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À Schiltigheim, la politique est loin d’être un long fleuve tranquille. Candidat aux municipales, Christian Ball compte bien décrocher la mairie avec un programme ambitieux, après un passé mouvementé au sein de la droite.
Il avait dit que ce serait son dernier mandat. Mais le 13 décembre dernier, Gilbert Meyer a décidé de revenir sur cette promesse faite en 2014 en se présentant une nouvelle fois aux élections municipales à Colmar. Confortablement installé dans son fauteuil de maire depuis 25 ans, il s’y accroche toujours.
Sa réélection pour un cinquième mandat semblait presque une formalité, jusqu’à ce que Éric Straumann, député de la première circonscription du Haut-Rhin, annonce sa candidature le 1er février. Résultat : deux listes menées par des candidats LR s’affrontent.
Face à eux, deux listes du centre, l’une menée par LREM, l’autre par le MoDem. À gauche, Lutte ouvrière s’est lancée dans la course, ainsi que les écologistes. Il faudra également compter sur les gilets jaunes, associés à des membres de LFI et des syndicalistes. En tout, sept listes sont en compétition dans la préfecture du Haut-Rhin.
Troisième round entre Meyer et Straumann
Yves Hemedinger, premier adjoint et troisième sur la liste du maire sortant, dit regretter la division de la droite. D’autant que lui-même vient de laisser passer sa chance : en 2019, il était pressenti pour succéder à Gilbert Meyer. Il avait même envisagé, pendant un moment, entrer en dissidence et mener sa propre campagne. Mais la décision du maire sortant l’a contraint à revoir ses ambitions en se rangeant derrière lui. « Nous voulons rassembler les Colmariens, pas diviser notre famille politique », concède-t-il.
Éric Straumann ne l’entend pas ainsi. « On arrive au bout d’un cycle », martèle-t-il à chaque interview. « Maintenant, c’est le bon moment. Dans six ans, j’aurai plus de 60 ans, ce sera trop tard pour un premier mandat de maire », poursuit-il. Sa décision tardive est venue changer la stratégie de campagne de Gilbert Meyer. Fin janvier, celui-ci assurait qu’une seule réunion publique, avant le premier tour, serait suffisante, signe d’une campagne à minima. Après l’annonce de Éric Straumann, ce sont neuf rencontres que l’équipe du maire sortant a organisées en février dans différents quartiers de Colmar.
Pour le premier édile, Éric Straumann représente une menace sérieuse. Leur première confrontation remonte à 2007. Lors des élections législatives, Éric Straumann vient défier le député sortant, Gilbert Meyer, et lui arrache son siège à l’Assemblée nationale. Cinq ans plus tard, il remporte une seconde fois la circonscription face au maire de Colmar. Cette année, ils s’apprêtent à en découdre pour la première fois sur le scrutin municipal et Éric Straumann espère bien faire chuter Gilbert Meyer lors de cette troisième manche.
L’acte de divorce du MoDem
Au centre aussi, la campagne est marquée par les rivalités. En juillet 2019, ils étaient deux à demander l’investiture LREM. Finalement, c’est Stéphanie Villemin, la référente départementale du parti, qui l’a obtenue, au détriment de Tristan Denéchaud, membre du MoDem.
Les deux candidats centristes s’étaient rencontrés pendant l’été, évoquant alors la possibilité de faire une liste commune. Mais Tristan Denéchaud a décidé d’entrer en campagne avec ses propres colistiers. Conseiller municipal depuis 2008, il explique sa décision par un manque d’affinité avec la candidate choisie par LREM : « Même si nous aurions pu nous entendre sur le programme, il n’y avait pas les atomes crochus tant en termes de projet que de personne ». Il en profite pour critiquer le processus d’investiture de LREM. « Je n’ai jamais été auditionné, je n’ai jamais pu présenter mon programme. » Même s’il avoue être satisfait de ne pas porter cette étiquette aujourd’hui.
De son côté, Stéphanie Villemin précise avoir proposé la deuxième place de sa liste au candidat du MoDem, avant de lâcher : « C’est une mauvaise idée qu’il n’y ait pas de liste commune ». Et d’assurer, six mois après la décision de LREM, de ses bonnes intentions : « Nous avions pris un engagement et je me serais rangée derrière lui s’il avait été investi ». Un scénario qui restera invérifiable.
