Des eurodéputé.es inquiet.ètes sur la situation à Gaza
Les député.es européens sont toujours profondément préoccupés par la situation à Gaza. La journée du 11 mars s’est conclue par des prises de paroles sur le sujet. Le régime de Tel Aviv bloque de nouveau l’aide humanitaire depuis le 2 mars. L'eurodéputée du groupe de gauche radicale The Left, Rima Hassan, souligne l’urgence de l’accès à cette aide, « en plein mois de jeûne du ramadan, il est très important que les populations puissent se nourrir et reprendre des forces pendant le seul repas de la journée ». L’eurodéputée du groupe de gauche S&D, Hana Jalloul, dénonce l’utilisation de l’aide comme « outil de pression » par Israël dans les discussions qui ont lieu à Doha. Ces négociations portent sur l'avenir et la reconstruction de l'enclave, soutenue par la Ligue arabe et la Commission européenne.
L’État hébreu a également coupé la seule ligne électrique de Gaza. Une attaque qui inquiète les parlementaires. Cette ligne alimente la seule usine de dessalement d’eau de l’enclave. Une décision grave qui touchera 600 000 Gazaouis. « Ces actes sont constitutifs d’un crime de guerre. Lorsque la Russie a commis des attaques similaires contre des infrastructures à destination de la population civile en Ukraine, Ursula von der Leyen dénonçait des crimes de guerre », déplore Rima Hassan, regrettant un « deux poids, deux mesures » de la part de la Commission.
William Jean
Face à ce flou juridique, certains eurodéputés tempèrent et s'éloignent des grands effets d’annonces. Sandro Gozi, du groupe libéral Renew, regrette : « Si on pouvait confisquer ces fonds tout de suite, je serais le premier à le faire. » Pour « éliminer le risque juridique », son groupe propose une « approche en deux phases ». Il pousse pour « utiliser sans confisquer » les avoirs dès maintenant comme « garantie de prêt » contracté par l’Ukraine. Cette garantie permettrait alors de faire pression sur la Russie. Quand la paix sera signée, les avoirs pourraient être saisis pour payer les réparations demandées par l’Ukraine à la Russie. « Si Moscou refuse de verser les dommages, alors l’Ukraine conservera les avoirs », abonde Valérie Hayer, la présidente du groupe centriste.
Pas si simple, selon Marie Fernet, avocate spécialisée dans le commerce international, car ces avoirs sont aussi protégés par le droit international. Ces fonds appartiennent à la Russie. Pour confisquer cet argent, il faudrait qu’un texte ou une procédure dans un tribunal d’un pays européen le permette comme sanction contre la Russie. Or, « on ne peut pas normalement poursuivre un État devant la juridiction d’un autre État, c’est le principe d’immunité souveraine », explique Marie Fernet. Si la confiscation pure et simple des avoirs était décidée par l’UE, elle pourrait être remise en question par le droit après coup. Marie Fernet prévient : « Si on considère que la saisie n’est pas conforme, l’UE sera peut-être condamnée par la Cour de Justice de l’UE ou par un tribunal national. » Alors, les États européens pourraient être contraints de rembourser les avoirs.