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Personne ne sait jusqu'où vont ses souterrains, l'association la Fabrique est installée dans l'ancienne glacière de la brasserie Grüber. Ce lieu à part peut se visiter chaque jeudi soir. 

Ce qu’ils y font n’a rien de confidentiel mais les membres de la Fabrique sont bien cachés. Celui qui veut les rencontrer doit remonter la route des Romains, dans le quartier de Koenigshoffen, puis pénétrer dans le parc Grüber sur le site de l’ancienne brasserie industrielle.

Une fois descendu la côte le long de la voie ferrée, on arrive dans une cour où une vieille bâtisse est collée à un édifice industriel.

Chaque jeudi soir, dans les entrailles de cette usine désaffectée, ont lieu les portes ouvertes de l’association née il y a quatre ans.

Ateliers sous terre

« C’est un lieu ouvert à tous, débute Manuel Simoes en nous accueillant. Ici on mutualise les moyens, la seule obligation, c’est de s’entraider. » La structure propose à ses adhérents d’échanger leurs connaissances et d’utiliser du matériel selon leurs envies. Electronique, couture, menuiserie… Les activités naissent en fonction des idées de chacun, à l’image des forgerons qui battent le fer depuis un an.

Manuel Simoes s’engouffre dans la bâtisse. A l’intérieur, les parois en contreplaqué et des objets de récupération forment un curieux ensemble. « C’est un espace en continuelle transformation », précise notre guide en passant à côté de machines à coudre d’usine jouxtant un salon improvisé fait de canapés en cuir démodés.

Sans nous en rendre compte, nous passons sous terre dans des travées semblables à des couloirs de métros en plus hauts. Du temps de la brasserie, elles servaient à stocker la glace qui permettait de contrôler la fermentation de la bière. « Grüber a été le premier en Europe à industrialiser la bière », explique Manuel Simoes, intarissable.

Chacune des neuf travées souterraines a son atmosphère. Dans la première, on trouve un grand atelier pour les vélos, on sent le cambouis et on entend les cliquetis raisonner. Quelques pas plus tard, c’est l’odeur du bois, que l’on perçoit, en pénétrant dans la menuiserie installée dans le second tunnel. « C’est un lieu impressionnant », observe Caroline, une touriste venue par curiosité.

Impossible de savoir jusqu'où vont les souterrains

L’exploration se poursuit par la découverte d’une maison sous terre en toile. « On utilise cet endroit pour stocker le bois, explique Manuel Simoes. Il y a une machine pour le préserver de l’humidité. »
Les galeries se poursuivent sur des dizaines de mètres où sont stockés à perte de vue divers objets de récupération.

L’expédition se termine dans l’obscurité, éclairés par un téléphone portable. Nous arrivons alors au pied d’un mur de briques; impossible de savoir jusqu’où vont les tunnels de l’ancienne brasserie. « Des travées ont été localisées jusqu’à l’entrée du centre-ville », rapporte notre hôte.

Les coups de marteau des forgerons accompagnent notre retour à la surface alors qu’un brasero réchauffe les spectateurs assis dans des sièges en morceaux de vélos.

A mi-chemin entre un laboratoire et un décor de cinéma, la Fabrique de Grüber est un lieu indescriptible. « Ici, c’est un peu Berlin-Est »: note Manuel Simoes. On ne saurait dire mieux. 

Texte Thibaut Chéreau, photos Emilie Sizarols

Infos pratiques :  La Fabrique, portes ouvertes gratuites tous les jeudis de 18h30 à 22h, 91 route des Romains, 67200 Strasbourg, , 03 88 12 23 87.

 

Camille Wong et Augustin Campos

Suivi à distance

« On a choisi Difracto pour son gros potentiel artistique, c'est un artiste avec de belles marges de progression, affirme Pierre Chaput, directeur de l’espace Django. C’est un musicien de talent, mais qui a encore besoin de bien diriger sa musique, afin qu’il soit à terme, totalement autonome. » Pour recruter ses trois talents annuels, la pépinière cherche des artistes avec déjà un début d’entourage professionnel (des développeurs, des communicants, des graphistes...) et qui sont surtout prêts à être suivis pendant un à deux ans.

