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Cultiver son bien-être

Entre la peur d’attraper le coronavirus et les incertitudes, le jardinage offre aux habitants du Bas-Rhin un bon moyen de se changer les idées.

Sur la toile, les moyens de sortir ses désirs du mode avion ont été multiples. Pour Jérôme*, 26 ans et agent de sécurité à Strasbourg, la gestion de la frustration est passée par un recours plus régulier à la plateforme Discord. Traditionnellement destinée aux amateurs de jeux vidéo, le jeune homme l’a aussi utilisée comme un espace d’échanges érotiques. “J’ai eu des relations sexuelles à distance notamment avec des sextoys connectés, reliés aux portables de personnes jusqu’à 10000 km”, confie-t-il. Au point de remplacer les relations sexuelles traditionnelles ? “Le virtuel ça peut être intéressant mais je préfère avoir quelque chose de plus palpable. Maintenant je vais plutôt privilégier l’IRL (in real life, ndlr)”, avoue Jérôme.

Quoi de plus agréable que de pouvoir passer un moment dans une bulle de verdure, loin des contraintes extérieures ? Pour les époux Riffel, de Reipertswiller, ça a été une véritable bouffée d’air en cette période de restrictions : “Honnêtement, nous, avec notre jardin, on ne ressentait pas spécialement le besoin de sortir. Les restaurants, tout ça, on a pu s’en passer sans problème.” Le contact avec la nature, ne serait-ce que visuel, a aidé de nombreuses personnes à passer le cap du confinement plus facilement. “Le jardinage permet de se replacer dans le temps qui passe, de se reconnecter aux saisons. C’est essentiel parce que la quarantaine nous a fait perdre nos repères”, souligne Isabelle Bouc.

Des vertus relaxantes

Ce lien avec la nature est aussi un excellent moyen d’évacuer le stress. Arroser quotidiennement une plante en pot ou tout un potager, plonger ses mains dans la terre fraîche ou encore arracher les mauvaises herbes a tendance à apaiser.

Compliqué, peut-être, mais pas impossible. Emma Ha a passé son confinement dans son appartement à Strasbourg. Elle s’est mise à jardiner sur son balcon et y a installé du poireau, du pak-choï, de la coriandre ou encore de la menthe. Même si elle considère que “pour débuter, un potager sur le balcon est amplement suffisant”, elle souligne tout de même quelques défauts à cette activité en intérieur : “La profondeur de la terre est limitée, il faut prêter attention à l’exposition du soleil et on manque vite de place. Il y a donc des plants qui ne prendront pas et d’autres qui ne sont même pas envisageables comme les brocolis, les courgettes ou les haricots qui sont grimpants.” Qu’à cela ne tienne : la jeune femme continuera de jardiner sur son balcon. Pour elle comme pour beaucoup de Français, le jardin pourrait bien devenir une nouvelle destination de choix cet été.

Justine Maurel
Quentin Griebel

Pour lui, le déconfinement ne change rien à cette passion naissante : “Maintenant, la machine est lancée, il ne me reste que de l’entretien, donc je vais continuer. Je vais même essayer de négocier avec ma femme pour agrandir l’espace potager dans le jardin !” Antoine Schwaller est étudiant en biologie à Strasbourg. Il a passé les deux derniers mois confiné au domicile de sa mère à Dabo, en Moselle, et y a commencé un potager. “J’ai eu une sorte de prise de conscience et, avec le temps que j’avais devant moi, c’était l’occasion de me lancer. J’ai retourné la terre, arraché l’herbe et épandu du terreau. Ensuite, j’ai planté les légumes que l’on m’a donnés : salade, courge, potiron et carotte”, raconte le jeune homme de 18 ans.

Grâce au temps libre retrouvé, une activité a fait son trou parmi les loisirs : le jardinage. Une tendance que l’on retrouve dans le potager des Bas-Rhinois ainsi que dans les jardineries et autres pépinières du département, qui battent des records de vente.

Ruée vers les merceries 

“Il se passe des choses assez incroyables dans ce métier depuis que le gouvernement a dit que le port du masque est un geste barrière. Il y a eu un basculement et depuis ça n’arrête pas”, constate le dirigeant de Self Tissus Est, Olivier Schwab. Dès le 15 avril, ses boutiques à Strasbourg et Sélestat ont vu défiler “six clients par quart d’heure”, du jamais-vu. Idem chez Toto tissus à Strasbourg : depuis la réouverture le 27 avril, “il y a en permanence 20 à 30 personnes qui font la queue devant la boutique”, s’enthousiasme la gérante Hayat Adrevic. Il y a une forte demande en tissus et fils clairs, ainsi qu’en élastiques. Tout ce qu’il faut pour faire des masques en somme. Si bien que les vendeurs épuisent vite leurs stocks. “Un mardi matin, on avait 400 mètres d’élastique, et le mercredi à midi il n’y en avait plus”, s’exclame Maryse, qui tient la mercerie du Bain aux plantes à Strasbourg. Aux côtés des doigts d’or aguerris, un réservoir de petites mains nouvellement converties.

Eva Moysan
Léna Romanowicz

Les files d’attente devant les merceries du Bas-Rhin peuvent en attester : la crise du coronavirus et le besoin urgent de masques pour se protéger ont entraîné une demande massive de tissus, d’élastiques et, pour les plus aguerris, de machines à coudre. 

Claire Birague

Léa Giraudeau

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