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Une fois par semaine depuis le confinement, Isabelle Gaulmin, 28 ans, effectue des courses alimentaires pour Angèle, 88 ans, qui vit seule et sans parent à proximité. Moins d’un kilomètre sépare cette employée d’une entreprise pharmaceutique du domicile de l’octogénaire. Elle y récupère sa liste de courses, avant de revenir les bras chargés. "Avec mes grands-parents, je me suis rendue compte que des personnes autonomes peuvent se retrouver en situation de dépendance", souligne la Haguenovienne. "Dès le début de la pandémie, je me suis demandée comment aider."

Drives et livraisons de paniers ont permis aux producteurs et maraîchers de séduire de nouveaux clients. © Sharonang / Pixabay

“Avec les personnes dépendantes, la communication passe par les gestes : se tenir la main, une caresse… Skype ne remplacera jamais tout ça”, témoigne Marie-Laure, 57 ans. Sa mère, octogénaire, vit dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer et ne parle plus. Les échanges par Skype ont finalement été une épreuve douloureuse à vivre pour sa fille. Elle estime que “beaucoup vont mourir du manque de contact et de stimulation”.

Les services publics se sont saisis de l’outil numérique pour lutter contre l’isolement des personnes âgées, sommées de rester chez elles malgré le déconfinement progressif. Le conseil départemental du Bas-Rhin a fourni, en avril, 300 tablettes à 77 Ehpad. Le moyen de garder le contact avec les proches, dont les visites étaient interdites pendant le confinement. Freddy, infirmier-coordinateur dans une maison de retraite au nord de Strasbourg, bénéficiaire de six tablettes, explique que “les familles étaient demandeuses de visioconférences”. Voir leurs proches à distance fait “du bien” aux résidents qui sont parfois restés un mois sans sortir de leur chambre. 

“Il faut remettre le numérique à sa bonne place”

Pour les séniors dépendants, comme la mère de Marie-Laure, il est difficile d’appréhender la visioconférence, affirme Freddy. “Les personnes atteintes de troubles cognitifs pensent voir une photo ou une vidéo de leurs proches”, sans comprendre qu’il s’agit d’une rencontre en direct. D’ailleurs, la présence physique favorise davantage la stimulation du cerveau que ne le permet le numérique, selon Frédéric Bernard, chercheur en neuropsychologie à Strasbourg. Les personnes âgées, en perte de capacités cognitives et sensorielles, sont d’autant plus concernées. 

“Il faut néanmoins remettre le numérique à sa bonne place, comme le maillon d’une chaîne. L’accompagnement est un facteur clé de prise en main et d’appropriation”, estime Véronique Chirié, ingénieure, présidente du Tasda*. Pour elle, l’arrivée de tablettes dans les Ehpad a eu lieu trop tard puisque “tous ces outils nécessitent beaucoup d’accompagnement, de soutien et de formation”.

Dans le Bas-Rhin, de nombreux bénévoles se sont mobilisés. Une entraide plurielle qui a dépassé toutes les attentes. A Haguenau, des centaines d’habitants ont joint leurs efforts à ceux de la ville.

La crise sanitaire a isolé les personnes âgées, l’un des publics les plus vulnérables face au Covid-19. Dans le Bas-Rhin, cette période a été l’occasion de renforcer, non sans difficulté, l’utilisation des nouvelles technologies pour maintenir le lien avec les aînés. 

Soulagement pour les fidèles bas-rhinois qui peuvent, depuis le 22 mai, reprendre le chemin des lieux de culte. Mais la crise sanitaire a poussé les croyants à investir les réseaux sociaux afin de poursuivre leur pratique religieuse.

Bò bún, salade vietnamienne, de la petite Valentine. 

© Mathilde Parmentier

Laëtitia est auxiliaire de vie et son confinement s’est fait à la maison. C’est elle qui garde Élies car Karim, pompier professionnel, a continué à travailler. Pendant ces deux mois, le temps de jeu mère-fils est passé de deux à cinq heures par jour : “Cela nous a permis de nous évader durant ces longues journées sans pouvoir sortir. On avait des choses à se raconter et puis on avait le sentiment que les journées passaient plus vite.” 

Depuis le déconfinement, Laëtitia, en chômage partiel, ne travaille que le matin. Son garçon ne retrouvera pas le chemin de l’école avant septembre. “On peut continuer nos sessions gaming les après-midi”, glisse la mère de famille. “Mais on joue quand même un peu moins, on profite du soleil.”

“On n’avait plus le même rythme”

Aujourd’hui, Johnny est raisonnable. Quand ce garagiste savernois rentre du travail, il fait seulement une partie sur The Crew, un jeu de course automobile. Beaucoup moins que durant le confinement, période durant laquelle il était au chômage technique. Pour l’occasion, il avait dépoussiéré sa Playstation 4. “On n’avait plus le même rythme”, se plaint Jennifer, sa compagne. “Il passait tout son temps sur les jeux vidéo.” 

“Parfois je me levais à 7h du matin et il était encore en train de jouer, il faisait des nuits blanches”, remarque-t-elle. “Ça prend quand même de l’énergie de passer autant de temps devant les écrans.” Avec un tel rythme, Johnny a délaissé d’autres activités. “On prévoyait de profiter du confinement pour vider l’appartement, faire le tri”, poursuit Jennifer. “On n’a pas fait comme prévu.”

Lucas Lassalle
Antoine Cazabonne

Bò bún, salade vietnamienne, de la petite Valentine. © Mathilde Parmentier

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