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En plus de la ripisylve de l’Ill et de la Bruche, talus et rangées d’arbres sont autant d’espaces de vie à conserver le long des voies ferrées ou au pied de la M35 : "Les ronciers sont vus comme des endroits délaissés, avance Corentin Calvez. Pourtant ce sont des milieux très intéressants pour plein d’espèces." Jean-Claude Génot le rejoint : "Si seulement on laissait de la place à la végétation… Sur des piles de pont en béton, on pourrait laisser pousser du lierre."

Avant de profiter de leur oasis, la maternelle et l’élémentaire Erckmann-Chatrian doivent achever leur traversée du désert. Dans un établissement où les effectifs ont presque doublé entre 2010 et 2017, l’heure est au gros-œuvre. Les 246 "petits" et les 399 "grands" vont encore cohabiter dans un même bâtiment et les préfabriqués au milieu de la cour de récréation pendant quelques années. En attendant la fin des travaux, prévue pour 2028, la directrice de l’école élémentaire se réjouit de recevoir trois cours végétalisées. "Des espaces vallonnés, des sols hybrides, on va arrêter de cuire sur le béton !" se projette Hélène Delarchand, plans à la main.

Dans ce contexte, la végétation urbaine est cruciale pour la survie de la faune : "Le plus intéressant ici c’est la ripisylve, les arbres qui bordent les cours d’eau, rappelle l’écologue Jean-Claude Génot. Cette mini-forêt linéaire permet aux oiseaux de nicher, à certaines espèces comme l’écureuil de se déplacer à l’abri des regards même en pleine ville."

Gliesberg et Erckmann-Chatrian en bonne voie

Les 350 élèves du groupe scolaire du Gliesberg devront patienter jusqu’en septembre 2025, date de livraison des deux nouvelles cours. Piste de course et but de football seront remplacés par un vaste îlot vert, futur voisin de l’actuel panier de basket. De quoi entourer les deux maigres tilleuls à petites feuilles aujourd’hui cernés par le bitume. "Ça avance très bien, le projet fonctionne tout à fait", salue Gaylord Nardin, le directeur de l’école élémentaire. Après quatre ateliers, une première esquisse a été présentée au comité de cour.

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Un canard colvert femelle sur l’Ill. © Titouan Catel--Daronnat

Pour François Desrues, directeur de territoire à la mairie de Strasbourg, "il y a du mieux" concernant la gestion des déchets : les bacs de tri installés il y a peu dans le quartier ont déjà fait leurs preuves au Murhof, l’autre quartier prioritaire de la Montagne-Verte. Le Molkenbronn connaîtra-t-il la même embellie ? "C’est une question de temps", assure François Desrues.

Le résultat est convaincant pour Aimy, en CE2 : "Il y a plus de jeux, c’est cool. Avant, on s’ennuyait, il n’y avait pas assez de cachettes pour jouer à cache-cache." D’après Séverine Messelis, la reconfiguration de l’espace de jeu offre un bénéfice inattendu : "Des retours qu’on a eus, le volume sonore et l’agitation diminuent."

Ces nouveaux terrains de jeu sont le résultat d’un an de concertation autour de sept ateliers entre la Ville, Éco-Conseil et le "comité de cour" composé de la direction de l’école, d’enseignants, de responsables du périscolaire, de parents d’élèves et du responsable technique de site. Trois délégués élèves ont également participé à plusieurs séances : "Ils prennent leur rôle très au sérieux. Ils ont vraiment bien travaillé", sourit la directrice de l’élémentaire de Gutenberg, Sandrine Elles.

Un secteur retient l’attention : la M35. À l’extrémité est du quartier, elle crée "une discontinuité écologique importante parce qu’il n’y a pas de chemin pour que la faune puisse se déplacer. Si on rentre dans la peau d’un animal, on arrive sur un mur". Même constat à l’ouest, aux croisements de la Bruche avec la voie ferrée et la route de Schirmeck et ses 21 000 véhicules par jour. Ce niveau de circulation constitue une “barrière infranchissable” pour la faune selon la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal).

En attendant de tester leur efficacité lors des épisodes caniculaires, les nouvelles cours de Gutenberg offrent depuis la rentrée 2024 un tas de possibilités pédagogiques qu’apprécie la directrice des maternelles, Sophie Lichtlé : "Cette semaine, on a fait une chasse au trésor et un atelier découpage avec des éléments naturels." Cabanes et tables de pique-nique sont investies par les élèves qui se baladent désormais sur des pavés joints enherbés et s’amusent sur leurs plans de travail en bois.

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