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Quand il n’était pas dans le jardin, Guy jouait dans le quartier avec d’autres enfants. Il se rappelle un événement qui lui a valu les foudres de son grand-père : “On allait sur les rails avec d’autres enfants, on y mettait des cailloux ou alors des pièces de monnaie pour les aplatir. Des trains de marchandises passaient. Mais une fois, les gendarmes sont venus chez mon grand-père. On s’est tous bien fait engueuler !”
En 1979, le grand-père de Guy décède. Afin que la maison reste dans la famille, il vient y habiter avec sa femme. Dans la foulée naît Julien, leur premier enfant : “Quand on est rentrés de l’hôpital, l’électricien faisait encore des travaux." Deux ans plus tard suivra Vincent, et enfin Charlie. Entretemps, le quartier a beaucoup changé. L’autoroute A4 est venue couper l’accès à Schiltigheim, rendant le quartier plus bruyant.
Un été, au début des années 1990, toute la famille se rassemble pour construire une piscine. Bricoleur, il transmet à ses enfants son passe-temps : “Ils allaient dans le jardin, ils faisaient des cabanes. Mes marteaux disparaissaient, j’en rachetais tout le temps. Il y en a sûrement qui sont encore enterrés aujourd’hui.”
Le 9 octobre 2019, l'Eurométropole de Strasbourg, l'État et l'Agence nationale pour la rénovation urbaine ont signé une convention pour la mise en œuvre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Cronenbourg est l'un des sept quartiers qui bénéficie du nouveau dispositif. Il vise à améliorer l'égalité sociale et urbaine des quartiers en difficulté en promouvant le développement économique et l'emploi, la cohésion sociale et l'amélioration du cadre de vie. Une concertation citoyenne a déterminé des pistes de travail, parmi lesquelles la volonté de maintenir les commerces de proximité existants et inciter de nouveaux commerces à s’implanter. Ce NPNRU vise "à améliorer les surfaces commerçantes déjà existantes, qui correspondent aux besoins de la population", résume Lucie Rigourd, chargée de mission commerce et développement local auprès de l'Eurométropole de Strasbourg.
Le Marché-Gare
Durant son enfance, Guy résidait au centre ville de Strasbourg avec ses parents et ses deux soeurs. Roger, son père, avait repris l’étude d’huissier familiale. Cependant, c’est au 7 rue de Kuttolsheim qu’ils passaient tous leurs week-ends. “On pouvait aperçevoir Shilick [Schiltigheim, NDLR] au loin”, se souvient-t-il.
Les réunions de famille étaient synonymes de détente, mais aussi de travail. Son grand-père lui faisait arracher les mauvaises herbes dans le jardin. "Qu’est-ce que c’était chiant ! se rappelle le retraité, sourire aux lèvres. Mais à 16h précises, c’était toujours pause tartines beurre et sucre, avec un verre de limonade.”
Grâce aux nombreuses photos d’archives gardées dans d’imposants classeurs et aux témoignages de ses aînés, Guy assemble les morceaux du récit familial, notamment ceux de la deuxième Guerre mondiale qu’il n’a pas connue. La famille Eberhardt possède une maison à Quiberon, en Bretagne. Au début de la guerre, elle s’y réfugie. “Avant de partir à Quiberon, mes grand-parents avaient enterré toutes les bouteilles de vin, pour que les Allemands n’en profitent pas” raconte Guy.
C’est la demeure de Guy Eberhardt, 66 ans. Il y vit depuis 40 ans avec sa femme Patricia. C’est une maison de famille, au sens propre du terme. En 1932, son grand-père, Joseph Eberhardt, huissier de justice, l’a faite construire (voir photo). Selon Guy, son grand-père fut “l’un des premiers à avoir une voiture privée à Strasbourg”. À l’époque, ce qu’on appelle aujourd’hui le quartier de “l’ancien abattoir” ne comptait qu’une poignée de maisons. L’autoroute construite en 1972 à quelques centaines de mètres n’existait pas. Tout comme le Marché Gare, pôle majeur d’acheminement de la nourriture à Strasbourg, ouvert en 1965. Enfin, l’abattoir ne verra le jour qu’en 1968, avant d’être remplacé par l’enseigne Ikea en 1999.
8h45. Le Marché-Gare commence à être déserté par les véhicules de livraison des différents grossistes. Les immenses espaces de béton se vident, le travail administratif continue. Le Marché-Gare est destiné aux professionnels, mais certains grossistes accueillent aussi des particuliers. "Ils ont l’impression d’avoir un produit de meilleure qualité parce qu’ils viennent à la source, explique le directeur de la Samins. Ce n’est pas satisfaisant comment on les accueille, mais ils contribuent à la notoriété du MIN." Un marché couvert devrait voir le jour en 2021 pour améliorer l’accueil des particuliers.
Amélie Rigo, Chi Phuong Nguyen et Killian Moreau
Au quartier de l’ancien abattoir, Guy Eberhardt narre l’histoire de la maison familiale, construite il y a presque cent ans par son grand-père. Enfant, il y a passé ses week-ends, puis l’a habitée à l’âge adulte. Aujourd’hui âgé de 66 ans, ce Cronenbourgeois vit toujours au 7 rue de Kuttolsheim.