Le grand flou avant le scrutin
Car ni l’un ni l’autre n’aura cédé et là aussi, ce sont deux listes qui se font face. À l’évocation d’une fusion entre les deux tours, Stéphanie Villemin ne dit pas non, mais Tristan Denéchaud prévient : il n’a pas l’intention d’être relégué au second plan.
Tous les deux reconnaissent pourtant les similitudes de leurs projets. A droite aussi, les programmes se ressemblent, Éric Straumann invoquant surtout le renouvellement du conseil municipal.
C’est donc entre ces quatre listes du centre et de la droite, divisées par des querelles personnelles plus que politiques, que les Colmariens doivent choisir. Une situation qui plonge la campagne dans la confusion. Mais si le nom du futur maire reste la grande inconnue de ce scrutin, il ne fait aucun doute que la ville, bastion de la droite depuis des décennies, ne connaîtra pas de basculement politique majeur.
Aurélien Gerbeault
Raser la mairie
Pour son colistier Gérard Anstett, Christian Ball est le « seul qui propose un vrai projet pour la ville, une panacée pour les commerçants schilikois ». Il fait référence à la mesure phare de son programme, la destruction de l’actuel hôtel de ville au profit d’un espace vert avec un parking souterrain, sans augmentation d’impôt. « Les principaux problèmes à Schilick, ce sont le manque de places de stationnement et de verdure et l’inconformité de la mairie vis-à-vis des personnes handicapées, énumère le candidat. Avec ce projet, on règle tous ces problèmes ! » L’idée, empruntée à l’initiative du maire LR de Colmar Gilbert Meyer, est estimée à 15 millions d’euros. La mairie serait relogée dans les locaux de la Maison du Jeune citoyen.
« C’est impossible et démago de dire que ça ne coûtera rien aux Schilikois, décoche Jean-Marie Kutner. Les chiffres sont farfelus, ça va coûter le double et ce n’est pas finançable. » L’ancien maire l’assure, il a mené sa propre enquête auprès d’anciens collègues de l’Eurométropole pour conclure à l’infaisabilité du projet. Raccroché de la politique, il alimente aussi régulièrement sa page Facebook de posts ironiques nommés « Carnets de Ball » qui attaquent le candidat LR. Les vieilles querelles ne meurent jamais...
Caroline Celle
Mode d'emploi : chaque point représente l'élu dont il porte le nom. Le panneau de contrôle en bas à droite permet d'afficher le conseil municipal sortant par groupe politique, par appartenance à la majorité ou à l'opposition, et de colorer chaque élu selon le candidat à l'élection 2020 qu'il soutient.
336 listes dans 194 communes de plus de 1 000 habitants s’affronteront au premier tour des élections municipales le 15 mars prochain dans le Bas-Rhin. Les profils des têtes de liste ont été passés au crible.
Il semble déjà loin le temps où l'élection municipale à Illkirch se résumait au clivage gauche-droite et à la victoire de Jacques Bigot dès le premier tour. Maire depuis 1995, le socialiste, ancien président de l’Eurométropole de Strasbourg, a démissionné de son poste en 2016 pour occuper celui de sénateur du Bas-Rhin. Loi sur le non-cumul des mandats oblige. Claude Froehly, son premier adjoint, a alors repris le flambeau.
L’héritage du sénateur suscite les convoitises à l’aube de ces nouvelles élections. Pas moins de cinq listes se disputent la mairie, contre deux en 2008 et 2014. Candidat à sa réélection, et pour la première fois tête de liste aux municipales, Froehly ne fait néanmoins plus l’unanimité au sein de la majorité. Deux de ses anciens adjoints ont décidé de prendre leur envol et de mener campagne contre lui.
« Une écologie de façade »
Principal reproche ? La bétonisation de la ville. « Les projets immobiliers fleurissent un peu partout à une vitesse inquiétante. Pourquoi dénaturer la ville pour construire des immeubles ? », s’insurge Pascale Gendrault, auparavant chargée de la culture. Même son de cloche chez Richard Hamm, l’ancien adjoint à l’écologie, qui a aussi choisi de mener sa barque. L’ex-membre des Verts, qu’il a quittés en 2016, veut faire de l’environnement la priorité de son mandat et dénonce une écologie de façade chez ses adversaires. « Ils sentent qu’elle a le vent en poupe », lance Hamm.
Si la majorité s’est morcelée, l’opposition n’est pas en reste. Le principal adversaire de Claude Froehly se nomme Thibaud Philipps. À 29 ans, cet adhérent Les Républicains (LR), se lance pour la deuxième fois dans la course à la mairie, avec trois étiquettes cette fois. En 2014, il avait échoué face à Jacques Bigot, récoltant 40,94% des voix. Mais entre temps le jeune homme a reçu un soutien de poids, celui de La République en marche (LREM), ainsi que du Modem.
