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Un marché immobilier dynamique

Les cas de Camille et d’Anne-Sophie témoignent de la tendance au rajeunissement de la population dans le Vieux-Cronenbourg. Frédéric Perrin, agent immobilier à l’agence Orpi sur la route d’Oberhausbergen, souligne que le marché des studios et deux-pièces y est en pleine explosion. Selon lui, le profil type des nouveaux arrivants est celui de couples citadins primo-accédants avec enfant. Le rythme des arrivées de nouveaux propriétaires à Cronenbourg est parallèle à celui des départs des personnes âgées qui se sont installées dans les années 1960 et 1970. "On n’a pas forcément de mouvements campagne-ville ou ville-campagne, on est plus sur un profil de citadin, d’un locataire qui au vu des taux d'intérêt, peut se dire que pour le même montant que son loyer il peut devenir propriétaire", explique l’agent. Il prédit que d’ici cinq à dix ans, les jeunes couples seront majoritaires dans le Vieux-Cronenbourg. Mais, selon lui, ce phénomène n’est pas une spécificité du quartier. "Il y a une tendance générale sur Strasbourg où le prix au m² a augmenté : il est passé de 2400 euros l’année dernière à 3000 euros aujourd’hui ». Pour le spécialiste de l’immobilier, le Vieux-Cronenbourg est "le prochain Neudorf" : d’ici quelques années, il sera un quartier d’actifs, huppé et demandé. 

Il est vrai que le contexte économique est favorable aux acheteurs qui souhaitent louer : la loi Pinel de 2015 permet à des investisseurs de bénéficier d’abattements fiscaux s’ils mettent en location un bien rénové. Dans le Vieux-Cronenbourg, ces investisseurs sont nombreux et les biens en location se multiplient, rendant le marché de l’immobilier dynamique. À l’agence de Frédéric Perrin, trois à quatre personnes se présentent chaque jour, en quête d’un bien en location. "Il y a un turnover sur la location aujourd’hui", explique-t-il. Selon lui, Strasbourg fait partie du "top 10 France" des villes où l’immobilier est le plus actif. La métropole est classée en "zone tendue" : pour les locataires, un seul mois de préavis est nécessaire avant de quitter leur appartement. Les propriétaires sont quasiment assurés de rapidement trouver un autre occupant.

Pendant ses recherches, Camille a constaté l’effervescence du marché : "On voit des biens immobiliers se vendre en deux jours !"C'est maintenant qu'il faut acheter." Une émulation qui donne confiance à Anne-Sophie pour la revente de son propre appartement. Acheté 120 000 euros il y a cinq ans, elle espère pouvoir le céder aux alentours de 150 000 euros. 

Plus calme qu'au centre ville

Le Vieux-Cronenbourg bénéficie de sa proximité avec le centre-ville de Strasbourg. Des considérations personnelles comme les durées de trajet entre la résidence et le travail ou l’école prévalent sur les spécificités de l'immobilier local (charme de l’ancien, hauteur sous plafond plus élevée, volumes importants…). La piste cyclable, les transports en commun (tram et bus) ont boosté l’attrait du quartier qui n’est plus qu’à quelques minutes du centre-ville. 

"On est venus ici pour être proches de la gare", explique Camille. Elle et son compagnon souhaitaient vivre en périphérie de Strasbourg, dans un quartier "plus au calme que le centre-ville". Pour se rendre sur leur lieu de travail, tous deux empruntent les transports en commun. Elle prend le tram chaque jour à Rotonde, à cinq minutes à pied de chez elle, pour se rendre à Neudorf. Lui travaille comme professeur documentaliste à Lauterbourg et s’y rend en train via la gare centrale qu’il rejoint aussi en tram. 

