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Dans leur propre rôle, les 22 cinéastes sont à la fois les narrateurs et les histoires. Si le décor change à chaque fois, le spectateur a l’impression de faire du surplace : camp de réfugiés, ruines, bord de mer et marchés. Tout comme le peuple palestinien, nous sommes coincés dans la bande de Gaza, sans aucun moyen d’échapper aux tirs.

24 heures d’Alaa Damo raconte comment Musab a survécu à trois bombardements dans la même journée. Il perd successivement son cousin, ses frères et sœurs, ses parents et d’autres membres de sa famille. Dans l’horreur, ne reste plus qu’à constater et à témoigner. "Le cinéma peut conserver la mémoire pour les générations futures, je veux que ces films soient de l'action sur la durée, pas simplement une réaction", explique Rashid Masharawi, pour qui le travail continue. D’après le réalisateur de 63 ans, dix longs métrages documentaires sont en train d’être tournés dans la bande de Gaza.

Guerre militaire et guerre de l’image

Avec des vidéos d’archives, des marionnettes, des dessins ou encore de la musique, les cinéastes livrent avec émotion des témoignages que chacun devrait écouter. Des témoignages parfois sans parole, car les images suffisent, comme dans Jour de classe d’Ahmed Al Danaf. Le protagoniste Khaled se faufile entre les tentes du camp, les décombres et les marchés, jusqu’à son école inexistante. Parce qu’il est bien question de ça : la privation. D’éducation, de nourriture, d’eau, d’innocence. "Nous serons en morceaux", lance une fillette avec une lucidité qui fait froid dans le dos. Les enfants, voix effacées du conflit et lourd tribut – plus de 14 500 tués depuis quinze mois selon l’Unicef –, sont les protagonistes de Peau Douce de Khamis Masharawi. La mère de cette petite fille a écrit son nom sur le bras de ses enfants, pour identifier leur corps s’ils se font bombarder.

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Dans cette guerre autant militaire que bataille d’images, From Ground Zero offre une bouffée d’air frais. Loin des clichés qui inondent les réseaux sociaux, les courts-métrages tournés avec les moyens du bord permettent d’humaniser les bilans qui nous parviennent en Occident. "Le but du film est de transformer ces chiffres en visages, en êtres humains, en personnes qui ont des vies et des projets", résume Rashid Masharawi. Les Palestiniens souffrent, mais gardent espoir aussi, comme Hana Eleiwa dans son documentaire Non : "Je rejette le désespoir, la frustration, la laideur. Non à tout ce qui nous détruit."

François Bayrou reste en place et son gouvernement aussi, mercredi 5 février. Photo Reuters / Benoit Tessier

La motion de censure déposée par la France Insoumise suite à l’utilisation par le Premier ministre de l’article 49.3, qui engage la responsabilité de l’État, a été rejetée par les députés ce mercredi 5 février dans l’après-midi. Seuls 128 députés ont voté pour, moins que la majorité, fixée à 289 voix, requise pour faire tomber le gouvernement. De ce fait, le budget de l’État a été directement adopté par l’Assemblée, avant un dernier vote qui aura lieu au Sénat ce jeudi. 

Le résultat du vote était attendu. La France Insoumise, les écologistes et les partis de divers gauche rassemblent 126 députés. Sans le Parti socialiste, ils étaient donc loin des 289 députés nécessaires pour faire voter la motion de censure. D’autant que le PS avait donné pour consignes de ne pas voter la motion de censure, à “contrecoeur”, selon Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes. Du côté du Rassemblement national, dont la décision pouvait elle aussi faire pencher la balance, les consignes se sont fait attendre. Le Rassemblement national n’a en majorité pas voté la motion de censure, suivant les consignes de Jordan Bardella, qui avait annoncé qu’ils ne s’associeraient pas à une motion aux conséquences “plus lourdes pour l’économie” que celle qui a entraîné la chute du gouvernement précédent. 

Une seconde motion de censure, elle aussi déposée par LFI, et portant sur le premier volet du budget de la Sécurité sociale, lui aussi ayant entraîné l’utilisation du 49.3, sera étudiée en fin de journée, et devrait normalement connaître le même sort. 

