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12/09/18
12:00

Twitter victime de sa propre politique sur la liberté d'expression

La popstar américaine Ariana Grande a été visée par de nombreux messages injurieux sur les réseaux sociaux ce week-end, dont Twitter. Un cas non isolé, qui illustre les limites de la politique de modération de la plate-forme.

Une simple photo du rappeur MacMiller en noir et blanc sur Instagram. Voilà la seule réaction d’Ariana Grande à la disparition de son ex-compagnon, victime d’une overdose vendredi 7 août. Malgré cela, la chanteuse américaine a reçu une vague de commentaires haineux sur le net durant le week-end, la tenant responsable du décès. Sur Twitter et Instagram, où elle compte 128M d’abonnés, des messages violents se regroupaient sous l’explicite hashtag #ArianaKilledMac (« Ariana a tué Mac ») : « Elle l’a assassiné. J’espère qu’elle peut vivre avec ça. », « C’est fou parce que tu l’as vraiment tué »

Tous ses commentaires Instagram supprimés

L’interprète de « Problem » s’était séparée du chanteur en mai dernier. Elle avait déjà eu à subir l’ire des réseaux sociaux lorsque celui-ci avait causé un accident de la route après une conduite en état d’ivresse. « Je ne suis pas sa baby-sitter ni sa mère et aucune femme ne devrait avoir à ressentir qu’elle doit l’être », avait-elle répondu à l’époque. Après les funestes événements de la semaine passée, elle a préféré bloquer tous les commentaires sur son compte Instagram, où elle compte 128M d’abonnés, pour effacer les traces de la tempête.

Sur Twitter en revanche, un tel filtre n’est pas possible. Et les débordements sur cette plate-forme peuvent parfois prendre une très mauvaise tournure. En décembre 2017, l’actrice pornographique canadienne August Ames a été retrouvée pendue chez elle, à seulement 23 ans. Elle subissait depuis quelques jours une violente campagne d’injures sur Twitter. Plus proche de nous, la journaliste Nadia Daam y était devenue en novembre 2017 la cible d’internautes véhéments après une chronique sur Europe 1 et avait reçu des menaces de mort. Deux de ses cyber-harceleurs ont été condamné à 6 mois de prison avec sursis en juillet 2018. Plus récemment, l’humoriste français Issa Doumbia a annoncé son départ de ce réseau. Il a justifié son choix de quitter ce qu’il surnomme « haine land » : « Tout va bien, je n'ai eu aucun problème, c'est juste devenu un lieu de haine. Et moi j'aime les gens. Donc, pas compatible. »

Twitter : une liberté d’expression revendiquée

Les débordements répétés sur le réseau à l’oiseau bleu posent nécessairement la question de sa modération. Contrairement à Facebook, Youtube ou Instagram, il est impossible de supprimer les réponses à ses messages sur Twitter, mais seulement de les signaler, à l’issue d’un processus fastidieux et n’aboutissant pas forcément. Se voulant à la pointe de la liberté d’expression, la plate-forme aux 335 millions d’utilisateurs actifs par mois tolère beaucoup de contenu interdit ailleurs : de la nudité, de la violence légère, mais aussi des opinions politiques tendancieuses. Preuve en est, le réseau a attendu un mois de plus que ses rivaux pour bannir définitivement le compte du complotiste Alex Jones. Cet Américain avait notamment qualifié de « mise en scène » la fusillade de Sandy Hook, qui avait fait 26 morts en 2012. Le PDG de Twitter Jack Dorsey s’était justifié au sujet de cette décision, mettant en avant la nécessité de « servir au mieux le débat public. ».

Une modération débordée

Les publications sur la plate-forme sont pourtant théoriquement soumises aux conditions d’utilisation du site. Entre autres, il est interdit de publier de la violence explicite, de l’incitation à la haine, des menaces ou du harcèlement ciblé. Mais, victime de sa supposée plus grande liberté d’expression, Twitter se laisse parfois déborder : il arrive que sa modération laisse passer des propos complotistes, racistes ou sexistes.  Surtout que sa facilité et sa rapidité d’utilisation permet aux internautes de s’exprimer en masse sur tous les sujets, ce qui donne une ampleur sans précédents aux déferlements de haine en ligne.

Jared Gaut, administrateur du site, a récemment reconnu les nombreuses erreurs commises par Twitter : « Le sentiment que nous prenons la difficile et juste décision de rester neutres est faux. Notre inaction fait taire des voix et empêche des conservations. » Son avis est désormais partagé par la plupart des têtes pensantes de l’oiseau bleu, à commencer par Jack Dorsey, qui a rétropédalé sur ses précédents propos dans une interview à NBC : « Je crois que nous avons pris du retard et que nous avons été trop lents pour traiter un certain nombre de problèmes ». Ce n’est pas Ariana Grande qui dira le contraire.

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