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Banquet
À l'intérieur du chalet, les grandes tables de banquet accueillent une bonne cinquantaine de participants. Le repas, qui coûte 12 euros, est ouvert au public. Ni Yolande Buchmann ni son mari Patrice ne sont pêcheurs. Attablée avec deux autres couples de la paroisse protestante de Saint-Paul, cette dernière explique : "Nous venons deux fois l'an pour des repas. J'y retourne depuis que je suis en retraite." Arrivée à Kœnigshoffen à l'âge de 1 an elle est attachée au site : "Ce lieu fait partie de mon enfance. Ça a toujours été très convivial et, en fait, l'ambiance n'a pas trop changé."
Pas étonnant, vu le nombre de têtes chenues dans la salle. Venu avec sa mère de 95 ans pour la marinade, Charles Muller ressemble à la plupart des commensaux. À "bientôt 73 ans", il occupe ses loisirs en allant tous les jours au chalet pour "retrouver les copains et regarder les parties de cartes." De son coté, Yolande Buchmann s’interroge : "Le jour où les vieux n'entretiendront plus le site, qu'est-ce que ça va devenir ?" Et convient : "C’est normal de ne pas vouloir passer la journée avec des vieux quand on est jeune".
Cuisine
Des jeunes, il y en a pourtant les nuits d'été autour des étangs. "Ils viennent ici pour faire la fête, explique Benjamin Breuil, le président de l'association, qui s'active en cuisine. De temps en temps, je descends la nuit pour leur dire de ne pas laisser de cadavres de bouteille partout. Mais dans l'ensemble, c'est plutôt bon enfant." Il précise aussi qu'ils ne participent pas aux activités de l'association. Et déplore, comme Yolande, "le manque de jeunes bénévoles".
À 36 ans chacun, Benjamin Breuil et son vice-président, Thomas Kuhm font figure d’exception : "On est les plus jeunes à gérer une APP dans la région." Tandis que, dans la salle, les anciens prennent l'apéro, Thomas Kuhm vérifie la bonne tenue des préparatifs : "J’aime ce rôle. Cela représente énormément de temps et d’heures. Mais il fallait qu’on s’y intéresse pour que l’association se pérennise." Quitte à mettre parfois la pêche de côté. Benjamin Breuil, va plus loin : "Il faut être impliqué à 200%. Pour moi, c’est comme une deuxième activité." Et la charge de travail ne va pas en s'allégeant.
À côté d'eux, Dominique Furst, octogénaire au regard pétillant et cuistot du jour, prévient : "C’est la prochaine génération. C’est eux qui feront la marinade." Et de désigner deux grands bacs métalliques remplis à ras-bord du mets tant attendu. Il en connaît la recette par cœur. Sans révéler ses petits secrets, il décrit les ingrédients utilisés : "Beaucoup de crème fraîche, de la moutarde à l’ancienne, du thym et du poivre." La préparation doit mariner pendant une semaine et demie pour apporter au poisson tendresse et goût.
D'un côté, le canal de la Bruche, de l'autre le verger du couvent des Capucins : l'allée qui mène aux étangs de pêche de Kœnigshoffen a des airs de route de campagne. Avec ses deux plans d'eau pour la pêche, ses trois terrains de pétanque, son grand chalet pour les jeux de société, la buvette et les repas, le site est un lieu de vie et de loisirs privilégié de Kœnigshoffen. D'autant plus qu'il est la propriété de l'Association agréée pour la pêche et la protection des milieux aquatiques (AAMMAP, mais tout le monde dit APP) de Kœnigshoffen – l'une des plus anciennes (1923) et des plus importantes APP d'Alsace, avec plus de 500 membres.
Certains commerçants installés sur le début de la route ne voient pas l’utilité du projet. Ils considèrent que les lignes de bus 4 et 50 desservant actuellement la route des Romains suffisent à circuler jusqu’au-centre ville de Strasbourg. Les commerçants sont nombreux à croire que l’arrivée du tramway continuera d’engorger la circulation des véhicules sur la route des Romains. "Avec le tram, ce sera vraiment une galère pour venir en voiture !", s’exclame Esra Ucar.
Les commerçants concèdent toutefois que le tramway servira aux habitants du quartier à accéder plus facilement au centre-ville et pourrait, à terme, permettre à la valeur de leur fonds de commerce d’augmenter.
Une procédure d'indemnisation complexe
C’est pour pallier ces problèmes que l’Eurométropole a mis en place une procédure d’indemnisation pour que les commerces impactés par les travaux puissent obtenir des compensations. Ceux qui souhaitent en bénéficier doivent demander auprès du Tribunal administratif de Strasbourg la désignation d’un expert économique, dont les honoraires resteront à leur charge. A partir de documents comptables, l’expert devra évaluer s’il y a bien un préjudice dû au chantier, puis une commission examinera les demandes et proposera un montant une fois les travaux terminés.
Une procédure plutôt faite pour "calmer les gens" selon le gérant du bar Au Poilu et qui semble longue et compliquée pour certains commerçants. "Il y a beaucoup de documents, on est vite découragés avec tout ce qui est demandé", souligne Esra Ucar qui n’a pas encore trouvé le temps de terminer la demande pour son salon d’esthétique.
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Sophie Piéplu et Macha Menu
D’autres incohérences sèment le doute. Durant la démolition des imprimeries prise en charge par Frank Immobilier pour quatre millions d’euros, 11 des 17 sondes de mesure du sol et des nappes (piézomètres) ont disparu. Le promoteur a déclaré le vol d’une palette de déchets contenant de l’amiante, mentionné dans un arrêté de mars 2010. Des documents concernant la réhabilitation et la dépollution du site demeurent inaccessibles. La CADA (Commission d’accès aux actes administratifs) a pourtant donné raison à l’association Koenigshoffen Demain qui les demandait. La préfecture reste sourde à ses appels alors que "l’autorité publique ne peut rejeter une demande portant sur une information relative à des 'émissions de substance dans l’environnement'" (article L.124-5 du Code de l’environnement).
Enfin, le récent avis favorable du Conseil d’Etat révèle une certaine défiance de la justice. "A ce jour, la justice semble nous dire qu’on n’a pas totalement tort", suggère Maître Maamouri, avocat de l’association.