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La Montagne-Verte a vu fleurir une deuxième enseigne début 2023, au 269 route de Schirmeck. Le modèle est éprouvé : produits importés, large boucherie au fond du magasin. Derrière la vitrine d’environ 15 mètres de long s’affairent trois bouchers.
Sur le parking, Samira, aide-soignante venue des Poteries, charge son coffre de deux cabas pleins : "C’est moins cher que les grandes surfaces, et nous on mange halal. En plus il y a des promos si on achète de la viande en gros". "On doit faire le calcul tout le temps", lâche Dani, venu de Lingolsheim. Le paysagiste, barbe rasée de près et bonnet jaune sur la tête a deux garçons de 13 et 15 ans à nourrir. Lui aussi vient à Pro-Inter pour les tarifs attractifs. Mais à la sortie, il montre son ticket en faisant grise mine : 90 euros pour deux sacs plastiques pleins. Hakim confirme : "Pro-Inter, c'est comme tout, c'est devenu cher. Surtout que moi, si je fais un barbecue, je n’y vais pas, je préfère les bonnes merguez du traiteur."
"Je suis très triste, c’est mon magasin préféré. Ils avaient un rayon sans gluten et ma fille ne mange que ça", déplore Imma Rosiello, une autre habituée.
Silence, ça poussera
Mais le week-end, ses chemins se gorgent de badauds, venus à pied, en calèche ou en barque. La plupart se rendent dans une des auberges construites au bord des nombreux cours d’eau qui traversent la zone. Particulièrement prisée : l’auberge de la Tour Verte, aujourd’hui station essence, constitue alors le cœur névralgique de la Montagne-Verte. Selon l’historien Louis Schneegans (1812-1858), c’est même elle qui lui aurait donné son nom.
Le faubourg englobe alors le quartier de l’Elsau et la ville d’Ostwald, jusqu’au Canal du Rhône au Rhin à l’est3. Pour profiter de l’eau, beaucoup s’arrêtent aux bains du Herrenwasser, en face de l’île Weiler, aux abords de laquelle les rameurs du club d’aviron Stella commencent leur entraînement. Sur l’Ill, des joutes nautiques tranchent avec la paisibilité ambiante. Une tranquillité qui pousse même certains Strasbourgeois à y bâtir leur maison de campagne.
"C'est un bout de la vie du quartier qui s’en va avec cette triste décision. J’aimais bien venir ici. Le rayon des produits locaux était vraiment super pour faire attention à notre consommation, acheter des produits d’ici", affirme Laurent, encore hébété par la nouvelle. À quelques semaines de la fermeture, dans les allées, les rayons sont déjà dégarnis, avec des étagères et des palettes laissées vides. La fermeture est un choc pour les clients.
La viande halal, un point fort