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Personne ne peut le nier, Strasbourg est la capitale de l’Alsace. La ville a toujours profiter de sa situation géographique. Strasbourg a longtemps eu un rêve, devenir une capitale européenne. Pari gagné avec le Conseil de l’Europe et le Parlement européen. « Nous sommes une des seules villes au monde à accueillir des institutions internationales sans être la capitale d’un pays », explique pas peu fier Jean-Baptiste Gernet, adjoint au maire de Strasbourg.

Les diplomates changent l’identité de la ville. Fonctionnaire au Conseil des Droits de l’Homme, Thibault en est convaincu. « Les gens se sont approprié les institutions, explique le trentenaire. Il n’y a qu’à voir le nombre de promeneurs dans le quartier des XV. » Ce ne sont pas les institutions « trop isolées » qui passionnent Clara, 22 ans. « Le patrimoine de la ville est très préservé, note l’étudiante qui apprécie les winstub du centre-ville. Il y a encore beaucoup de jolies places que les bâtiments modernes n’ont pas dénaturé. »

Capitale de Noël et de l’amour… Les arguments touristiques

L’Alsace, les institutions… D’accord. Mais pourquoi Strasbourg est-elle la capitale de Noël ? Renne, lutins, inutile de chercher la cachette du Père Noël. La vérité est tout autre et c’est Paul Meyer, adjoint au maire en charge du quartier gare, qui nous la raconte. L’histoire commence en 1992. La ville se rend compte que les hôtels et commerces accusent le coup en décembre. À l’époque, le marché de Noël à beau être le plus ancien du monde, il se limite à « quelques stands sur la place Broglie ». La municipalité décide d’en tirer profit et organise un grand événement avec des dizaines d’exposants dans toute la ville. Strasbourg s’attribue le titre de « capitale de Noël », jalousement gardé depuis.

Ça n’a pas manqué, les américains sont tombés dans le panneau. En 2018, la chaîne CNN a décidé que la ville était bien la capitale de Noël. Selon la chaîne le sapin de la place Kléber « ridiculise celui du Rockefeller center à New-York ». De leur côté, les Strasbourgeois se sont habitués au tumulte du mois de décembre. Un peu contraints et forcés, il faut l’avouer. « Strasbourg devient vraiment une capitale en hiver, quand les étrangers viennent visiter la ville, estime Clara. C’est là que l’on se rend compte de l’attractivité de Strasbourg. » L’été plaît moins à la jeune femme, les étudiants repartent chez eux et les Strasbourgeois se retrouvent bien seuls sur les terrasses de la Krutenau.

Capitale de Noël et même « capital of christmas », le sobriquet sonne tellement bien à l’international. En 2013, la ville décide de retenter le coup avec la Saint-Valentin. Strasbourg veut damer le pion à Paris, il n’y a pas qu’à la capitale qu’on se bécotte sur les bancs publics. Chaque année, des concerts et  rencontres sont organisés durant une quinzaine de jours en février.

Strasbourg devient « Strasbourg mon amour » et accessoirement la capitale autoproclamée des amoureux. 700 d’entres-eux se prêtent au jeu en achetant le pass pour participer à l’événement. Des choses étranges se déroulent alors, les ponts sont éclairés en rose et des calèches transportent les couples en calèche. L’événement rassemble même les aventuriers de l’amour à la patinoire. Les courageux candidats doivent alors tourner en rond avec des inconnus pour un speed-dating géant sur la glace. « Je ne connaissais pas », avoue amusée Clara, même son de cloche chez Thibault.

Alsace, Europe, Noël, amour…et bien plus

Ce n’est pas fini ! Strasbourg vient d’être désignée capitale européenne de l’économie sociale et solidaire (ESS). « On ne l’a pas cherché », affirme Paul Meyer pour être modeste. « Strasbourg a des spécificités fortes qui font qu’on en est là. » L’adjoint préfère rendre hommage au travail effectué par Roland Ries depuis 10 ans. L’an passé, la ville est devenue « capitale du vélo » après le vote de 113 000 cyclistes Français. Des titres qui réchauffent le coeur des élus. « Ce titre nous permet de discuter avec d’autres grandes villes européennes au sujet du vélo, complète Jean-Baptiste Gernet. Cette récompense est importante parce qu’elle concerne directement le cadre de vie des habitants. »

Une tendance qui plaît à Thibault, installé à Strasbourg depuis un an et demi. « J’aime le mode de vie proche de celui des villes allemandes, tout est fait pour favoriser les vélos au détriment des voitures. » À la longue, Strasbourg ne risque-elle pas de s’y perdre ? « Si on est capitale de tout, à un moment ce n’est pas possible », admet Paul Meyer un peu gêné. Mais ce n’est vraiment pas une stratégie de marketing de la mairie. »Et visiblement, la série va continuer. Après un échec en 2016, la ville retente actuellement sa chance pour devenir « capitale verte de l’Europe ».

Thibaut Chéreau

Pépite Strasbourgeoise, Epopia a presque bouclé une levée de fonds d’1,5 million d’euros. Derrière le succès de cette startup, des histoires en texte et en images, réalisées par trois «écrivains», deux illustrateurs et un graphiste.