Également accessible en quelques coups de pédales depuis le centre, le quartier a, pour Anne-Sophie, "de moins en moins d’inconvénients" maintenant qu’il est désenclavé. Si son concubin était ouvert à l’idée de quitter le Vieux-Cronenbourg, celle-ci se plaît à dire qu’elle "a gagné" en décidant son compagnon de rester dans ce quartier à "l’esprit un peu village"

Les rumeurs vont bon train

Érigé en plein milieu d’une zone résidentielle, l’EPSAN suscite de fortes inquiétudes dues à sa proximité directe avec trois écoles primaires. "On peut reconnaître les patients avec leurs bracelets bleus. Ils sont souvent près de l’arrêt de bus de la ligne G, confirme Karim G., 25 ans, qui a grandi à Cronenbourg. Des fois, il y a des embrouilles avec les dealers de drogue du quartier." Un autre habitant, fortement investi dans la vie du quartier, fulmine : "Vous voyez les fous se balader dans les rues toute la journée. C’est n’importe quoi pour la sécurité des habitants." Le responsable d’Emmaüs Cronenbourg, raconte lui avoir vu un patient "tourner autour d’un couple en les fixant". Pour Daniel Malem, éducateur spécialisé dans le quartier depuis une vingtaine d’année : "C’est n’importe quoi ! Il ne se passe jamais rien avec les pensionnaires de l’EPSAN." 

Ce sont des discussions sur le groupe Facebook “les voisins du Vieux-Cronenbourg” qui ont permis à une bande d'amis de concrétiser leur volonté commune de “redynamiser le secteur pour le rendre plus convivial, plus écolo et plus sympathique”. Depuis, pique-niques géants, trocs d’objets et rencontres rythment la vie du quartier. 

“J’aime montrer aux gens qu’on peut être acteur de son quartier, sourit la trésorière Agnieszka Koziol, 39 ans. Vers janvier, je souhaiterais par exemple mettre en place des ateliers zéro déchet, des ateliers 'do it yourself' à très bas tarif pour qu’un large public y ait accès. Je voudrais aller chercher tout le monde, les personnes âgées isolées, les gens sans enfant, sans emploi, qu’il n’y ait pas qu’un seul profil dans l’association.” 

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Au Marché Gare, en face du bureau de Novea 67© Myriam Mannhart

Nous avons pour obligation d’avoir 60 % de sorties positives par an. Une sortie positive c’est une personne qui va trouver un CDI, un CDD de six mois, ou une formation qualifiante (BEP, CAP, BTS, licence), à la fin de son contrat ici.

Qui est concerné par ce type de contrat ?

Pôle emploi décide si une personne est éloignée de l’emploi. Je reçois un CV, il m’intéresse, j’organise un entretien. Il faut ensuite faire une demande de pré-agrément à Pôle emploi, expliquer la situation de la personne et montrer en quoi le parcours d’insertion lui serait bénéfique. 

On a des réfugiés politiques, des personnes qui viennent d’Afrique, de Tchétchénie, de Russie. On a aussi des personnes qui vivent en France et qui ont connu d’autres soucis. Pour une mauvaise histoire d’amour, un employeur qui les a détruit, une dépression grave, une personne peut tomber très bas. La personne la plus âgée qu’on a en insertion à 55 ans. On travaille sur de l’être humain. C’est un combat au quotidien.

Juliette Jonas et Jeanne de Butler

 

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© Claire Birague

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© Justine Maurel

Pourquoi Novea 67 a décidé de faire de l’insertion ? 

Nous connaissons des gros problèmes de recrutement depuis presque trois ans. Le métier de chauffeur/livreur est en tension. Il y a plus d’offres que de demandes. Beaucoup de gens ne veulent plus exercer ce métier. Il est physique et pas très bien rémunéré. 

En manque de CV, je me suis manifesté à la mission locale et à Pôle emploi. 

Qu’est ce qu’une entreprise d’insertion (EI) ?

C’est une entreprise qui a passé un agrément avec l’État pour embaucher des personnes considérées comme éloignées de l’emploi en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI). 

Ce sont des contrats valables quatre mois, renouvelables jusqu’à deux ans maximum. Novea 67 essaie d’avoir 50 % de contrats d’insertion et 50 % de CDD et CDI. 

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 © David Darloy 

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