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L’Eurométropole a engagé il y a deux ans l’élaboration d’un nouveau plan de circulation au sein de la Réserve naturelle du Neuhof-Illkirch Graffenstaden. Début novembre, elle va lancer la concertation qui vise, en plusieurs étapes, à intégrer les usagers de l’immense forêt (950 hectares) au processus de décision concernant les 80 kilomètres de chemins officiels et improvisés aujourd’hui recensés. Adrien Schverer, conservateur responsable de la gestion des espaces naturels à l'Eurométropole, explique l’importance de cette nouvelle étape pour la réserve.

Cuej info: Pourquoi revoir le plan de circulation au sein de la forêt?

A. S.: «On a là des milieux qui ont subi beaucoup de pression et de modifications au cours des 150 dernières années, grosso modo, avec d’une part des gros travaux hydrauliques qui ont mené aujourd’hui à la canalisation du fleuve, qui a en fait coupé le lien entre le fleuve et la forêt. C’est ce lien qui faisait la richesse de ces milieux, parmi les plus riches d’Europe.

En plus de ça, du côté alsacien il y a une très forte pression foncière, à la fois du fait de projets urbains vastes notamment autour de la ville de Strasbourg, et aussi une grosse pression en termes d’usage du sol avec les évolutions agricoles, notamment tout ce qui culture de maïs. En1960/70, 90 % de ces milieux étaient détruits.»

Cuej info: Mais le classement en Réserve nationale naturelle n’arrive qu’en 2012…

A. S.: «La décision de la classer en réserve nationale naturelle était déjà effective dans les années 1980. Entre la décision et le classement effectif, le laps de temps est énorme: il y a de nombreuses négociations, avec des procédures compliquées et longues.

Entre temps, on a amenagé les forêts pour l’accueil du public, afin que celui-ci se rende compte de la richesse de l’endroit. On comptait sur les usagers pour se l’approprier et le protéger. Du coup, on a fait des aménagements importants dans les années 1980/90 : des passerelles, une piste cavalière, des parcours sportifs et un parcours botanique.

Et entre 1990 et 2012, ces aménagements ont vécu, les usagers se les sont appropriés et ont crée petit à petit des raccourcis entre les chemins. Cela a crée au total plus de 80 kms de chemin, officiels et raccourcis confondus. Et ça, sans compter les bords des cours d’eau, qui constituent souvent des chemins.»

Cuej info: La nécessité de revoir la plan de circulation après concertation vient donc de ce constat ?

A. S.: «Oui, d’une part en raison des zones de quiétude. Parce qu’on a certaines espèces à enjeu, qui ont besoin de plus de quiétude pour pouvoir se pérenniser sur le site, notamment certains rapaces comme l’Autour des palombes, ou la Bondrée apivore. Deux espèces assez rares qui ont besoin d’une tranquillité assez importante sur la période de reproduction, donc en gros de mars à juillet.

Quand on a des chemins à foison et que tout le monde peut aller un peu partout, on a un risque, même si les gens ne le souhaitent pas, que ces oiseaux là soient dérangés et du coup qu’ils échouent dans leur processus de nidification.

Il y a ensuite la question de la sécurité publique. En tant que gestionnaire nous devons intervenir pour couper les arbres ou les branches qui menacent de tomber sur le public. Des travaux forestiers, donc, dans une zone ou normalement on ne fait plus de travaux forestiers parce qu’on a vocation à protéger la foret.

Ce qui veut dire que si on a 80kms de chemin on va faire beaucoup plus de travaux que si on en n’a que 10, Donc là il y a un deuxième enjeu, c’est la réduction du linéaire de chemin pour limiter les travaux d'entretien.»

( Vidéo en forêt sur la chalarose )

Cuej info: Et en ce moment, il y a aussi la problématique de la chalarose sur le frêne, vous allez l’intégrer au plan ?

«La chalarose est une maladie qui touche l’essence d’arbre la plus présente dans cette forêt, qui représente 60 % des tiges d’arbre de cette forêt. C’est un petit champignon qui affaiblit l’arbre, qui du coup va être beaucoup plus sensible à d’autres parasites — et va menacer de tomber à moyen terme. C’est une problématique de sécurité publique. Les maires des deux villes ont donc pris chacun un arrêté municipal pour fermer un certain nombre de chemins au public pendant une période indéfinie.

Sur le terrain c’est matérialisé par une petite chaînette rouge et blanche avec les explications, et un plan de circulation adapté.»

Cuej info: En ce qui concerne la concertation, vous avez une idée de la forme qu’elle va prendre ?

«L’idée, c’est de faire une vraie concertation, c’est-à-dire pas une simple consultation où on propose quelque chose et on attend l’avis des gens, mais vraiment une co-construction avec les usagers. On va organiser un atelier de concertation qui devrait commencer en novembre au plus tard et se terminer début 2019. On aura un animateur externe, afin d’avoir une neutralité dans l’animation.

Avant cet atelier, on va faire une réunion d’introduction où tout le monde pourra venir, on va présenter la démarche, l’animateur expliquera comment il voit les choses et après les gens pourront s’inscrire ou non aux ateliers qui suivront.

