AU 2E TOUR, LA GAUCHE PLUS FORTE DANS LES BUREAUX POPULAIRES
Le bureau 603 (2è tour 2014)
Le bureau 606 (1er tour 2014)
Le bureau 603, celui de l'école Paul Langevin, au cœur de la très populaire Cité nucléaire, est le plus abstentionniste de Strasbourg. En revanche, le bureau 606 de l'école maternelle de Cronenbourg, dans le quartier plus favorisé du vieux Cronenebourg, enregistre une abstention inférieure à la moyenne strasbourgeoise. Fait significatif : l'abstention augmente de 12 points entre 2008 et 2014 dans le bureau 603 (de 62,6% à 74,9%) et ne progresse que faiblement dans le 606 (de 40,3% à 43,8%).
FN, SAGLAMER, ECOLOGISME, CENTRISME : DES RESULTATS TRES DISTINCTS AU 1ER TOUR
Le bureau 603 (1er tour 2014)
Dans les cantons plutôt populaires (le 6, le 9 et le 10), la hausse de l'abstention fait un grand perdant – le Parti socialiste –, et deux gagnants – le Front national et le Mouvement citoyen de Strasbourg de Tuncer Saglamer. Elle ne change presque pas le résultat de la droite traditionnelle (UMP et UDI). Cette dernière ne bénéficie pas de la chute spectaculaire du PS – qui totalisait 46,6% des voix en 2008 (1er tour) dans le canton 6 contre 35,3% en 2014 . Sur l'ensemble de ce canton, Roland Ries (PS) perd 11,5 points et 1085 voix entre 2008 et 2014 (au premier tour). C'est énorme dans une élection qui s'est jouée à 1509 voix. Il chute au minimum de 6 points (bureau 602) et jusqu'à 20 points dans certains bureaux (604, 610, 612). Dans d'autres (603, 604, 609, 618), il totalise à peine la moitié de ses voix en 2008. Néanmoins, il est sorti en tête du 1er tour dans le canton et remporte largement le second avec 50,7%, loin devant l'UMP Fabienne Keller (39,4%) et la candidat du Rassemblement bleu marine Jean-Luc Schaffauser (9,8%). Le canton 6 vote donc toujours majoritairement à gauche en dépit d'un fort recul.
Avec 13,1%, la liste frontiste de J-L Schaffauser réalise un score supérieur de 2 points dans le canton par rapport à l'ensemble de la ville. Le score du FN est toutefois inférieur à ce qu'il est dans les 2 autres cantons populaires où il recueille 16,4% des suffrages dans le canton 9 (Montagne Verte-Elsau) et 17,8% dans le canton 10 (Neuhof).
Le score du Mouvement citoyen de Strasbourg (MCS) du franco-turc Tüncer Saglamer dans le canton 6 (6,5%) est très au-dessus de la moyenne strasbourgeoise (2,6%) et ne souffre aucune comparaison avec ce qu'il est dans les cantons 1 et 4 par exemple (0,6%). C'est dans ce canton que le MCS obtient son deuxième meilleur résultat, légèrement en-dessous du canton 9 où habite Tüncer Saglamer (Montagne Verte-Elsau). Les chiffres varient considérablement en fonction des bureaux de vote, mais le canton héberge 8 des 14 bureaux de vote de la ville où la liste a recueilli plus de 10% des suffrages.
UNE AUGMENTATION DE L'ABSTENTION DIFFERENCIEE SELON LES BUREAUX
L'abstention comparée dans les bureaux de vote 603 et 606
2è tour : Ries, toujours majoritaire dans le canton 6
L'abstention est assez faible dans les zones les plus favorisées du quartier - à l'est et au centre de Cronenbourg (bureaux 605, 606, 607, 608, 619) ainsi que dans la zone pavillonnaire sise entre la cité nucléaire et la cité de Hautepierre (bureaux 609, 610, 617). Dans ces huit bureaux de vote, elle est toujours très en-dessous de la moyenne du canton (58,2%) et est même inférieure à 50% dans cinq bureaux. Dans le bureau de vote le moins abstentionniste du canton (le 605), sa progression y est légère entre le 1er tour de 2008 et celui de 2014 – elle passe de 40,2% à 43,8%. On retrouve à l'échelle du canton la même relation entre niveau de revenu et participation électorale que celle observée à l'échelle de la ville. Le revenu médian par ménage des IRIS (Ilots regroupés pour l'information statistique) qui correspondent à ces bureaux de vote est assez élevé - proche de 30 000 euros au sud-ouest de Cronenbourg, toujours supérieur à 20 000 voire à 25 000 euros dans le centre et l'est de Cronenbourg (la moyenne strasbourgeoise est de 24 200 euros).
