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1. Au début du XIX°, la Russie impériale renforce son emprise sur la steppe kazakhe et érige une série de forteresses. Celle d'Akmolinsk est construite en 1830 sur le site d'Akmola (tombe blanche en kazakh). Cette colonisation déclenche une grande révolte de 1837 à 1847 durant laquelle le fort est incendié.

2. Akmolinsk triple sa population entre 1863 et la fin du XIX° pour atteindre 6000 habitants. La croissance reprend sous l'Union soviétique. Les nouveaux habitants se logent dans les russovskas, bâtiments de cinq étages typiques de l'époque stalinienne.

3. En 1954, Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du Parti communiste, lance la politique des Terres vierges afin de rendre l'URSS autosuffisante en céréales. En six ans, 2 millions de colons russes défrichent 25 millions d'hectares de steppe, notamment autour d'Akmolinsk.

4. En 1961, Akmolinsk, rebaptisée Tselinograd (ville des Terres vierges), se voit doter d'une nouvelle gare. Plate-forme de la redistribution des céréales, la ville dépasse les 100000 habitants dès les années 1960.

5. Dans les années 1970 et 1980, le Kazakhstan s'urbanise à grande vitesse et Tselinograd dépasse les 200000 habitants. Profitant de la hausse des échanges avec le centre industriel de Karaganda, le sud-est de la ville se couvre d'immeubles brejnéviens.

6. Au printemps 1979, le Politburo décide de créer autour de Tselinograd une région autonome allemande. Aux cris de "Kazakhstan indivisible", des groupes d'étudiants kazakhs se rassemblent sur la place Lénine, siège de l'administration locale. Le pouvoir soviétique renonce au projet.

7. Durant la période soviétique, Tselinograd s'étend principalement à l'est du fleuve Esil. Seules de petites maisons individuelles recouvrent la rive gauche où s'élevera plus tard la nouvelle ville.

8. En 1994, Noursoultan Nazarbaïev décide de déplacer la capitale sur le site d'Akmola, qu'il rebaptisera Astana (capitale en kazakh). 718 logements sont bâtis dans un premier temps pour accueillir les 4000 personnes, fonctionnaires et familles, venues d'Almaty.

9. Le président kazakhstanais lance la construction d'un nouveau quartier sur la rive gauche pour accueillir le siège de l'Etat. Les premiers édifices sont la Résidence présidentielle, le siège du conglomérat de l'énergie KazMunaiGaz et la tour Baïterek, symbole de l'ancestral "arbre de vie" kazakh. Les immeubles modernes donnent son lustre à la nouvelle capitale, qui dépasse les 800000 habitants en 2014. Aujourd'hui, le chantier de l'Expo 2017 marque une nouvelle étape de l'expansion de la rive gauche.

A.B. et M.I.

Capitale du Kazakhstan indépendant depuis 1997, Astana a longtemps été le point d'appui de l'emprise russe sur le nord du pays. Deux siècles d'histoire de la ville en images.

Mère de famille et étudiante en médecine, Zarina a le regard calme et sûr, presque indifférent, avant qu’un sourire n’éclaire son visage. Un foulard bleu recouvert d’une vague de tissu rose y dessine un ovale idéal. Tout en parlant, ses yeux continuent de naviguer, pour ne pas perdre de vue la casquette de son bébé, qui s'amuse à la laisse tomber. A 22 ans, cette Ouïghoure kazakhstanaise se dit à l’aise dans son rôle d’épouse et de mère musulmane. Son expérience d'aînée d'une famille nombreuse l’a aidée. « J’étais contente d’apprendre que j’étais enceinte. J’avais juste un peu peur pour mes études ».

Zarina poursuit les cours à la faculté de médecine de l’Université Asphéndiarov à Almaty. Son emploi du temps est certes devenu compliqué : cours le matin, puis retour à la maison pour préparer le dîner et s’occuper de l’enfant. Elle doit parfois surmonter les remarques de certains professeurs, qui jugent les études de médecine incompatibles avec les responsabilités d’une jeune mère de famille. Pourtant, elle a validé sa quatrième année et en juin, elle fera un stage à l'hôpital de Kalkaman.