Ensuite les riverains se réuniront et créeront trois livrables : un plan de circulation qui dit quels chemins sont ouverts, quels chemins sont fermés. Ensuite, un cahier de préconisation des aménagements d’accueil du public : quelle est la façon dont les usagers voient les aménagements dans une réserve, qui permettent d’assurer notre mission de sensibilisation et d’éducation à la nature. Créer un sentier pédagogique, une tour d’observation, par exemple.»

Enfin, ils réaliseront la charte de l’usager de la réserve. En gros, c’est une liste de comportements idéaux que doivent avoir les visiteurs en entrant dans une réserve naturelle et en particulier dans celle du Neuhof-Illkirch.»

Cuej info: Et comment allez-vous faire pour intégrer la question des zones de quiétude, qui est très spécifique ?

«On annoncera au départ les limites de la concertation, ce qu’on peut vraiment négocier. Après, sur les zones, nous, on a une vague idée de celles qui seraient favorables à certaines espèces, mais l’essentiel c’est qu’elles aient des zones, si c’est pas à tel endroit, ça peut etre à un autre.

Par contre, c’est sûr que si au bout d’un moment on voit que l’essentiel des chemins souhaités dans la concertation se concentrent à l’endroit où l’on sait qu’il y a nidification, on interviendra pour dire « attention c’est peut-être pas cette zone-là qu’il faut privilégier. »

Cuej info: Vous interviendriez en cours d’atelier ?

«C’est compliqué, c’est pour ça qu’il y aura une réunion de calage avec l’animateur, pour parler de ces choses-là. Ca n’est pas encore fait tout ça. L’idée c’est de voir quelle est ma place, moi conservateur de la réserve naturelle dans la concertation.

Je peux pas être un usager lambda, donc à moment donné j’ai un rôle à jouer, mais il faut à la fois que je laisse de la liberté d’expression et de construction aux personnes qui sont présentes. Et aussi à moment donné qu’on soit un peu garde-fou, moi conservateur, ou la DREAL, l’organisme référent au niveau de l’État. Il y a des rôles à bien définir.»

Propos recueillis par Augustin Campos

 Le député AfD (extrême droite) Stefan Räpple assure que la délinquance a augmenté à Kehl. Les riverains attribuent ce phénomène à l'arrivée du tram. La corrélation entre les faits n'est pourtant pas évidente.

La ligne D du tram relie, depuis un an, les Strasbourgeois à la petite commune allemande de Kehl.  En seulement quelques minutes, les voilà de l'autre côté du Rhin. Piscines en plein air, produits discounts, tabac à bas prix : les opportunités sont nombreuses. La nuit, ce sont plutôt les casinos, les bars à chicha et les discothèques qui attirent les frontaliers outre-Rhin. L'arrivée du tram en son centre a accru cette attractivité.

Malgré un bilan comptable positif, l'extension de la ligne n'enthousiasme pas tout le monde. En effet, de nombreux riverains déplorent une hausse de la délinquance depuis la mise en service du tram. L'AfD (extrême droite) s'est de suite emparée du sujet. Le 2 octobre dernier, dans une interview pour la Kehler Zeitung, l'élu au parlement régional, Stefan Räpple allait même jusqu'à dire que « la police était totalement dépassée ».

Chef de la police de Kehl, Ingolf Grunwald constate, ces derniers mois, une hausse de la délinquance dans la petite bourgade allemande. Cuej/Pierre Griner

Malgré une campagne de communication intensive, les Illkirchois vivant à proximité du forage géothermique semblent ignorer son existence. Ils se plaignent du manque de communication autour de ce projet d’envergure et pointent du doigt des nuisances sonores. Deux points sur lesquels l’arrêté préfectoral du 21 septembre 2015 avait pourtant insisté.

« Je ne suis pas du tout au courant. Personne n’a cherché à me joindre, et pourtant depuis mon accident, il y a un an, je suis coincée chez moi. S’ils avaient voulu discuter, ils m’auraient facilement trouvée. » Danièle* vit depuis 21 ans à Illkirch-Graffenstaden. Début septembre, tout d’un coup, un gros bruit est venu perturber son quotidien. « Ça fait comme un bruit de moteur continu », décrit-elle. En discutant avec sa voisine, Chantal*, elle comprend : ce bourdonnement incessant, c’est le forage géothermique.

Lorsqu’on questionne les Illkirchois du quartier des Ormes, situé à 500m à vol d’oiseau du forage, leur méconnaissance, voire leur ignorance totale du projet, revient souvent. Même constat lorsqu’on discute avec les parents venus assister au match de foot de leurs enfants — le stade est  à 500m à peine du rig — ou les promeneurs du dimanche. Le forage géothermique, projet de grande envergure, aurait-il été lancé sans que les Illkirchois en soient avertis ?

