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L’équipe de France a réalisé un exploit en battant les Etats-Unis en quart de finale des championnats du monde. L’occasion de revenir sur les cinq plus grandes performances du basket français au XXIe siècle.

« Ça fait bizarre d’arriver sur son lieu de travail pour soigner des gens et finalement c’est toi qui doit être soignée. » Depuis, quotidiennement, Manon doit composer avec des patients violents, de plus en plus agressifs. Face à eux, la Strasbourgeoise se sent démunie. La nuit surtout, lorsqu’elle s’occupe de patients ivres, en grande situation de précarité : « A l’école d’infirmier, on t’apprend à soigner les patients. Pas à les attacher quand ils deviennent dangereux pour les autres et pour eux-mêmes. Ce qui arrive de plus en plus souvent. Tu les attaches à un brancard et tu attends que ça leur passe. »

Un vigile aux urgences

En juillet, une énième agression la pousse à quitter le service, alors qu’elle négocie depuis un an avec sa direction qui ne veut pas la laisser partir. « C’était une jeune fille, 20 ans, alcoolisée et en détresse psychologique. Elle n’a pas accepté de devoir attendre le médecin, s’est agitée. On a essayé de la calmer pendant un petit moment puis finalement j’ai appelé des renforts. A ce moment-là, elle met un coup de pied dans le visage d’une collègue puis m’agrippe la main, sachant que j’avais déjà été blessée au poignet avec trois mois d’arrêt. Là, je me suis dit qu’il fallait vraiment que j’en sorte. »

Ses supérieurs la laissent partir. Et ce en dépit des difficultés qu’ils éprouvent à retrouver du personnel pour le service des urgences, affirme la soignante : « Les infirmiers tiennent en moyenne trois ou quatre ans. Tu viens faire ton boulot, pas te faire agresser systématiquement. » Depuis une nouvelle attaque particulièrement violente subie en août par d’anciens collègues de Manon et la grève qui a suivie, les urgences de Hautepierre bénéficient d’un vigile présent en permanence.

« Je crois qu’il n’y a pas un seul truc que je n’ai pas aimé aux urgences », sourit Manon Eber. L’infirmière strasbourgeoise est passionnée par son métier : « La polyvalence, la réactivité, le travail d’équipe » mais surtout l’humain. « On est en première ligne, à l’accueil ou pour les soins. C’est un gros travail de discussion, de réassurance. » Après ses études, elle a passé sept ans aux urgences des hôpitaux de Strasbourg. Soit toute sa carrière. La soignante a d’abord officié au Nouvel Hôpital Civil, avant de rejoindre Hautepierre : « C’est beaucoup de rires, beaucoup de travail et surtout beaucoup d’organisation ! »

Pourtant, la jeune femme de 28 ans a souhaité changer de service il y a un mois, en juillet. « Je ne savais plus à quoi m’attendre en arrivant au travail. Avec le temps, la consommation des urgences a changé. On se fait insulter, on subit l’agressivité, les violences verbales voire physiques », soupire-t-elle. Elle décrit les coups et les cris qu’elle subit :

Manon a été infirmière pendant sept ans aux urgences de Strasbourg. Victime de nombreuses agressions, la jeune femme a décidé de quitter le service.

L'insuffisance de lits impacte toute la chaîne des secours.

Manon Eber, infirmière, parle de son agression.

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