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“Que la paix soit avec vous tous !” Ce sont les premiers mots prononcés par Léon XIV, élu pape jeudi 8 mai, à la foule rassemblée place Saint-Pierre. Un appel à la concorde venant d'un Américain, lancé dans un contexte international électrique : l’Ukraine s’enlise, le Proche-Orient s’embrase, et le spectre d’un conflit Inde-Pakistan s’étend sur l’Asie. Tandis que Donald Trump s’impose comme un acteur incontournable sur la scène diplomatique mondiale, l’Union européenne peine à faire entendre sa voix.
Et pourtant, cette semaine, au Parlement européen, les parlementaires ont tenté de dessiner une Europe plus souveraine, plus stratégique. La fin des importations de gaz et de pétrole russes d’ici 2027 en est un exemple ambitieux, tout comme la volonté de mieux contrôler les investissements étrangers dans des secteurs-clés. Le budget 2028-2034 ouvre la voie à un nouvel emprunt pour la défense, et certains eurodéputés veulent croire que ReArmUE peut permettre une autonomie stratégique face à l'adversité venue de Washington.
Mais à trop composer avec les groupes d’intérêt et les vents nationaux, le cap se brouille. Le recul sur les normes d’émission de CO₂ dans l’industrie automobile, ou l’attentisme vis-à-vis de la Turquie nourrissent l’idée d’une Europe frileuse, plus soucieuse de compromis que de cohérence. Or, c’est dans les tempêtes que l’Union s’illustre.
L’Union européenne ne pourra pas peser dans le nouvel ordre mondial en multipliant les demi-mesures. Léon XIV a appelé les peuples à l’espérance : à l’Union de transformer la sienne en volonté.
Celia Moebs
Des secteurs à risque
À travers les nouvelles mesures, les eurodéputés souhaitent rendre le filtrage obligatoire pour tous les Etats membres. Jusqu’ici non contraignante, la loi permettait à certains d’entre eux, comme la Bulgarie et Chypre, de ne pas en faire usage, créant ainsi une fenêtre d'entrée évidente pour les investisseurs étrangers. Pour améliorer la surveillance, le texte réclame également à chaque pays un rapport annuel de ses activités en la matière.
Depuis 2020, un mécanisme est mis en place pour mieux surveiller les acquisitions d’actifs financiers dans l’UE par des sociétés de pays tiers. Les États membres sont également tenus d’inspecter les investissements étrangers sur leur territoire. Cette surveillance est coordonnée par un système d’alerte commun, qui leur permet d'échanger des informations et de signaler les potentiels risques. Avec ce nouveau texte, Glucksmann veut être plus strict sur ce contrôle.
Thomas Ancelin et Camille Carvalho
Quand il parle d'investissements étrangers, Raphaël Glucksmann n'hésite pas à hausser le ton : "L’Europe est seule face à des dangers. On agit contre eux pour vous protéger, protéger vos familles. Et pour ça, on a besoin de la souveraineté européenne!" L’élu rattaché à Place Publique est rapporteur d’une réforme qui vise à renforcer le filtrage des investissements en provenance de l’étranger au sein de l’Union européenne (UE). Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), ils représentaient 115 milliards d'euros en 2021. L’objectif de la réforme : les restreindre davantage pour éviter des prises de contrôle d’entreprises européennes, voire de secteurs entiers, par des intérêts étrangers.
Le Parlement européen a voté jeudi 8 mai 2025 en faveur d’une révision de la loi du filtrage des investissements en provenance de l’étranger. Le but : limiter ces financements dans des secteurs stratégiques de l’Europe. Porté par le socialiste Raphaël Glucksmann, ce projet montre déjà des failles.
L'UE reconduit la suspension des droits de douane pour l'Ukraine
L’Ukraine va pouvoir continuer à exporter ses ressources en Europe librement. Ce jeudi 8 mai, les eurodéputés ont voté le renouvellement de la suspension des droits de douanes et des quotas sur les produits en provenance de l’Ukraine, en particulier le fer et l’acier. Renouvelée pour la quatrième fois, cette mesure vise à dynamiser le commerce du pays en période de guerre et à lui permettre d’augmenter ses recettes commerciales. Avec un résultat de 29 pour, huit contre et deux abstentions, la facilitation du commerce entre l’Ukraine et l’UE est assurée jusqu’en 2028. Parmi les votes contre, cinq étaient issus de l’extrême droite.
La montée de l’extrême droite pro-russe brouille le message de l’Union européenne sur l’Ukraine. C’est notamment le cas avec les députés bulgares du parti national Revival (affilié au groupe ESN), qui ont signé un accord de coopération avec le parti de Vladimir Poutine, Russie unie. Un accord dénoncé par la présidente du groupe Renew Valérie Hayer : "Il s’agit d’attaques flagrantes à nos valeurs communes ! Mais aussi à l’intégrité et à la réputation du Parlement". Elle a demandé l’ouverture d’une enquête visant à déterminer si le parti Russie unie a versé de l’argent aux députés bulgares afin d’influencer leur travail parlementaire. Elle a également insisté pour s’assurer que les eurodéputés présents au défilé du 9 mai à Moscou ne fassent pas le déplacement aux frais du Parlement.