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“On connaît jamais vraiment les gens. On sait pas comment ils font pour se réchauffer les pieds quand ils sont dans leur chambre fermée.” Trente secondes d’épisode et Sophie-Marie Larrouy impose le ton. Le sien.
D’ailleurs, tout dans cette première piste de “On est chez nous” - dernier-né des podcasts Binge - respire SML, comme on l'appelle souvent. “On est chez nous”, mais elle nous emmène surtout chez elle, en Alsace. Il y a l’accent tranché des Haut-Rhinois, les voyelles qui prennent le temps d’exister et les rêves suisses cultivés par les Français du Dreyeckland - là où la France, la Suisse et l’Allemagne “se font un bisou”.
Loin d’un meeting politique
Là, SML tend son micro à un couple. On ne connaît ni leur nom, ni leur ville, ni leur âge. Tout est anonyme. C’est le propos qui doit compter. Parce que ce que propose Binge dans “On est chez nous”, c’est “s’interroger avec celles et ceux que Sophie-Marie rencontre ce que ça veut dire, aujourd’hui, d’être Français.e.” Mais à la sauce Binge, le slogan est bien moins nauséabond que dans certains meetings.Alors, pour le premier épisode, “La Carabine des trois pays/Alsace”, le couple se confie sur ses revenus suisses, le peu de congés payés chez les Helvètes, le sentiment d’appartenance à l’Alsace, le féminisme. Lui est coursier en Suisse. Elle fait du marketing en télétravail. Mais SML ne se contente pas de les écouter parler ; ce serait mal la connaître. Entre deux instants d'interviews, elle intervient dans les oreilles des auditeurs et lance une petite phrase piquante, dont elle a le secret.
Ses cheveux sont noirs comme la nuit, ses ongles roses pétant. Jeanne*, une prostituée française, visiblement remontée, transpire d’angoisse. Celui qu’elle accuse de l’avoir agressée est présent à l’audience. Pour faire baisser son stress, elle gobe un médicament qu’elle fait glisser grâce à du Cola. "C’était prévu, on va demander un renvoi", lui explique son avocat. Ahmed* a comparu mercredi 16 septembre pour violences et menaces de mort à l’encontre de plusieurs prostituées.
"Allah va vous punir !"
Les faits se sont produits à plusieurs reprises rue de Doubs à Strasbourg, entre le 25 août et le 13 septembre. Le 13, il est arrêté par la police municipale pour violences à l’aide d’un manche à balai en aluminium. "Allah va vous punir !", "Si tu restes là, je te tape 100 fois", aurait-il proféré à l’encontre des prostitués. Ahmed, lui, reconnaît uniquement les violences produites à l’aide du manche à balai. Pas les menaces.
Le renvoi du procès décidé, l’enjeu de l’audience concerne le devenir très proche de cet homme. Va-t-il ressortir libre ? "Cet homme s’est livré à une traque de mes clientes. Il y a une vraie peur désormais parmi elles. Ce serait impensable qu’il se retrouve dans cette rue quotidiennement", maintient leur avocat. Une des prostituées tient son amie par les épaules, elles se rassurent.
"Nous avons peur", déclarent les femmes présentes dans la salle. "Les faits se sont produits sur plusieurs semaines. Pourquoi ? La raison m’intéresse subsidiairement. Ces femmes l’ont dit elles-mêmes, elles ont peur et elles ont raison. Elles doivent avoir la possibilité de vivre en toute sécurité", assure l’un des avocats des victimes.
Des prostituées menacées
"Je regrette ce que j’ai fait. Ce n’était pas voulu. J’ai mis des coups sur les fesses mais pas sur la tête. Ça ne se reproduira plus". Ahmed fixe en permanence ses victimes. Il peine à les convaincre. Jeanne, cinq autres femmes et un homme, majoritairement bulgares, assistent, grâce à une interprète, à l’explication des faits. Tenue militaire moulante ou extensions blondes, elles ont la quarantaine, sont énervées et le font entendre. À chaque mot de l’avocate d’Ahmed, les voix s’élèvent et ça bavarde comme en classe.
"Encore une qui parle et elle sort ! Ce n’est pas un poulailler ici !", s’exclame le juge. "Ce n’est pas l’époque pour dire ça", reprend immédiatement la procureure. Les prostituées ont compris la leçon et continuent de suivre attentivement l’audience.
"Il doit être en liberté pour mieux préparer le dossier. Mon client n’a pas d’antécédents de violence et dehors il aura toute la possibilité de se rendre dans des agences d’intérim", défend maître Clémence Réthoré. "C’est une vraie pute celle-là ! marmonne Jeanne. Nous au moins lorsqu’un client est odieux, on le refuse". Le procès d'Ahmed sera reporté à début octobre. Lui, mercredi soir, a dormi en prison.
* Le prénom a été modifié
Emma Chevaillier
Ce mercredi 16 septembre, le Tribunal de Strasbourg a reporté une affaire de violences envers des prostituées. Le prévenu a été renvoyé en détention provisoire pour assurer la sécurité de ces femmes.
L’Assemblée nationale a voté mercredi 16 septembre une proposition de loi pour une extension de l’expérimentation territoire zéro chômeur de longue durée. 50 territoires supplémentaires vont être concernés, en plus des dix existants. L’idée de ce dispositif ? Utiliser les fonds destinés à indemniser les chômeurs de longue durée pour financer leur emploi en CDI au SMIC et ainsi créer de l'activité sur un territoire. Jean-Marc Blezel, membre fondateur et président de l’association Territoire zéro chômeur de longue durée à Illkirch-Graffenstaden nous explique où en est l’avancement du projet et ses attentes.