Le gouvernement attaqué à la tribune

À la tribune avant le vote, les différents groupes politiques se sont enchaînés à la tribune. Le Rassemblement national, qui a décidé de ne pas voter la motion de censure, la qualifiant de “mascarade”, a attaqué le gouvernement sur la question de la dette : “Ce budget ne corrige rien. Il ne fait qu’enteriner la gestion désastreuse d’un État qui préfère financier l’inutile plutôt que financer l’essentiel”, a affirmé le député du Gard Yoann Gillet. 

La député LFI Aurélie Trouvé a fustigé un “budget irresponsable” dont François Bayrou est le "responsable". Elle a notamment accusé le premier ministre d’être “responsable du budget le plus austéritaire du XXIᵉ siècle, de la plus forte baisse de dépenses publiques que la France ait jamais connu, une baisse de 23 milliards d’euros, pire que celle prévue dans le budget de Michel Barnier”.

Dernier à prendre la parole avant le vote, le Premier ministre a rappelé “que le budget était une étape d’urgence, car le pays ne peut pas vivre sans budget. Il faut un travail de reconstruction.” “J’ai confiance que tout le monde puisse y participer”, a-t-il conclu.

Le PS se détache de la ligne NFP

Le Parti socialiste s’est retrouvé obligé de trancher, lundi 3 février, lorsque le Premier ministre a déclenché à deux reprises l’article 49.3, engageant ainsi la responsabilité de son gouvernement. Une annonce directement suivie par le dépôt d’une motion de censure de la part de La France Insoumise. Des négociations internes ont alors été entamées à gauche, afin de trancher si les députés socialistes devaient suivre la ligne du gouvernement, ou voter pour la motion de censure, restant fidèle aux engagements pris au sein du Nouveau Front Populaire. 

Lundi soir, la réponse est tombée. “Nous avons choisi, non pas de soutenir le gouvernement, mais de ne pas pratiquer la politique du pire, parce que la politique du pire, elle peut conduire à la pire des politiques, celle de l'extrême droite", a affirmé Olivier Faure, secrétaire général du Parti socialiste. Une stratégie critiquée par le NFP, notamment les Insoumis. 

Paul Ripert

Édité par Liza Hervy-Marquer

Vingt-deux courts-métrages, vingt-deux cartes postales envoyées de Gaza au reste du monde. From Ground Zero explore avec simplicité et brio la vie quotidienne des Palestiniens, sous les bombes depuis le 7 octobre 2023, et même avant. Présélectionné pour l'Oscar du meilleur film international, ce documentaire a été diffusé mardi 4 février en avant-première au cinéma Star Saint-Exupéry à Strasbourg, dans le cadre de l’Entre Deux du Festival du film palestinien (qui a lieu tous les deux ans). Il sortira en salles en France le 12 février.

Avec ce projet cinématographique collectif, l’objectif du réalisateur palestinien Rashid Masharawi est de rendre leur voix aux cinéastes gazaouis, en lutte permanente pour survivre. Les journalistes étrangers étant interdits sur place par Israël et ceux à Gaza se faisant tuer, les caméras se font rares. Divisé en deux parties de 55 minutes, From Ground Zero est le résultat du travail de réalisateurs, producteurs de films d’animation, artistes de théâtre, danseurs, vidéastes, spécialistes en multimédia, écrivains et journalistes.

Certains courts-métrages surprennent par leur brièveté, entre 3 et 7 minutes. Le documentaire expérimental Echo, de Mustafa Kolab, dure le temps d’un appel. Ambulances, appels à l’aide, bombes en fond sonore, le spectateur plonge dans la fuite constante et dans la nuit noire au bord de la mer de Gaza. Clap de fin. À chaque fois que l’on relâche son souffle pendant le générique, un autre film démarre aussitôt.

La motion de censure déposée par LFI contre l’utilisation du 49.3 a été rejetée, faute de soutien suffisant, notamment du PS, qui a refusé de la voter. Ce choix  provoque de vives tensions au sein du Nouveau Front Populaire.

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a ouvert la séance consacrée à l'examen des motions de censure. © Bertrand Guay

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Composé de 22 courts-métrages tournés par des Palestiniens dans la bande de Gaza, "From Ground Zero" donne la parole aux premiers concernés par le conflit sanglant avec Israël. Un documentaire déchirant mais nécessaire, qui sortira en salles le 12 février.

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