Un troupeau de dinosaures décore son bureau. «Des cadeaux» des enfants qui lisent Franck au quotidien. Nous sommes à la pépinière de Hautepierre et Franck Matéyer achève le douzième et dernier chapitre de son histoire. L’ex-paléontologue et vulgarisateur scientifique met en scène Till, un aventurier qui retourne dans le passé avec une équipe de scientifiques pour étudier les dinosaures.

À 47 ans, Franck est un peu, selon ses termes, «le vieux de la boîte». La boîte ? Epopia, une startup de 20 salariés créée par Rémy Perla en 2012 à Strasbourg et sur les rails depuis 2014. La jeune pousse envoie des lettres avec plusieurs chapitres d’une histoire à des enfants. Ces derniers renvoient une lettre à Epopia dans laquelle ils fournissent des indications sur la suite de l’histoire, grâce à un questionnaire.

Depuis son inauguration en 1889 par le président Sadi Carnot, la salle des fêtes de l’Élysée était connue pour ses somptueux rideaux pourpres et son épaisse moquette carmin. Mais voilà que 130 ans plus tard, cette image est reléguée au passé. On s’est débarrassé des rideaux, on a remisé les tapisseries des Gobelins au Mobilier national, et on a préféré une moquette grise que rouge. Un choix de Brigitte Macron, dit-on.

Coût de la rénovation : 500.000 euros, et une (énième) polémique sur les réseaux sociaux. Parmi les avis des internautes, on retient celui d’Aurélia, publié sur son compte Twitter : «Le gris ça fait très open space des grosses entreprises...» Il est semblable à l'avis de Louise : «C'est moche, c'est froid, c'est triste. C'était bien mieux en rouge.»
 

Capitale de l’Alsace, Strasbourg est également la capitale de Noël ou du vélo. Un statut prestigieux derrière lequel se cache racines historiques et stratégie de communication.

Présentation : Ignacio Bornacin
Rédaction en chef : Noor Oulladi

Au sommaire de cette édition :

  • Grippe : comment y échapper ? 
  • Économie : des patates 100% alsaciennes
  • Concert : premières notes sur la Lune

Le futur avion de combat européen (Scaf) prend doucement son envol entre Paris et Berlin. Ce mercredi 6 février, Florence Parly la ministre des Armées et Ursula Von Leyen, ministre de la Défense allemande étaient dans l’usine Safran de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) pour signer les premiers financements de l’appareil dont la mise en service est prévue entre 2035 et 2040. Le montant des contrats dépasse les 100 millions d’euros.

«C’est surtout la volonté d’arriver à une collaboration franco-allemande qui permet au projet d’avancer», analyse Philippe Gros, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. Dès 2017, Emmanuel Macron, fraîchement élu, et Angela Merkel se sont dit favorables à un avion de combat européen. L’entreprise française Dassault s’est alliée sur ce projet avec Airbus, le géant européen de l’aéronautique. D’autres entreprises se sont depuis agrégées au projet comme le motoriste français Safran.

Pour éviter de perdre du temps, chaque industriel s’occupera de ce qu’il sait le mieux réaliser. «Le risque c’est que les deux pays ne s’entendent pas sur la stratégie industrielle, prévient Philippe Gros. Les besoins des deux pays peuvent diverger en terme de design ou de motorisation.»

En clair, l’Europe de la défense est encore loin car chaque pays garde sa propre doctrine militaire. La preuve, plusieurs membres de l’Union européenne ont déjà choisi le F35 américain pour remplacer leurs vieux appareils, dont l’Italie ou la Belgique. «Le F35 tient toutes ses promesses, assure Philippe Gros. Il a une génération d’avance sur ses concurrents.» Pour le chercheur, l’urgence à collaborer entre la France et l’Allemagne est surtout industrielle. Il faut conserver les compétences techniques du vieux continent et les emplois qui y sont liés.

23 ans pour aboutir à une mise en service

«Les armées des deux pays doivent commencer à trouver un successeur à leurs chasseurs actuels», explique Philippe Gros. Le développement d’un avion prend du temps. Il s’est écoulé 23 ans entre les premières ébauches du Rafale et sa mise en service et près de 19 ans pour le F35, son concurrent américain.

«Technologiquement le Scaf dépassera les meilleurs avions de combat dans tous les domaines», poursuit Philippe Gros. Le futur appareil sera très différent des machines actuelles. Plus gros, il sera un centre de commandement volant, «un système de systèmes» selon l’armée de l’air. Le Scaf ne volera pas seul, il travaillera en équipe avec des drones de plusieurs types selon la mission. On ne demandera plus au pilote d’être un chevalier du ciel mais de savoir gérer les interactions entre les différentes machines.

Dernière interrogation, la question nucléaire. Eric Trappier, le PDG de Dassault a récemment indiqué que l’avion ne serait pas équipé pour transporter une bombe nucléaire. La France devra donc conserver des Rafale pour cette mission. Du côté allemand, la question se pose si le pays veut continuer d’assurer la dissuasion nucléaire au sein de l’OTAN. Les américains n’ont pas manqué l’occasion pour tenter de vendre, sur le fil, leur F35, compatible pour cette mission. Malgré l’insistance de ses généraux, Angela Merkel n’a pas cédé sur la question.

Thibaut Chéreau

Le successeur du Rafale sera plus gros mais plus furtif. /Clemens Vasters

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