Par contre, dans les bureaux de vote de la Cité nucléaire (603, 604, 613, 620) ou de Hautepierre (602, 611, 612, 614, 615, 618), l'abstention est toujours supérieure à la moyenne du canton (58,3%) et très largement supérieure à celle de l'ensemble de la ville (50,3%). A la Cité nucléaire, où elle s'élève à 63%, la médiane du revenu annuel par ménage est proche de 15 000 euros et la part des ouvriers (qualifiés et non qualifiés) parmi les salariés dépasse les 60%, près du double de ce qu'elle est à Strasbourg. La moyenne de l'abstention est pratiquement identique (63,6%) pour l'ensemble des bureaux de vote de la cité de Hautepierre. Le bureau de vote le plus abstentionniste du canton, le 603 (qui est aussi le bureau le plus abstentionniste de la ville), enregistre une progression importante par rapport à 2008 : plus de 12 points entre les 1ers tours de 2008 (62,5%) et de 2014 (74,9%). Dans la cité de Hautepierre, la médiane du revenu annuel moyen est inférieure à 18 000 euros. Autre fait important, difficile à quantifier : la « baisse drastique » de la participation électorale, particulièrement marquée dans les quartiers populaires, « est en rapport direct ou indirect avec le fait que les électeurs s'y rattachant sont issus pour une part importante de l'immigration extra- européenne » selon Philippe Breton.
COMPARAISON DU VOTE AU 1ER TOUR ENTRE LE CANTON 6 ET STRASBOURG
1er tour 2014 : Saglamer fort dans le canton 6
Le niveau économique et social des habitants des différents cantons fait figure de déterminant essentiel du taux d'abstention. Ainsi, dans les cantons 4 (Conseil des Quinze) et 5 (Robertsau) où le revenu moyen par foyer est assez élevé, 34 500 et 31 600 euros par an, l'abstention est de 44,2% (au premier tour). Elle n'augmente que très légèrement par rapport aux municipales de 2008.
En revanche, le vote est très faible dans les cantons où le revenu moyen est moindre. Dans les cantons 6, 9 et 10 – où le revenu moyen est de 21 200 euros pour le canton 6 et de 21 600 euros pour les cantons 9 et 10 – l'abstention est forte lors du 1er tour des dernières élections municipales : 58,2%, 54,5% et 55,6%. Dans ces trois cantons populaires, le chômage est deux fois plus élevé qu'à la Robertsau et au Conseil des Quinze (plus de 20% contre 11%) et la proportion de logements sociaux deux, voire trois fois plus importante (elle est de 19% dans le canton 5, 42% dans le canton 6). Philippe Breton, enseignant à l'Université de Strasbourg et président de l'Observatoire de la vie politique alsacienne (Ovipal), note également, à propos des cantons populaires, qu'ils comptent une part considérable de « populations françaises issues de l'immigration ».
Une analyse détaillée des cantons abstentionnistes permet de constater une forte hétérogénéité du comportement électoral, et d'abord de la participation électorale, à l'intérieur des cantons. Ainsi, le taux d'abstention varie de plus de 30 points entre le bureau de vote 606 (Ecole maternelle de Cronenbourg, Cronenbourg Est) où il est de 43,8% et le bureau 603 (Ecole maternelle Paul Langevin, Cité nucléaire de Cronenbourg) qui enregistre un taux de 74,9% - le plus haut de toute la ville. La moyenne dans le canton 6, le plus abstentionniste de la ville, est de 58,2% (au premier tour) ; 7 points de plus qu'en 2008 (5 points de plus à Strasbourg). La progression de l'abstention dans ce canton est un phénomène qui s'inscrit sur la durée puisqu'elle est, cette année, supérieure de 22 points par rapport à 1983 (contre 14 points sur l'ensemble de la ville).
30 POINTS D'ECART ENTRE DES BUREAUX DE VOTE
L'ECART SE CREUSE ENTRE LES CANTONS
L'évolution de l'abstention à Strasbourg et dans deux cantons représentatifs
Lors du 1er tour des dernières élections municipales, l'abstention a été majoritaire à Strasbourg (50,3%), elle est encore plus élevée dans les cantons populaires. Elle est particulièrement forte dans les bureaux de vote correspondant aux zones d'habitat collectif qui accueillent les foyers les moins favorisés socialement. C'est dans ces mêmes bureaux de vote qu'une liste à forte connotation communautaire réalise ses meilleurs scores.
La progression de l'abstention est une donnée majeure des élections municipales à Strasbourg ; au-delà de la courte victoire de Roland Ries dans un contexte national très défavorable aux socialistes et de la bonne santé retrouvée de l'extrême droite. L'abstention progresse partout – elle est de 50,3% au premier tour, 5 points de plus qu'en 2008 – et est plus importante encore dans les quartiers populaires du sud (Neuhof – canton 6) et de l'ouest (Cronenbourg, Hautepierre, Montagne Verte, Elsau – cantons 9 et 10) de la ville. Dans ces cantons, l'abstention dépasse toujours les 54% au premier tour.
Le canton 6 regroupe les quartiers de Cronenbourg, de Hautepierre, des Poteries et une partie de Koenigshoffen. C'est le canton le plus abstentionniste de Strasbourg (au 1er comme au second tour). C'est aussi là que se trouve le bureau de vote 603 où l'abstention – 74,9% - est la plus forte de toute la ville. Ce même bureau de vote est celui où une liste qualifiée par les politologues de ''communautaire'', celle du Mouvement citoyen de Strasbourg du franco-turc Tuncer Saglamer, a réalisé son meilleur résultat.
L'ABSTENTION VARIE DE 14 POINTS SELON LES CANTONS