A l’inverse d’un incubateur de startup, l’espace Django propose principalement un suivi à distance. Par e-mail ou par téléphone. Des sessions intensives sont organisées sur l’année : rencontre avec des professionnels, concert avec des retours critiques sur la musique, la scénographie, etc.

Prochaine étape pour Difracto : sortir un nouvel EP à la fin du printemps. Si la plupart des titres sont déjà dans la boîte, il reste encore à les sélectionner et à travailler sur toute la partie projet : trouver un graphiste, éventuellement un attaché de presse et faire du booking. François compte bien se servir du réseau de Django pour atteindre ses objectifs. « C’est 20% de musique, 80% de projet », précise-t-il. Musicalement, l’artiste a depuis longtemps trouvé son rythme. Il lui suffit d’avoir un ordinateur et un launchpad -principal instrument de musique électronique- pour créer.

« J’ai plein de studios. Ce café, ici, en est un. Je peux faire de la musique n'importe où, je peux me balader partout. En fonction de l'endroit t'as des inspirations qui te viennent, raconte le jeune homme. La plupart du temps, je suis dans mon home studio à la Meinau, mais parfois je me pose dans un parc et je fais du son. Dans les périodes de création, l'inspiration est tellement fragile et peu prévisible que parfois ce sont les stimuli extérieurs qui vont la déterminer. »

Milieu précaire

Mais pour le moment, difficile d’en vivre. L’artiste s'avoue précaire. A 80 euros minimum le concert, il est encore bien loin des vedettes de l’électro dont les cachets peuvent atteindre des sommes pharaoniques.

Ce soir-là, au Mudd, François ne touche pas grand-chose :  « Je fais ça pour des copains, du coup ce n’est pas forcément payé. Mais je le fais car c’est chouette de faire des concerts, et puis c’est à Strasbourg donc il n’y a pas de déplacement .» Jusqu’à la fin de l’année, l'artiste lève le pied sur les concerts pour se focaliser sur la création. Encore un cap à franchir. Après tout, Difracto vient de « diffraction », autrement dit, des ondes qui se transforment en franchissant un obstacle…

 

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Ce dimanche, la JS Koenigshoffen reçoit Ludwigsbourg. Le week-end d'avant, c'était déplacement à Heidelberg. Une semaine ordinaire pour la section hockey de la JSK, qui évolue depuis une trentaine d'années dans le championnat d'Allemagne. Un cas quasi-unique en France*, motivé avant tout par des raisons logistiques.

Avec la disparition progressive de la plupart des autres clubs du Grand Est dans la seconde moitié du XXème siècle, les Strasbourgeois ont sorti leurs cartes Michelin. Constat rapide : mieux vaut faire deux heures de route pour aller à Stuttgart que cinq vers Paris ou Lyon. Avec deux fois plus de clubs et cinq fois plus de licenciés, l'Allemagne offre une densité et un niveau de compétition introuvables de ce côté du Rhin.

« On essaye de ramener les bonnes choses en France »

Dominatrice dans ses affrontements amicaux avec d'autres clubs français, la JSK a beaucoup plus de mal face à ses adversaires de IV. Verbandsliga, le dernier niveau de la hiérarchie allemande, avec trois défaites en trois matches joués cette saison. Les Strasbourgeois n'ont pas connu mieux que la dernière division depuis plus de dix ans, mais n'échangeraient pour rien au monde cette expérience allemande.

« Le niveau est meilleur qu'en France, c'est motivant, apprécie Pierre Rabu, le président de la JSK Hockey. Les installations sont de meilleure qualité, avec des terrains adaptés au hockey. » À Koenigshoffen, les hockeyeurs doivent partager le stade Paco-Matéo avec la section football et les jeunes du quartier, qui se jettent sur le terrain pour taper la balle dès les buts de hockey rangés.

Avec chaque année plusieurs étrangers dans son effectif, la JSK capitalise aussi sur cette image internationale. « C'est toujours enrichissant de discuter avec les membres des clubs étrangers, appuie Pierre Rabu. On essaye de ramener les bonnes choses en France. »

Relancer le championnat du Grand Est

Avec le retour de clubs dans l'Est de la France, le club de Koenigshoffen veut se placer en pionnier. Un ancien de la JSK a créé le deuxième club alsacien à Scherwiller, tandis que les dirigeants strasbourgeois resserrent les liens avec les autres clubs du Grand Est. Un championnat régional a été créé pour la saison en salle, en hiver. L'an dernier, la JSK y a remporté onze (larges) victoires en douze matches, confirmant l'importante différence de niveau entre les deux côtés du Rhin.