Triple étiquette
« Thibaud Philipps a la même vision que nous, le même ADN, la même méthodologie. Pourquoi se diviser ? On veut porter un projet d’ouverture avec les citoyens », explique Lamjed Saidani, directeur du comité LREM d’Illkirch-Graffenstaden, pour qui une candidature en son nom n’a jamais été d’actualité. « Le projet passe avant les ambitions personnelles. Présenter deux listes différentes avec les mêmes idées n’aurait eu aucun sens », poursuit le numéro 3 de la liste, qui assure ne vouloir ni tomber dans le sectarisme politique, ni dans les tambouilles politiciennes d’un éventuel second tour.
L’alliance avec le centre n’a pourtant pas plu à tout le monde au sein de la droite illkirchoise. Alfonsa Alfano, Daniel Haessig et Alain Mazeau, conseillers municipaux de l’opposition, ont préféré rejoindre la liste divers droite portée par Rémy Beaujeux, médecin de 59 ans néophyte en politique.
Reste à savoir si Thibaud Philipps profitera de la dynamique LREM à Illkirch. Le parti d’Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier tour lors des dernières élections européennes (28,51%), législatives (38,49%) et présidentielles (25,83%). Pâtira-t-il au contraire de l’impopularité croissante du gouvernement ? « Je pense qu’on aura une belle validation des derniers scores. Certes, le contexte médiatique n’est pas favorable, mais il y a une majorité silencieuse d’Illkirchois qui approuvent ce qu’on fait », commente Lamjed Saidani. Avec cette configuration politique inédite, les probabilités d’assister à un second tour de scrutin n’ont jamais été aussi fortes.
Robin Magnier
Claude Froehly n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.
Sélestat et ses 20 000 habitants n’avaient plus connu d’élection aussi disputée depuis 2001. Sur la ligne de départ cette année, quatre listes dont celle du maire sortant de droite, Marcel Bauer qui espère rempiler pour un quatrième mandat consécutif. Face à lui, Denis Digel, candidat dissident et ex-adjoint en charge des forêts, a décidé de présenter sa propre liste. De l’autre côté de l’échiquier politique, Caroline Reys, soutenue par Europe Écologie les Verts, retente sa chance après la campagne de 2014. Jean-Marc Kastel-Koffel mène de son côté une liste citoyenne avec l’appui du Parti socialiste, des Insoumis et des gilets jaunes dont il fait partie.
Quatre listes donc, et des candidats qui ne cachent pas leurs inimitiés. Caroline Reys, chef de file de l’opposition depuis six ans au conseil municipal, indique avoir « hésité à se représenter après ces années éprouvantes dues à l’indifférence, au mépris et au sentiment d’extrême supériorité du maire » à son égard. « Je ne suis pas Sélestadienne de souche, je suis une femme, je pense que tout ça joue beaucoup, dit-elle. En 2014, les attaques étaient très basses, il faisait allusion à ma blondeur, c’était extrêmement mesquin. » Ça vole bas et ça mitraille. Marcel Bauer, pas le moins du monde perturbé, répond simplement qu’il a « du mal à travailler avec des gens qui attaquent, ne sont pas constructifs et nous mettent en porte-à-faux. Peu de personnes peuvent travailler avec elle ».
« Le seul projet de M. Digel est de me déloger »
Le maire emblématique de Sélestat a néanmoins vu sa figure contestée, notamment lors de la dernière année écoulée. Sa décision de briguer un nouveau mandat a suscité des interrogations chez ses collègues maires de l’intercommunalité mais sa position s’est surtout trouvée fragilisée avec la candidature de son ex-adjoint Denis Digel, soutenu par Stéphane Klein, leader d’opposition qui a réuni 28% des suffrages il y a cinq ans. Les deux hommes ont justifié leur union par des « valeurs communes » et la volonté d’une nouvelle gouvernance « plus ouverte ».
