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Et pour cause : les atteintes du pouvoir turc à la démocratie et à l’État de droit s'enchaînent. La dernière en date, le 23 mars dernier : Ekrem Imamoglu, principal opposant à Recep Tayyip Erdogan, a été placé en détention sur décision de justice. En réaction, des dizaines de milliers de Turcs sont descendus dans les rues pour manifester. S’en sont suivies plus de 2 000 arrestations dans les grandes villes du pays.

Loris De Ciechi et Celia Moebs

Ce que craint Nicolas Raffin, c’est que “les constructeurs et les lobbyistes veuillent aller plus loin et demandent la remise en cause de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs d’ici 2035”. Une inquiétude balayée par Ondřej Krutílek. “Ce n’est pas une remise en cause du Pacte vert. C’est un geste rationnel pour le concrétiser.”

C’est encore non. Une nouvelle fois, l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE) est suspendue. Le 7 mai 2025, le Parlement européen a adopté, sur les préconisations de son rapport annuel sur la Turquie, le maintien du gel des négociations d’adhésion du pays à l’Union, en vigueur depuis 2018.

Le porte-parole de T&E France remet également en cause l’argument des constructeurs, qui ont estimé les amendes à payer en 2025 à 15 milliards d’euros. Pour eux, le montant entraverait de potentiels investissements dans l’électrique. Or, le calcul s’est fait sur la base des ventes réalisées en 2024. “En réalité, ils ont accéléré la transition vers l’électrique et l’innovation. La somme à payer pour cette année n’aurait été que d’un milliard d’euros au maximum, et aurait concerné principalement Volkswagen”, justifie-t-il.

Une remise en cause du Pacte vert ?

Mais la décision de modifier la période de calcul des émissions est également critiquée dans les courants écologistes. “En autorisant cette flexibilité, la Commission est simplement en train d’encourager la stratégie de l’industrie automobile, qui se plaint tous les cinq ans de ne pas pouvoir atteindre les objectifs de CO₂”, rapporte une source proche du dossier. Même son de cloche du côté des organisations non gouvernementales (ONG). Nicolas Raffin, porte-parole de Transport et Environnement France (T&E France), une fédération européenne rassemblant une cinquantaine d’ONG environnementales, juge le texte insensé. Les ventes de véhicules électriques sur le premier trimestre de l’année 2025 ont connu une progression de l’ordre de 22 %. “Cela montre que les constructeurs avaient déjà pris en compte l’application prochaine des objectifs CO₂ décidés au niveau européen. Le constat des ventes de véhicules électriques aurait dû les convaincre que la flexibilité sur les émissions n’était pas nécessaire”, estime M. Raffin.

Le soutien de Bruxelles aux constructeurs est salué par la droite et l’extrême-droite. “Même si nous aurions préféré calculer les objectifs sur cinq ans, nous sommes déjà très heureux que la proposition d’un calcul sur trois ans soit là, se réjouit l’eurodéputé Ondřej Krutílek (ECR, ultra-conservateurs). La mesure incarne un compromis raisonnable : les fabricants européens vont pouvoir investir dans le développement des voitures électriques au lieu de payer des amendes, et innover pour concurrencer les constructeurs chinois et américains.”

Cet appel a été entendu par la Commission européenne, qui a annoncé en mars 2025 un “plan d’action industriel pour le secteur automobile européen”, qui modifie ce règlement. Désormais, les constructeurs ne seront pas sanctionnés sur la base des émissions produites par les voitures neuves en 2025, mais sur la moyenne des émissions produites par les véhicules nouvellement immatriculés en 2025, 2026 et 2027. Au lieu d’être sur un an, le calcul des émissions se fonde donc sur trois années.

“Nous aurions préféré calculer les objectifs sur cinq ans”

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