La casquette est à nouveau au sol. Zarina s’incline pour la ramasser. « Pour les études, on s’est arrangés avant le mariage. J’ai dit que travailler n’était pas essentiel pour moi. En revanche, terminer mes études était important. » Son mari, Choukhrat, trois ans de plus qu’elle, ne s’y est pas opposé.

Il y a un peu plus de deux ans, ce jeune vendeur d’ordinateurs a décidé de se marier. Choukhrat cherchait une fille pieuse, « qui ne va pas glander toute la journée ». Un de ses amis a fait l'entremetteur auprès du père de Zarina. Au premier rendez-vous, elle est venue avec ses copines. Tout est ensuite allé très vite : un mois d’échanges par textos, deux ou trois rencontres. Puis Choukhrat l’a demandée en mariage. Elle a accepté.

Famille d'abord

« C’est surtout chez les musulmanes que des mariages sont arrangés, celles qui portent le voile. » Avant sa rencontre avec Choukhrat, elle n’imaginait pas se marier si jeune. Elle pensait à finir ses études. Ni surprise, ni choquée par les questions, elle affirme : « Je peux dire que j’aime mon mari. Sinon, j’aurais essayé de traîner. J’aurais attendu que le cœur réagisse. Je n’avais quand même pas 30 ans. »

Sans afficher beaucoup d’émotions, elle dit se sentir heureuse et, peut-être, plus chanceuse que les autres filles musulmanes mariées, à qui on interdit parfois de poursuivre leurs études. Elle ne vit pas dans « la tyrannie » et apprécie les parents de son mari, avec qui elle vit, et qui, contrairement au jeune couple, ne sont pas pratiquants. « Je ne suis pas une fille fermée, ajoute-t-elle. Mis à part les boîtes de nuit, je vais partout. »

Zarina veut se spécialiser en dermatologie, pour devenir plus tard cosmétologue. Ce métier lui assurerait un emploi du temps flexible et moins de responsabilité médicale. Mais l’autre envie, celle d’avoir jusqu’à cinq enfants, pourrait, d’après elle, l’amener à sacrifier son métier. Le voile rose embrasse l’air. Zarina retourne à la maison.

Danara Ismetova

Ils ont l'âge de leur pays : 24 ans. Leurs parents ont grandi sous l'Union soviétique, ils sont les fils et filles de l'indépendance. La jeunesse kazakhstanaise découvre l'islam en même temps que la liberté religieuse, accompagne le développement de la classe moyenne, se forge une identité sous le regard de la génération qui l'a précédée.

 

La fabrique du Kazakhstan

Jadis situé sur l'une des routes de la soie, terre de conquêtes, de migrations et de nomades, le Kazakhstan d'aujourd'hui attire des travailleurs des pays voisins, des Kazakhs exilés par l'histoire, des investisseurs attirés par ses richesses et sa position centrale entre la Chine et l'Europe. A découvrir ici, sept itinéraires sur les traces de ce nomadisme du XXIème siècle.

 

Les enfants de l'indépendance

De cet immense territoire d'Asie centrale au sous-sol gorgé de richesses, les Soviétiques avaient, après les Russes, fait une terre de colonisation, de relégation, de goulag, d'essais nucléaires et spatiaux. Vingt-quatre ans après son indépendance, le Kazakhstan a pris son essor, distancé ses anciens voisins soviétiques, remodelé le pays avec une nouvelle capitale, Astana, au cœur des steppes kazakhes. Coincé entre la Russie et la Chine, le pays tente de s'imposer sur la scène mondiale, sous la houlette de Noursoultan Nazarbaïev, à la tête du pays depuis plus d'un quart de siècle.

 

L'éveil des steppes

Malgré ses encombrants voisins russe et chinois, le Kazakhstan défend son identité et son territoire. Le développement d'Astana, la capitale futuriste, les réserves d'hydrocarbures et de matières premières confortent l'optimisme du pays le plus prospère d'Asie centrale, au pouvoir autoritaire, et dont les habitants doivent composer avec éonomie informelle et corruption.

 

Aux miroirs de l'histoire

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