Avec la perspective des JO de Paris 2024, pour lesquels l'équipe de France sera qualifiée d'office, les dirigeants du hockey français vont mener une nouvelle politique de recrutement et de formation. Cette nouvelle donne passera aussi par l'Est, avec l'espoir de pouvoir y relancer un championnat compétitif.

Texte : Tom Vergez

Photos : Emilie Sizarols

*Les Dragons Catalans et le Toulouse Olympique participent au championnat anglais de rugby à XIII

Il y a un an, Pada, musicien de 32 ans, Vincent, luthier de 28 ans, et Tristan, 28 ans et éducateur socioculturel, ont décidé de créer une forge. Comme un rituel, les trois amis se retrouvent désormais une fois par semaine en moyenne, dans la cour de la Fabrique. En amateurs, ils fabriquent décapsuleurs, couteaux ou feuille de métal. Parfois, un professionnel vient leur donner des conseils. Parfois encore, d'autres apprentis forgerons se joignent à eux. Une fois la nuit tombée, ne restent plus que des ombres sur le mur éclairé par un brasero, et le fracas du métal qui prend forme.

Thibaut Chéreau et Emilie Sizarols

Jeudi, c’était jour d’élections à l’établissement régional d’enseignement adapté Henri Ebel à Illkirch. Toute la journée, les différentes classes se sont succédé dans les isoloirs installés pour l’occasion. L’objectif ? Élire des représentants au conseil des délégués à la vie lycéenne (CVL) et à la vie collégienne (CVC), des organes ayant pour but d’associer les élèves aux décisions de leur établissement.

« Cette année nous avons décidé d’implanter un CVC car nous sommes un établissement qui accueille des élèves de collège mais aussi de lycée. Jusqu’à aujourd’hui nous n’avions qu’un CVL pour les lycéens », détaille Monia Brassac, la directrice de l’établissement.

En début d’après-midi, des étudiants, déjà élus l’an passé pour un mandat de deux ans ou candidats, ont été conviés à une table ronde en compagnie, notamment, de Patrick Fender, conseiller municipal de la mairie d’Illkirch et de Lucie Pitiot, proviseur vie scolaire de l’académie de Strasbourg. Face à cette audience, les élèves en ont profité, timidement, pour détailler plusieurs projets, comme la réouverture d’un foyer bar ou la conception d’une joëlette, un fauteuil destiné aux personnes à mobilité réduite.

Nicolas Grellier

Phœbé Humbertjean et Mathilde Obert

Des élèves de l'école primaire Jean-Baptiste-Schwilgué apprennent à jouer du violon, du violoncelle et de l'alto dans le cadre du dispositif Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale). Ce projet porté par la Philharmonie de Paris permet de démocratiser l'apprentissage musical dans des quartiers populaires. Deuxième séance avec les instruments, ce jeudi 11 octobre.

Le son des violons, violoncelles et altos se mêle et s'échappe d'une des salles de classe de l'école primaire Jean-Baptiste-Schwilgué. À l'intérieur, une quinzaine d'élèves sont installés en cercle et tendent l'oreille. Sara Subiela et Karam Alzouhir, professeurs de musique, leur font répéter quelques notes. « Dans trois ans, ils seront 120 élèves strasbourgeois sur la scène de la Philharmonie de Paris », indique Christophe Rico, référent social. Accompagné des deux artistes, il encadre les cours de musique dans le cadre du dispositif Démos, qui vise à démocratiser l'apprentissage musical. Le concert de clôture rassemblera les 120 élèves de CE1 répartis dans huit écoles de la ville.

À l'élémentaire Schwilgué, les enfants s'entraînent trois heures et demie par semaine. Ce jeudi 11 octobre, ils manipulent leurs instruments pour la deuxième fois. La séance du jour est consacrée au Boléro de Ravel.

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