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21h
Le bruit de la pluie résonne dans la nuit. Portés par le vent, des éclats de voix se font entendre. Quatre clients du food truck, situé sur le parking du 15, rue des Frères-Eberts, rigolent avec Mehdi Belabassi. “Je ne suis pas d’ici mais je viens pour la qualité”, confie un jeune Illkirchois en attendant sa commande sous le toit en tôle. Le patron de 24 ans écrase un steak sur la plaque de cuisson - c’est le concept du smash burger. “Je suis le cinquième restaurant de ce type à Strasbourg… et le meilleur !, se vante-t-il.
Installé depuis deux semaines dans la Plaine des Bouchers, le jeune homme a connu un bon début grâce à des vidéos relayées par Nasdas, un influenceur suivi par 5,6 millions de personnes sur Snapchat. Mehdi n’est pas le seul à avoir lancé son affaire : “Depuis quatre ans, des restaurants s’implantent ici”, assure-t-il. Une centaine d’entreprises de restauration sont installées dans le secteur, selon la Chambre de commerce et d’industrie d’Alsace Eurométropole. “Chaque jour, quelque chose ouvre !”, confirme son frère avant de lancer : Mettez un snap et un avis Google !”
En journée, la Plaine des Bouchers ne semble rythmée que par l’activité des entreprises. Mais une fois la nuit tombée, la zone industrielle change de visage : fêtards et clients des restaurants lui donnent un autre souffle. Balade nocturne un vendredi soir de novembre.
Propos recueillis par Lisa Delagneau
Édité par Max Donzé et Julie Lescarmontier
En master de droit, Noah attend l’ascenseur d’une bibliothèque, il se souvient de ce soir du Nouvel An. Il venait d’avoir 18 ans. À l’heure des derniers tramways, « on courrait derrière le tram, à la Laiterie, au sud de Strasbourg, pour ne pas le rater. J’étais avec quatre ou cinq copains. Des policiers nous ont alors contrôlés, parce qu’on courait. » Juste à côté, son ami, qui lui, est blanc, l’écoute ahuri. Ce genre d’histoires, ce n’est pas du tout sa réalité. Même si Noah dit se sentir « plutôt » en sécurité à Strasbourg, il fait toujours attention. Comme tous les jeunes de son âge, il connaît quelqu’un qui a déjà été contrôlé, plus ou moins violemment. Il y a trois jours, il est allé chercher un ami qui aurait passé « trois heures en garde-à-vue après un contrôle d’identité, à la frontière de Kehl. Il n’avait que son permis de conduire, les flics n’en voulaient pas. Ils l’ont saisi, il s’est débattu. Quand il a voulu récupérer ses papiers, ils l’ont plaqué au sol, un genou sur la tempe. Ils lui ont carrément arraché une de ses tresses. »