Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.
Moncef Arbadji et Pierrot Destrez
L’acier : un enjeu de l’indépendance européenne
Si le président américain a suspendu certains droits de douane imposés aux Européens, ce n’est pas le cas de l’acier, toujours taxé à 25 %. Une décision qui n’arrange pas la situation de l’industrie sidérurgique européenne en proie à de sérieuses difficultés liées notamment à la prédominance de concurrents comme la Chine sur le marché du Vieux continent. En témoigne le géant ArcelorMittal qui a annoncé la suppression de plus de 600 postes dans le Nord de la France. Pour soutenir les producteurs, indispensables à certains secteurs clés comme l’armement, plusieurs groupes dont les Socialistes et Démocrates (S&D, gauche) prônent l’instauration de “taxes provisoires à l’entrée de l’UE”. De quoi limiter la “situation de dépendance [de l’Europe] vis-à-vis de la Chine”, affirme le député socialiste, Raphaël Glucksmann.
Même si la Commission Européenne peut toujours porter plainte, les pays ne respectant pas les réglementations ne risquent concrètement rien. Aucune sanction n’est prévue dans le texte si un pays venait à ne pas appliquer ces contrôles. La porte reste donc entrouverte, d’autant que le texte doit encore suivre un long parcours législatif au sein des institutions européennes et pourrait être de nouveau modifié avant son application.
Poussés par le PPE (Parti populaire européen, droite), les eurodéputés ont voté le déclassement du statut du loup. Une victoire politique. Les opposants dénoncent l’autorisation de tuer l'animal et le risque de déclassement d’autres espèces strictement protégées.
Peut-on donc s’attendre à un filtrage réellement efficace ? Varg Folkman, analyste à l’European Policy Center, est catégorique : "Je ne pense pas que ça aura un énorme impact". Si la nouvelle réglementation prévoit un renforcement du système, elle laisse des failles dans lesquelles les pays tiers peuvent s'engouffrer. Les entreprises étrangères possédant des filiales en Europe, par exemple, passent sous le radar des 27. Car le contrôle en vigueur ne concerne que les placements provenant de pays non européens. Grâce à ce contournement, des entreprises chinoises ou russes ont le champ libre pour investir dans des domaines stratégiques, sous couvert de leurs succursales. "Si ces entreprises ont réussi à contourner les lois européennes une première fois, elles n’auront aucun mal à recommencer", s’inquiète Varg Folman.
Une loi insuffisante
Avec cette proposition de loi, les députés souhaitent que ce genre de situation ne se reproduise plus. Parmi les acteurs consultés sur la réforme se trouve la Fédération européenne des opérateurs portuaires privés (Feport), représentant 2 290 ports privés en Europe, dont certains aux mains de la Chine. Selon Manuel Andrade, son conseiller politique, Feport s’oppose à toute réglementation qui se montrerait "discriminatoire à l’égard des investisseurs étrangers ".
Cette réforme cherche surtout à éviter que les investisseurs étrangers s’accaparent des secteurs clés de l’Europe, tels que la défense ou les transports. D’un pays à l'autre, ces domaines changent. L’un des exemples emblématiques est celui de la Grèce. En 2016, le pays a vendu le port du Pirée à un armateur chinois suite à des pressions financières. Pékin a par la suite accentué son influence en Europe, jusqu’à posséder aujourd’hui des parts dans 14 ports européens, dont les trois plus grands du continent.
Quentin Baraja et Valentine Lécayon