André, un trentenaire qui vient une ou deux fois par semaine, craint tout de même "une perte d’identité du club". "[Je ne n’ai pas envie que] le club mère soit Chelsea et que nous, on devienne juste un centre de formation." Cet été, le RCSA a dépensé 55,5 millions d’euros pour cinq nouvelles recrues qui ont entre 20 et 21 ans. Il rajoute, l’air agacé : "Avec les sous qu’ils ont reçus, ils auraient pu prendre des joueurs moins jeunes, avec plus d’expérience. Ça nous aurait permis de jouer plus haut. Mais c'est un pari pour l’avenir. Ça peut être payant."
"Ça fait du bien à ceux qui restent"
Sur l’année 2020, 186 enterrements ont eu lieu au cimetière public musulman, soit deux fois plus qu’en 2019. Certaines familles ont dû le faire à contrecœur. Covid oblige, le rapatriement des corps est devenu impossible. "On a été bloqué et même humilié !", s’énerve Khadija en repensant à son père inhumé en France contre sa volonté. Comme beaucoup de musulmans, il avait cotisé à une assurance pour que son corps soit rapatrié en Algérie. Mais trois ans après, Khadija le reconnaît : "Ça fait du bien à ceux qui restent de pouvoir aller le voir ici." Depuis la réouverture des frontières fin 2021, les musulmans peuvent à nouveau choisir leur lieu de funérailles. "Et toi, tu te feras enterrer près de papa ?", lance-t-elle à sa mère. Élusive, cette dernière rétorque : "La terre, c’est le Dieu qui choisit !"
Pourtant, les supporters nostalgiques se rappellent du train bleu, nom historique du train qui emmenait, de Saint-Louis à Strasbourg, les fans du RCSA à la fin des années 1970, quand le club a été champion de France. Un vrai succès populaire : 600 à 700 personnes par navette avec des personnes debout dès Colmar mais le dispositif a été supprimé. Il est réapparu à deux reprises : en juillet 2011 lors d’un match contre Mulhouse et en mai 2022 contre Clermont-Ferrand.
Destruction, modernisation et changement de clientèle : l’offre commerciale de la Canardière se recompose en faisant des gagnants et des perdants. Derrière le Plan de renouvellement urbain (PRU), bailleurs et pouvoirs publics tirent les ficelles.
Place de l’Île-de-France, aux alentours de midi, le Fournil de la Meinau ne désemplit pas. "Qui veut encore un sandwich poulet curry ?", lance la vendeuse à la file d’attente d’une dizaine de personnes. Parmi elles, certaines ont acheté un logement dans le quartier ces dernières années. Des nouveaux habitants qui sont "majoritairement jeunes et consomment différemment, plus de baguettes que de pâtisseries", constate Diana Leblond, gérante depuis 2016 de ce commerce emblématique. "C'est un quartier qui commence à revivre. Il y a deux lunetiers, alors qu’avant, il n’y en avait pas. Sinon, on a toujours les mêmes commerces. Ils ont juste changé de place", affirme-t-elle. Pourtant, dans la même rue, deux échoppes gardent les rideaux baissés.
Tristan Vanuxem et Ismérie Vergne
Derrière son carré sage, ses lunettes aux verres épais, et ses manières un peu dures, on ne devinerait pas que Madame la Pasteure est engagée dans la cause LGBTQIA+. "Ulrike a participé à fonder un groupe paroissial pro-LGBTQIA+ en 2013, l'Antenne inclusive. Elle s'est longtemps occupée des prières lors des chapelles arc-en-ciel et continue d’intervenir dans les diverses conférences à ce sujet", s’enthousiasme Juliette, bénévole. Une fois encore, l’écclesiastique est restée discrète sur son action. De ses engagements, elle ne s’attribue aucun mérite.
Athénaïs Cornette de Saint Cyr et Emma Fleter
Lassé de cette incertitude du tirage au sort et découragé par la perte de la moitié de ses bénéfices avec la crise du Covid, Tastan Sadullah s’est reconverti en rôtisseur. Il tenait depuis 2013 un stand "bazar", où il proposait piles, cadenas, bassines... Devenu "fixe" en 2020, il embaume désormais la place de l'Île-de-France de l’odeur de ses poulets rôtis halal.
Le 16 novembre, à l’occasion de la 28e semaine des rencontres islamo-chrétiennes, L’Oasis a organisé un repas sous le signe de l’hospitalité. Une trentaine de croyants se sont réunis à la mosquée de la Fraternité autour d'un buffet généreusement garni. Alors que les assiettes se vidaient, Ulrike s’est levée pour prendre la parole. Elle souhaiterait que les représentants des cultes s’investissent davantage dans le quartier. Peut-être en organisant un stand commun au marché place de l’Île-de-France.