La candidature de Denis Digel agace le maire sortant : « Le seul projet de M. Digel est de me déloger. 70% de son programme est ce que nous avons déjà mis en route. Ce qui l’anime ce sont les ambitions personnelles. On lui avait proposé un poste de premier adjoint, dont il n’a pas voulu, pour qu’il puisse se faire connaître et faire ses armes car j’estime que six ans ce n’est pas suffisant pour être maire et qu’il avait encore beaucoup à apprendre. » S'il reproche à son adversaire d'être relativement novice, certains habitants le tacle sur sa longévité à la tête de la commune : « Il a déjà 70 ans, il serait peut-être temps de laisser la place à quelqu’un de plus jeune », confie-t-on au PMU du centre-ville. Lors de sa première réunion publique, le 20 février, le dissident de 48 ans avait d’entrée de jeu reproché à la municipalité en place « l'absence de politique de sécurité à Sélestat ». Contacté, M. Digel n’a pas répondu à nos sollicitations.
L’écologie au centre des débats
Le projet Charlemagne, qui prévoit la construction et la rénovation d’équipements sportifs, est aussi au cœur des débats. Coût de l’opération : 20 millions d’euros. Un montant qui crée des interrogations. « C’est un programme lourd mais on s’est appuyé sur les demandes et constats faits par la Région, le Département, ou les associations sportives du centre-ville », justifie le maire. Denis Digel veut quant à lui amender le projet : « On peut réduire la voilure et, avec les économies réalisées, investir pour un vrai stade municipal avec une piste d’athlétisme digne de ce nom », indiquait-il lors de sa première réunion publique. Une position que ne comprend pas le maire actuel puisque son ancien adjoint « fait partie de l’équipe qui a validé le projet et les différentes étapes ». Incompréhension toujours.
Le thème de l’écologie occupe une place importante dans les programmes des candidats. Opportunisme ou réelle volonté liée à l’urgence climatique ? « J’étais déjà soutenu par Les Verts en 2014. On est donc dans la continuité, justifie Caroline Reys. En revanche, jusqu’à très récemment, l’écologie était accessoire, farfelue, pas digne d’intérêt pour la municipalité en place. L’idée d’un écoquartier sur l’ancienne usine Celluloïd, devenue friche, nous l’avions proposée au conseil municipal en 2016 et aucun élu n’avait rebondi sur cette proposition à l’époque. Maintenant ils parlent d’un écoquartier où seront construits du stationnement voire un hotêl. C’est incohérent. »
Le maire se défend pourtant de tout opportunisme : « C’est dans l’ère du temps effectivement mais on a commencé à travailler ce sujet il y a pas mal d’années. On a déjà couvert le toit de l’école Jean-Monnet avec du photovoltaïque ou fait une chaufferie biomasse… » Jean-Marc Kastel-Koffel assure lui que certains colistiers l’ont rejoint car « Caroline Reys n’allait pas assez loin dans l’écologie ». Mais la candidate différencie facilement son programme de celui de la liste citoyenne : « La leur défend des valeurs et des engagements sur le plan national alors que la nôtre est purement locale. » La mauvaise situation socio-économique du centre-ville et sa résolution seront l’un des grands enjeux du maire élu.
Victor Boutonnat
Dans la quatrième ville du Bas-Rhin, où cinq listes s’affrontent, les élections municipales s’annoncent comme les plus disputées depuis près de vingt ans.
Ball fait cavalier seul
La démission collective provoque des élections anticipées. Certains démissionnaires ont choisi de rejoindre la liste de Christian Ball et de se mettre en compétition avec leur ancienne tête de liste Jean-Marie Kutner, comme Ahmed Fares ou Fabien Bresson. Odile Barreault, elle, décide de ne pas participer à ce qu’elle qualifie de « guerre d’egos » et ne rejoint aucune liste. D’autres sont des fidèles de Christian Ball, comme Françoise Klein ou Pierre Muller.
Largement en tête au premier tour, l’équipe de Christian Ball doit donc laisser la mairie à l’écologiste Danielle Dambach, alliée au PS et au PCF, au second tour. La gauche schilikoise, plus encline à s'unir que la droite, l'emporte.
En juin 2018, peu après les élections anticipées, Ahmed Fares, candidat très populaire dans les bureaux de vote, apprend « par un mail transmis à la mairie, sans plus d’explications » qu’il est exclu de la liste de Ball. Considéré comme « trop clivant » par ce dernier, il a aujourd’hui rejoint la liste de la candidate LREM Hélène Hollederer.
Exclu en même temps que lui, Fabien Bresson a été miraculeusement repêché pour les municipales de 2020. Après une période de désaccord politique, il a retrouvé Christian Ball avec un objectif commun : « Danielle Dambach se laisse avoir par les promoteurs, et il faut gagner la mairie pour arrêter la bétonisation de la ville. »