Une campagne de communication (trop) intensive

« On a régulièrement communiqué, se défend Bernard Kempf, directeur du développement chez ES Energie, qui exloite le site. On a fait une importante campagne de presse au début du projet et on a de nouveau convoqué les médias le 6 septembre, au moment du lancement du forage. »

Emmanuel Bachmann, adjoint à la mairie d’Illkirch en charge des nouvelles technologies et du développement durable, est déçu. « On en est à six articles sur Infograff, notre magazine municipal. On a fait des réunions publiques, dont une, il y a trois ans, où 50 personnes se sont déplacées, dans une salle qui pouvait en contenir 450 ! »

Le rapport d’enquête publique stipule en effet que le 10 avril 2015, 80 personnes, dont « une majorité d’élus », ont assisté à la réunion publique du jour. Mais dans ce même document, l’enquêteur public en charge du dossier, Yves Kleiser, pointe « la manque d’information en amont de la population sur la géothermie par les pouvoirs publics, notamment de la part de l’Eurométropole ». Il va même jusqu’à qualifier l'erreur de « manquement grave », d'autant que le document santé et sécurité n’est pas mis à la libre disposition du public.

Depuis, l’Eurométropole a rectifié le tir. « L’ensemble du projet ES est accessible en ligne, sur un site internet qui lui est entièrement dédié, commente-t-on au centre administratif. Il y a toute une documentation disponible à la mairie de quartier. On est un service public, on n’avance pas masqué. »

« C’est le mal moderne, le manque de communication, ou plutôt le trop plein de communication, déplore Emmanuel Bachmann. C’est pareil dans tous les domaines. »

[ Plein écran ]

Le gribouillis de « Nabil Fekir », plus habile avec sa main qu'avec ses pieds. Cuej/Florian Bouhot

Ce déménagement met en difficulté la clinique Rhéna, déjà engagée dans un bras de fer avec la clinique de l'Orangerie pour accueillir ses cardiologues libéraux. Le sujet reste donc extrêmement sensible. Pour preuve : la clinique Rhéna a refusé de communiquer toute donnée sur le nombre de naissances réalisées à la clinique Adassa avant le regroupement, se contentant d'une estimation du bilan de l'année 2017.

Côté Sainte-Anne, on se félicite de l'arrivée des nouveaux praticiens qui ont permis à la maternité de retrouver sa cadence d'autrefois. La clinique qui, par le passé, recensait près de 2400 naissances annuelles était retombée depuis plusieurs années sous la barre des 2000, avec une année 2016 à 1681 naissances, pire score depuis 2012.

Pour pouvoir assurer son rôle de première maternité privée de la ville de Strasbourg, Sainte-Anne, membre de l'établissement privé de santé d'intérêt collectif Saint-Vincent, a engagé début 2018 des travaux de rénovation de son troisième étage. Au total, ce sont plus de 1100 m² qui seront destinés à améliorer le confort de la maternité pour quelque trois millions d'euros d'investissement : fin des travaux prévue pour décembre 2018. Par ailleurs, ce surplus d'activité s'est accompagné d'une phase de recrutement allant des sages-femmes aux auxiliaires puéricultrices.

Le public reste largement en tête

Historiquement, la clinique Sainte-Anne est la maternité du nord de Strasbourg et de sa périphérie : 35% de ses patientes viennent de la commune, 30% du reste de l'Eurométropole (Bischheim, Schiltigheim..), les 35% restants d'autres cantons alsaciens. "Notre clinique bénéficie d'un certain rayonnement qui lui permet de dépasser la seule commune de Strasbourg", explique David Quiring, gestionnaire de la clinique. "Tout le monde connaît quelqu'un qui a accouché à Sainte-Anne."

Malgré cette bonne réputation et des chiffres en hausse, elle est devancée par le Centre médico-chirurgical et obstétrical (CMCO) de Schiltigheim qui reste la première maternité de Strasbourg. L'établissement public dénombrait en effet 3337 naissances en 2017, qui, additionnée aux 2987 naissances du site de Hautepierre la même année, font sans conteste des hôpitaux universitaires la première maternité de l'agglomération avec un total de 6324 naissances.

Boris Granger

Juliette Mariage et Sophie Wlodarczak 

Créée en 1927, la clinique Sainte-Anne est un acteur historique de la maternité à Strasbourg. Elle tend, à la suite de profonds bouleversements dans le monde des cliniques strasbourgeoises, à confirmer sa place de premier acteur privé dans ce domaine.

C'est en février 2017 que la clinique Rhéna, située dans le quartier du Port-du-Rhin, ouvre ses portes, fruit du regroupement de trois établissements confessionnels : les cliniques Sainte-Odile, Diaconat et Adassa. Cette dernière disposait d'une maternité de niveau 1, prenant en charge les accouchements sans risque identifié, transférée dans les locaux de Rhéna. Lors de cette fusion, 10 des 17 gynéco-obstétriciens de l'équipe d'Adassa, regroupés au sein de l'association des gynécologues libéraux Agyl, se décident à rejoindre les 16 praticiens de la clinique Sainte-Anne qui dispose d'une maternité de niveau 2 pouvant accueillir des bébés prématurés nés à partir de 34 semaines de grossesse.

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