissent les différents points de vente. La troisième génération Asan prend aujourd’hui le relais. Ahmed gère le Pro-Inter de Schiltigheim, Erkam a hérité des parts de son père Selman, décédé en 2011. À travers sa société Centerkam, il possède trois supermarchés dans le Haut-Rhin et celui de Bessoncourt.

Difficile de répertorier et de cartographier toutes les branches du groupe, réparties entre les enfants et les petits-enfants. D’autant que les derniers comptes publiés datent de 2018.

Mi-novembre, les rayons du Auchan de la route de Schirmeck commençaient à se vider.    © Alizée Grides

Le quartier des canotiers

Loin de la baignade et du repos, ce sont surtout les travailleurs qui percent les flots du faubourg. Le XIXe siècle est celui du développement du quartier, particulièrement prisé des bateliers et des ouvriers de l’eau. Parmi eux, Suzanne Goetz4 travaille à la blanchisserie Gall, située dans l’actuel Murhof, l’une des principales industries du quartier. Elle permet à des bourgeois venus de toute la ville de faire laver leur linge sans se rendre aux lavoirs publics qui jalonnent les rues de la Montagne-Verte. Deux siècles plus tôt déjà, les paysans asservis amenaient ici, trois fois par an, la lessive de leurs seigneurs. À quelques pas seulement, on aperçoit des pêcheurs à bord de leurs barques. Ils sont cinq professionnels pour ce seul quartier en 18465, remontant chaque jour écrevisses et poissons sur leurs barques à fond plat. Parmi leurs prises, des carpes, ingrédient principal de la matelote, spécialité des restaurants du quartier comme le Fischotter, au 169 de la route de Schirmeck6.

 

Onze Pro-Inter sont implantés en Alsace et dans le Territoire de Belfort, mais l’entreprise est née ici, au 206 route de Schirmeck. Le fondateur, Dursun Asan, arrive en France en 1974, à 27 ans. Dix ans plus tard, il achète une épicerie avenue du Neuhof pour 110 000 francs et en 1992, il fonde Produits Internationaux, ou Pro-Inter, avec ses quatre fils Souleyman, Salih, Selman et Salim. Ce premier supermarché va en amener d’autres. Pro-Inter se revendique aujourd’hui comme une "référence régionale". "Le papa était boucher, il avait un local bidon, maintenant le groupe joue dans la cour des grands", résume Hakim*, un habitant du quartier qui connaît bien la famille.

© Alizée Grides et Mathis Nicod-Frey 

L'Emmaüs de la Montagne-Verte a ouvert en 1971. Crédit : Iris Pavie

Au XIXe siècle, la Montagne-Verte est un quartier apprécié des Strasbourgeois, notamment grâce à la vie autour de ses cours d’eau. Retour à l’époque où la montagne était bel et bien verte.

Le rouge des poivrons, le vert des courgettes et les affiches jaunes des promotions contrastent avec le ciel gris de ce samedi 9 novembre. Une fois par mois, durant trois jours, un gros arrivage de fruits et légumes transforme l’entrée du Pro-Inter de la Montagne-Verte en un marché à ciel ouvert. Un balai de voitures défile dans la petite rue qui mène au supermarché. Ce samedi, cet espace de 500m2 va attirer "entre 1 000 et 2 000 clients", selon la responsable du magasin.

Fatima, Nadia et leurs deux amies tirent chacune un chariot. Elles viennent toutes les semaines, ensemble, "pour les fruits et légumes, parce que c’est moins cher". Des mangues du Brésil vendues 1,50 euro l’unité, comme le kilo de patates douces importées d’Egypte ; le kilo de pommes de terre à 70 centimes, les tomates à 2 euros. Des prix qui défient toute concurrence.

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