Pourquoi avoir créé cette association ?
J’ai découvert le dispositif territoire zéro chômeur longue durée il y a un an et demi dans le documentaire Nouvelle Cordée (film qui suit le dispositif dans l'agglomération de Mauléon (Deux-Sèvres) de Marie-Monique Robin, ndlr) qui m’avait mis une claque. J’ai ensuite adhéré à l’association à l’échelle nationale et mobilisé les gens autour de moi pour créer une antenne locale à Illkirch-Graffenstaden en juillet. Le but, c’est de donner de l’emploi aux chômeurs longue durée et aux invisibles, ceux qui ne sont même pas inscrits à Pôle Emploi. On propose un vrai projet de société et non pas un énième dispositif pour faire baisser les chiffres du chômage.
Êtes-vous prêt à démarrer le dispositif ?
Nous ne pensons pas être concernés par la nouvelle loi. 60 territoires devraient être désignés. Or nous avons été reconnus projet émergent par l’association en juillet dernier, nous sommes donc loin d’être prioritaires. Nous sommes moins bien structurés que d’autres et notre projet n’est pas encore soutenu par la municipalité, ce qui est essentiel. On avait presque convaincu l’ancienne équipe municipale, mais l’arrivée du nouveau maire nous a fait repartir à zéro. Nous sommes en ordre de marche mais un projet comme celui-ci demande du temps.
Êtes-vous confiant dans la création du projet ?
On sent qu’il y a une véritable volonté de découvrir le dispositif parmi les acteurs de l’emploi et de l’insertion, mais ils restent attentistes. À nous de montrer qu’on va se structurer. Le dispositif a fonctionné ailleurs, je ne vois pas pourquoi il échouerait ici. Si la loi ne nous concerne pas aujourd’hui, on continuera à développer le projet. Si c’est pas pour maintenant, ça sera pour la prochaine fois.
Eiman Cazé
Plusieurs associations se sont réunies pour la "Journée vélo" du Goethe-Institut à Strasbourg aujourd'hui. Et surprise : ce n'est pas pour sauver l'environnement que les cyclistes pédalent.
Le vélo n'est pas que pratique, économique et écologique, mais il peut aussi faire des smoothies. Lors de la "Journée vélo" du Goethe-Institut à Strasbourg, ce mercredi, les organisateurs ont su captiver les enfants grâce à une bicyclette vert vif à une seule roue, un mixeur monté sur le guidon et relié aux pédales, capable de réaliser des smoothies à la force des mollets.
Car un vélo, ça sert bien à tout, comme l’ont discuté les participants de cette journée vélo, rassemblant plusieurs associations locales. Et les cyclistes qui le pratiquent ne le font pas forcément pour des raisons écologiques. Même à Strasbourg, où les limites de pollution de l'air sont souvent dépassées. Si le vélo est beaucoup utilisé, c’est d’abord parce que c’est un moyen de transport plus pratique et moins cher que les autres, dit le directeur de CADR 67, Fabien Masson. "Les gens aiment bien le vélo parce que ça représente un sentiment de liberté et d'économie."
Le vélo par temps de Covid
Pour Esther Mikuszies, directrice du Goethe-Institut de Nancy et de Strasbourg, cet été était le moment parfait pour se lancer dans la thématique du vélo. "C'est un sujet qui nous préoccupe depuis longtemps", explique-t-elle. D'après elle, la bicyclette occupe une place encore plus importante dans la société allemande qu'en France. Les enfants allemands apprennent plus tôt à faire du vélo, par exemple. Elle estime toutefois qu'il y a eu un vrai développement en France ces dernières années. Un phénomène accéléré par le Covid, complète Isabelle Gillot, présidente de Vélo Station. Son association tient deux ateliers à Strasbourg où les cyclistes apprennent à réparer leur vélo en autonomie. "Beaucoup de personnes ont sorti le vélo de la cave parce qu'ils avaient peur de prendre les transports en commun", raconte-t-elle. "Toutes les distances entre 600 mètres et 10 kilomètres peuvent être parcourues en vélo, estime-t-elle. Si vous allez chercher le pain en voiture tous les matins, c'est ridicule, si je peux me le permettre."
Entre le pain et les smoothies, les organisateurs de la "Journée vélo" ont peut-être trouvé le bon chemin pour animer les Français à sortir leurs vélos de l'oubli : en évoquant leurs goûts culinaires.
Maike Daub
On s'arrête là pour ce soir. Rendez-vous demain matin vers 10 heures pour la reprise de l'info Covid en continu. D'ici là, on vous conseille de jeter un coup d'oeil aux articles concoctés dans la journée.
La pandémie repart, et les points face à la presse du ministère de la Santé aussi. Tous les jeudis, à 17h, Olivier Véran fera désormais un point sur l'évolution de la situation sanitaire en France. Premier exercice demain, où le ministre de la Santé devrait lister les territoires où la contamination augmente et qui pourraient être soumis à des restrictions sanitaires.
Un avant goût du ton qu'adoptera son ministre a été donné par Emmanuel Macron, présent devant les caméras à l'arrivée de la 17ème étape du Tour de France ce mercredi, appelant la population à "vivre avec le virus" même s'il faut parfois "contraindre les règles pour nous protéger".
Emmanuel Macron sur le Tour de France: "C'est extrêmement important de montrer qu'il faut vivre avec le virus" pic.twitter.com/flqty15KVh
— BFMTV (@BFMTV) September 16, 2020