Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.
Trop souvent, le terme de « centrale géothermique » suscite dans la mémoire collective alsacienne des images de failles sur les maisons, de routes déformées, de microséismes… Les incidents de Bâle et de Lochwiller ont marqué la région.
« C’est inadmissible et inacceptable ce qui s’est passé à Lochwiller », s’insurge Bernard Kempf. Le forage a été «initié sans demande d’autorisation préalable, sans étude préalable des sols», relève le rapport d'enquête public sur le forage illkirchois « A Lochwiller, détaille Franck Lahaie, on est dans un contexte de géothermie de surface [et pas de géothermie profonde comme à Illkirch], avec des formations sensibles à l’eau très proches du sol. Il y a eu une infiltration accidentelle de l’eau dans ces formations, qui ont conduit aux fissures qui ont été observées là-bas. »
Le sol de l’Eurométropole ne présentant pas les mêmes caractéristiques que celui de Lochwiller, ce type d’incident ne devrait normalement pas se produire.
Pour ce qui est de la centrale de Bâle, en Suisse, c’est la création de réservoir par fracturation qui a engendré de fortes secousses sismiques. Une technique qui n’est pas employée en Alsace, comme explique Franck Lahaie : « En Alsace, les réservoirs géothermiques sont naturellement fracturés, donc on n’a pas besoin de créer de nouvelles fractures. »
Marie Dédéban et Louay Kerdouss
« Illkirch s’intéresse à la géothermie depuis 2008, raconte Bernard Kempf, responsable du développement d’ES Energie. Les élus, depuis Jacques Bigot, ont toujours eu la volonté de s’intéresser aux énergies renouvelables. A partir de là, des études de faisabilité ont été menées dès 2009. Ça fait 10 ans qu’on travaille mains dans la main avec eux. »
Le premier forage doit permettre d’identifier et d’évaluer le réservoir géothermique profond, pour voir si la température et le débit de l’eau sont suffisants pour être exploités. Si le premier forage est concluant, un second sera alors lancé pour finir d’évaluer la capacité et la durée d’utilisation de ce réservoir. La construction de la centrale géothermique ne débutera donc pas tout de suite.
Au total, le budget provisionnel pour ce projet de grande envergure est de 18,1 millions d’euros, dont 15,6 millions pour les deux forages.
« Notre entreprise a un recul de 30 ans sur la géothermie, depuis qu’on travaille sur le site de Soultz-sous-Forêt, et nous exploitons actuellement deux autres centrales. » Bernard Kempf, d’ES Energie, assure que tous les moyens de prévention des risques ont été mis en place.
Fort de son expérience à Soultz-sous-Forêts et à Rittershoffen, ES Energie a mis en place des mesures de sécurité drastiques, comme le confirme le rapport de l’enquêteur public. Les vannes au bout des puits sont dédoublées pour pallier toute erreur de manœuvre de la part des employés, le double forage sera entièrement en circuit fermé… Le rapport d’enquête publique révèle aussi que les deux puits seront situés sur la même plateforme, pour limiter les travaux, mais surtout réduire la longueur des tuyaux, et donc limiter le risque de fuites dans la nappe phréatique.
« Nous avons même créé une chaire spécifique au sein de l’EOST [Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre] pour le suivi du projet, précise l’Eurométropole. Et un inspecteur de la DREAL vient continuellement pour tout inspecter. Il s’est rendu onze fois sur le site depuis le début de l’année. »
Avant le lancement du projet, ES Energie a suivi et même dépassé les préconisations du rapport d’enquête. Celui-ci demandait la mise en place d’au moins quatre stations sismologiques, six mois avant les travaux. ES Energie en a crée six, pour couvrir une surface de 10km autour du site, mises en place un an avant le début du forage. « Il nous fallait connaître parfaitement le risque de sismicité locale », explique Emmanuel Bachmann, adjoint au maire d’Illkirch en charge des nouvelles technologies et du développement durable.
C'est un fait bien connu des Strasbourgeois : Kehl attire les Français, de jour comme de nuit. Premier volet de notre journée immersive outre-Rhin.
Depuis l'extension de la ligne D du tramway strasbourgeois jusqu'à Kehl en avril 2017, il est encore plus facile pour les Franzosen de se rendre en Allemagne, les deux centre-villes n'étant désormais distants que d'une trentaine de minutes.
Ceux qui traversent la frontière y trouvent ainsi leur compte en matière de sorties familiales. Du côté kehlois du jardin des Deux-Rives, l'aire de jeux pour enfants rassemble autant de familles françaises qu'allemandes. Cette infrastructure séduit de nombreux parents strasbourgeois, qui la trouvent mieux équipée qu'en France.
Agrémenté d'une dégustation de glace ou de café, ce type de virée en Allemagne reste l'apanage de l'été. Pendant la belle saison, les Français aiment venir à Kehl où il fait bon vivre. La présence de la Freibad, piscine municipale de Kehl ouverte de mai à septembre, bénéficie d'équipements de plein air absents à Strasbourg, ce qui pousse aussi de nombreux jeunes Français à venir s'y détendre.
Mais qu'on se le dise, la principale raison de venir à Kehl reste économique. La ville, qui vit forcément un peu dans l'ombre de Strasbourg, tire sa force de son caractère frontalier : les prix allemands, très avantageux sur divers produits, attirent des hordes de Français bien décidés à réaliser de bonnes affaires.
Rien que dans une zone d'environ 500m², autour de la gare et de la rue principale, on compte une dizaine de bureaux de tabac. Les Drogerie Markt (les fameux DM), où l'on achète maquillage et produits d'hygiène, sont au nombre de cinq ici, « un record en Allemagne », explique Ingolf Grunwald, chef de la police de Kehl.
« Moins cher » : les Strasbourgeois rencontrés à Kehl n'ont que ces mots à la bouche. Que ce soit pour les courses du quotidien, le tabac, l'alcool ou les produits d'hygiène, les Français sont légion dans les différents magasins allemands.
Dans la plupart des nombreux bureaux de tabac, on parle non seulement parfaitement la langue de Molière, mais bien souvent les employés eux-mêmes sont français. Dans les autres magasins, les vendeurs parlent au minimum un français approximatif qui permet de réaliser ses achats sans perdre de temps. Les caisses automatiques des supermarchés comme les distributeurs de billets proposent eux aussi d'effectuer les opérations en français.
Lucie Duboua-Lorsch et Pierre Griner