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Façade de l'ancienne discothèque Le Baron © Marylou Czapilcki 

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A 14 ans,  Evan, élève à l'école de musique, a gagné le prix de l'Académie de musique française. © Léa Giraudeau

Rue de Klingenthal, aux limites du Vieux-Cronenbourg

 

Quatre immeubles dénotent avec les vieilles bâtisses du quartier. C'est dans l'îlot de la rue de Klingenthal, situé au nord-est du quartier, que se situe le parc social du Vieux-Cronenbourg. Denise y habite depuis 1989. Son mari, qui travaillait à la brasserie de Kronenbourg, lui a permis d'obtenir son appartement.

Ginette, elle, a obtenu son logement grâce à son gendre il y a 26 ans. Celui-ci était à l’époque concierge de l’immeuble où elle est aujourd’hui logée. À la mort de son mari, Ginette a cherché à quitter sa maison de six pièces à Bischwiller, devenue trop chère à entretenir. En l’absence de logement social disponible dans sa commune, son gendre a plaidé sa cause pour qu’elle obtienne une place dans le Vieux-Cronenbourg. 

Sarah, 25 ans, estime quant à elle avoir choisi le logement le "moins pourri" qu’elle ait visité mais regrette son appartement étudiant à Illkirch. Elle n’est pas attachée au quartier car, pour elle, "le seul avantage de Cronenbourg c’est la proximité du centre-ville".

La gestion par le bailleur social, Sibar, constitue un point de crispation. Abby, 33 ans et résidente depuis cinq ans au numéro 4, regrette un "manque de réaction et de sérieux" de la part du bailleur. En cause, la porte d’entrée qui ne ferme pas et tarde à être réparée malgré les relances des habitants. Et surtout, la fenêtre cassée qui donne accès à sa cave. Sibar ne s’est décidé à lancer les travaux qu’après qu’Abby a prouvé au bailleur sa responsabilité en cas de vol. Il faut dire que la jeune femme possède un vélo estimé à 3000 euros… 

 

 

 

La méfiance laisse place à la tolérance

À l’école maternelle Paul Langevin, Agnès Knipper, directrice de l’établissement, tente de dédramatiser. "J’ai eu des parents inquiets. Mais maintenant plus rien. Ça fait partie du paysage. Moi ça ne me choque pas, il y a des gens sains d’esprit qui me font bien plus peur." Au cours des années 2010, de multiples réunions publiques ont été organisées avec les habitants, les parents d’élèves et les commerçants. Des médecins et du personnel du futur EPSAN ont déconstruit les clichés sur les maladies mentales et rassuré les Cronenbourgeois. Ces efforts portent aujourd’hui leurs fruits, notamment auprès des enseignants. "Les patients ne représentent aucun danger. On a même été prévenus qu’on pourrait être amenés à scolariser des enfants de l’EPSAN si besoin", explique Nathalie Amann.

Le 28 octobre, l’association Les Disciples a débuté son “action de Noël”, une visite et un recensement des enfants chez eux, en vue de leur offrir des cadeaux en décembre. L’occasion d’entrer dans le quotidien de familles modestes.

© David Darloy et Julien Lecot

Érigé en plein milieu d’une zone résidentielle, l’EPSAN suscite de fortes inquiétudes dues à sa proximité directe avec trois écoles primaires. "On peut reconnaître les patients avec leurs bracelets bleus. Ils sont souvent près de l’arrêt de bus de la ligne G", confirme Karim Ghodbane, 25 ans, qui a grandi à Cronenbourg. "Des fois, il y a des embrouilles avec les dealers de drogue du quartier." Un autre habitant, fortement investi dans la vie du quartier, fulmine : "Vous voyez les fous se balader dans les rues toute la journée. C’est n’importe quoi pour la sécurité des habitants." Le responsable d’Emmaüs Cronenbourg, raconte lui avoir vu un patient "tourner autour d’un couple en les fixant". Pour Daniel Malem, éducateur spécialisé dans le quartier depuis une vingtaine d’année : "C’est n’importe quoi ! Il ne se passe jamais rien avec les pensionnaires de l’EPSAN." 

Quel rôle jouez-vous auprès des personnes en insertion, en tant qu’accompagnateur socio-professionnel ? 

Je suis le Monsieur social dans la maison. Les accompagnateurs socio-professionnel aident les personnes à résoudre leurs problèmes : endettement, santé, logement, etc. On parle aussi de savoir-être. Savoir se présenter chez un client, représenter son entreprise, gérer son stress, ça s’apprend.

Je ne suis ni psychiatre, ni psychologue, mon boulot c’est d’aider les personnes pour qu’elles vident leur sac, de les remotiver, de mettre en évidence leurs compétences. Je ne suis pas là pour taper sur la table. Mon idée c’est de rendre les gens actifs face à leur avenir. 

Quand les gens sont en insertion professionnelle ici, ils sont totalement libres du choix de leur projet professionnel. Nous ne sommes pas là pour imposer une formation à la personne. Le but d’un accompagnateur socio-professionnel est de vérifier la pertinence de ce projet et d’aider les personnes à le monter.

Marie Vancaeckenbergh, Myriam Mannhart et Juliette Mylle

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© Lucas Lassalle

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