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Les Vingt-Sept n’ont pas accordé le statut de candidat au pays du Caucase, notamment à cause de son système judiciaire opaque. 

Les exploitations agricoles vivotent

Teona Rostomashvili et Tamazi Valishvili rencontrent cette difficulté à leur échelle, depuis leur installation à Argokhi en 2007. Les conditions de travail sont rudes : les parents de deux enfants de 8 et 11 ans, disent ne pas compter leurs heures, du petit matin jusqu'à minuit parfois. Pour faire face aux aléas, le couple mise sur une multiplicité de petites productions : vaches laitières, cochons, chèvres, ruches, vignes, légumes et fruits. «  Il faut nécessairement être polyvalent. Si tu rates une de tes productions, tu as toujours les autres pour te rattraper  », explique l’agriculteur.

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Anna et Otari Korbesashvili ont vu Jimi, un de leurs fils, partir pour Tbilissi. © Luise Mösle

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Les familles d'Argokhi possèdent souvent quelques bêtes et une parcelle de légumes, majoritairement pour leur consommation personnelle, comme ici chez Teona et Tamazi. © Luise Mösle

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L'école maternelle d'Argokhi se situe à deux pas de l'école primaire qui accueille cette année 22 élèves de la première (équivalent du CP) à la neuvième classe (3ᵉ). © Nils Hollenstein

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Teona Rostomashvili est née à Argokhi et travaillait à l'école maternelle du village avant de s'impliquer à temps plein sur la ferme. © Nils Hollenstein

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Tamazi Valishvili et son fils Valeri récoltent des blettes pour une association agricole dont la famille fait partie. © Nils Hollenstein

Cela est d’autant plus vrai pour lui qu’il est assuré d’hériter de la ferme. La tradition privilégie l’aîné masculin de la famille lors de l’héritage. Sa sœur Mariami, tout juste majeure, n’a pas la même possibilité. Elle prévoit de partir à Tbilissi pour commencer des études de commerce. Leur histoire familiale s’inscrit dans une pratique plus générale qui désavantage les femmes, beaucoup moins souvent propriétaires de terres que les hommes en Géorgie.

Malgré cet héritage garanti, Giorgi se voit tout de même obligé de partir pour réaliser son projet. « Après l’école, j’irai à Tbilissi pour me faire de l’argent, mais je ne me vois pas y vivre. Entre quatre murs, j’aurais l’impression d’être emprisonné. »

Nils Hollenstein
Luise Mösle

avec Lile Samushia

Ces petits volumes ne font pas le poids face aux importations massives de denrées agricoles. Ces dernières sont favorisées par les accords de libre-échange conclus notamment avec la Russie en 1994 et la Turquie en 2009. Résultat : malgré son potentiel agricole, la Géorgie importe la majorité de ses aliments. « Les importations de blé russe et de lait en poudre de Turquie et d’Iran font baisser les prix et rendent nos produits trop chers sur le marché », déplore Tamazi. Début 2022, la Géorgie importait 95 % de son blé et de sa farine de blé de Russie.

Teona et Tamazi espèrent toutefois élargir leur exploitation pour pouvoir garantir un futur stable à leurs enfants et prévoient de construire une ferme plus grande à l’extérieur du village. « J’ai déjà installé l’eau et l’électricité. Ici je projette de construire l’étable, là une maison et derrière, dans la rivière, je pourrais installer un élevage de saumons géorgiens », esquisse Tamazi, confiant. Pour réaliser ce projet, il lui manque surtout de l’argent. « Le gouvernement ne propose pas de soutien adapté aux jeunes agriculteurs », critique-t-il.

Génération Z

Pourtant, il existe une jeune génération qui rêve de faire sa vie à Argokhi. Giorgi, 14 ans, aimerait bien reprendre la ferme de ses parents. Ce dimanche matin, il profite des premières heures du soleil après de longues journées de pluie, pour ramasser de la luzerne pour leurs vaches. « J’aime bien le travail physique, c’est ce que mon père et moi avons toujours fait », dit-il, appuyé sur le manche de sa fourche. Lucide, il garde pourtant espoir : « Les choses s’arrangeront à l’avenir pour ceux qui restent. »

À Argokhi, l’agriculture reste l’activité dominante mais les bénéfices qu’elle génère sont, eux, insignifiants. En Géorgie, 93 % des exploitations s’appuient sur une agriculture familiale et de subsistance et permettent de dégager un tout petit revenu. Les fermes d’Argokhi n’y font pas exception, avec des denrées qui n’ont que peu accès aux marchés des grandes villes comme Tbilissi.

Les exploitations agricoles vivotent

Teona Rostomashvili et Tamazi Valishvili rencontrent cette difficulté à leur échelle, depuis leur installation à Argokhi en 2007. Les conditions de travail sont rudes : les parents de deux enfants de 8 et 11 ans, disent ne pas compter leurs heures, du petit matin jusqu'à minuit parfois. Pour faire face aux aléas, le couple mise sur une multiplicité de petites productions : vaches laitières, cochons, chèvres, ruches, vignes, légumes et fruits. « Il faut nécessairement être polyvalent. Si tu rates une de tes productions, tu as toujours les autres pour te rattraper », explique l’agriculteur.

Alors que la famille consomme la plupart de sa production agricole, Teona explique qu’elle parvient tout de même à tirer un peu d’argent de la vente de produits laitiers. Le fromage qu’elle fabrique dans sa cuisine est avant tout commercialisé à l’échelle du village et ne permet pas d’assurer un revenu élevé. Elle explique que le prix doit « rester accessible pour les gens du village ayant un petit budget ». Un kilo de fromage acheté chez Teona coûte donc entre douze et quinze laris (4,40 à 5,50 euros), selon la saison.

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