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Adoptée en 2011 par le Conseil de l’Europe, la convention d’Istanbul est l'instrument le plus complet de lutte à l’échelle internationale contre les violences faites aux femmes et les violences domestiques. L’accent est mis sur la prévention, la protection des victimes et la poursuite des criminels. A l’échelle de l’UE où une femme sur trois est victime de violence, l'application du traité permettrait un alignement des politiques des États membres.
“L’absence de ratification est une gifle aux femmes battues et aux valeurs de l’UE”, s’est exclamée l’eurodéputée italienne Isabella Adinolfi (PPE, droite) dans l’hémicycle ce mardi. Alors même que l’Union européenne a dévoilé une stratégie en matière d’égalité homme-femme d’ici à 2025, elle n’a toujours pas ratifié le premier traité international contraignant dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Le Parlement européen fait pression pour que l'Union européenne adhère enfin à la convention d’Istanbul, texte majeur dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Une énième tentative pour les eurodéputés de convaincre les États membres conservateurs qui ne l’ont pas fait.
Les manifestants ont enjambé la balustrade dans la tribune des visiteurs. © Célestin de Séguier
« Je me remets toujours en question en me demandant, qu’est-ce que j’ai mal fait ? Peut-être que si j’avais fait ça comme ça les choses se seraient passées différemment… » Chloé dit pouvoir « comprendre » l’irritabilité de certains patients. « C’est presque une forme de maltraitance envers eux, il nous faudrait plus de temps à leur accorder », souhaite-t-elle.
Déborah Ridel l’a constaté lors d’une enquête ethnographique menée de 2016 à 2018 dans deux services d’urgence d’hôpitaux du nord de la France. « Les deux choses principales qui vont à l’encontre des valeurs d’hospitalité et d’accueil inconditionnel que les soignants donnent à leur travail sont : la violence des gens comme vous et moi, et la violence que les soignants pensent infliger à leurs patients. »
« Le problème vient du manque de moyens et de personnels »
Valérie, Annick, Farah, Sabine, Chloé, Florent sont unanimes. A la question « Que faire pour que la violence des patients sur les soignants diminue ? », ils répondent en chœur : « Plus de bras ! ». Augmenter les effectifs permettrait selon eux une meilleure prise en charge en libérant du temps pour expliquer, discuter, humaniser les soins.
Mais c’est la réponse sécuritaire qui prédomine aujourd’hui dans les politiques publiques. Un « pansement sur une jambe de bois », selon Déborah Ridel. « Le problème vient d’un déficit de moyens, d’un manque de personnel. La meilleure façon de réduire les violences, c’est la parole. » Et pour parler, il faut du temps. Invitée à la concertation gouvernementale cette semaine, la sociologue a fait entendre sa voix. La ministre Agnès Firmin Le Bodo a annoncé « un plan d’action pour ceux qui nous soignent avant l’été ».
Louise Llavori
Édité par Baptiste Candas
Les députés européens ont adopté à une large majorité, un accord de partenariat volontaire entre l’UE et la Guyana pour la protection des forêts amazoniennes. Objectif : réduire l’exploitation illégale des bois tropicaux et l’orpaillage non encadré dans ce pays d’Amérique du Sud qui compte 800 000 habitants, dont 41 % vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Un enjeu de taille alors que les forêts recouvrent 87 % du territoire.
De nombreux gisements de minerais d’or sont en effet présents dans les sols forestiers guyanais. Ces techniques aurifères sont un fléau pour l’environnement car l’utilisation du mercure est au cœur de l’extraction de l’or. Ce mercure est ensuite rejeté dans le milieu naturel, polluant les sols et les rivières. Pour rappel, l’or joue un rôle central dans l’économie guyanienne, représentant 73 % de ses échanges avec l’étranger. Cet accord fait suite à celui de 2018 sur la légalité des produits du bois guyanien disponibles en Europe. Ce dernier contribuait déjà à lutter contre l'exploitation forestière illégale.
« Quand c’est des gens comme vous et moi, c’est plus pesant », admet Chloé. Au cours de sa scolarité, l’infirmière berrichonne a effectué un stage aux urgences, troisième service déclarant le plus de violences à l’échelle nationale en 2021 selon l’ONVS, après la psychiatrie et la gériatrie. « Je vais donner un exemple banal : je faisais des soins dans un box à l’écart et un autre patient est entré, impatient. Je lui ai demandé de sortir et il m’a insultée, puis est allé se plaindre de moi à mes collègues. »
Les insultes et menaces sont devenues quotidiennes aux urgences selon Florent Cretin, responsable CFDT aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et ancien personnel hospitalier. Chargé de la collecte des déchets, il est « beaucoup, beaucoup intervenu dans les milieux de santé ». « Aux urgences, ça démarre par une grosse animosité. Les gens pensent être pris en charge immédiatement à leur arrivée, que ça va être rapide. » Mais les délais sont parfois longs et incertains, provoquant colère et impatience. « Aux urgences pédiatriques de Hautepierre, des parents avaient fini par briser la vitre en verre sécurisé du poste d’accueil », se souvient Florent.
Un problème systémique
« Les urgences ont un rôle particulier de coordinateur entre la médecine de ville et la médecine hospitalière », avance Déborah Ridel. La sociologue et chercheuse à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique de Rennes est l’autrice d'une thèse sur la violence subie par les soignants aux urgences.
Elle poursuit : « Elles sont prises en étau entre ces deux entités, qui sont elles-mêmes en souffrance. Un patient n’est jamais agressif pour rien. C’est la résultante d’un processus : inquiétude générée par la situation, coup de fil au généraliste qui se passe mal, renvoi vers un généraliste à l’arrivée aux urgences,… » Un problème systémique donc, aux conséquences très réelles sur les soignants.
Sans verve ni verbe, Agnès Firmin Le Bodo se fend d’un message laconique sur Twitter : « Lancement ce jour de la concertation nationale sur les violences faites aux professionnels de santé avec leurs représentants. » La ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé honore jeudi 16 février une promesse faite à l’automne.
Elle suivait la parution du rapport 2022 de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), qui recensait alors 24.562 professionnels victimes d’agression physique ou verbale en 2021. Dans une enquête Odoxa également parue à l’automne, ils étaient 37 % des personnels de santé interrogés à déclarer être « souvent » confrontés à l’agressivité physique de certains patients.
« 37 % ? Franchement ça ne m’étonne pas, je m’attendais à plus », répond du tac au tac Chloé, infirmière dans un établissement médical privé de l’Indre. La soignante de 23 ans travaille aujourd’hui dans un service plutôt épargné par la violence des patients, bien qu’il n’en soit pas exempt. « La semaine dernière encore, un patient dément a voulu lever la main sur moi. Il souhaitait bouger son bras alors que c’était dangereux pour lui. Je lui ai interdit et il m’a serré très très fort le poignet. »
Des patients souffrant de troubles psychiques dans 20 % des cas
Dans les soins hospitaliers, une partie de la violence provient de patients souffrant de troubles psychiques ou neuropsychiques (TPN). C’est en moyenne 20 % des atteintes aux personnes recensées en 2021 par l’ONVS. Sabine, aide-soignante au centre hospitalier de Molsheim, se souvient de cette patiente âgée qui l’a mordue à la poitrine alors qu’elle l’installait dans son fauteuil roulant. « Sur le moment, j’ai eu mal, et puis c’est véridique : elle avait 100 ans et encore ses vraies dents ! » La professionnelle de santé en rit de bon cœur aujourd’hui. Comme Chloé, elle excuse plus facilement ces violences « non volontaires ».