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Une législation restrictive
Tous les adeptes du minimalisme, à l’image de Lars Herbillon, s’accordent pour affirmer : "Le seul écueil au mode de vie tiny, ce n’est pas le fait de construire, mais bien de trouver un terrain."
Si le concept vend une vie de liberté, il faut tout de même respecter la législation, qui depuis 2014 et la loi ALUR, donne une existence juridique aux habitats alternatifs. Elle impose de respecter une limite de superficie de 20 m² et de faire en sorte que l’habitation conserve ses moyens de mobilité au risque d’être assujettie au permis de construire. Surtout, il est impossible de s’établir plus de trois mois sur un terrain sans avoir l’accord du maire de la commune, un graal particulièrement dur à obtenir pour les tinystes.
Un marché en expansion
Le phénomène est encore trop récent pour avoir des chiffres précis mais une chose est sûre, ces micro-maisons séduisent de plus en plus. Aujourd’hui, il ne suffit plus d’être un artisan né pour en avoir une. Pour un prix moyen oscillant autour de 40 000 euros, il est possible de faire appel à un professionnel.
Si cette activité s’est essentiellement développée dans l’ouest et le sud de la France, certaines entreprises alsaciennes ont en fait leur spécialité, comme le menuisier MTI, situé à Hettenschlag, dans le Haut-Rhin : "Depuis 2005, je faisais des maisons avec une ossature en bois. Il y a deux ans, j’ai vu que l’engouement pour les tiny houses était en train de prendre de l’ampleur, alors je me suis dit ‘pourquoi je ne pourrais pas en construire de plus petites’", raconte le patron.
S’il déclare arriver à en vivre aujourd’hui, la concurrence reste dure dans ce petit secteur : "Il y a de plus en plus de demandes, mais le marché est encore en train de se créer. On voit beaucoup de particuliers qui construisent eux-mêmes et qui revendent ensuite."
Plancher-les-Mines, le vide au bas de La Planche
A Plancher-les-Mines (1 000 habitants), dernière commune avant l’arrivée, l’oasis que représentait Mélisey s’éloigne à mesure que les bosses casse-pattes s’enchainent. Retour dans un village typique d’une région désindustrialisée, où l’usine désaffectée continue de rappeler l’ancien temps toujours plus lointain. Les volets du café-restaurant sont baissés ; on parle de ce lieu au passé. “Nous avons des gîtes qui sont bien sollicités”, tente de rassurer Sylvie Hosette, 2e adjointe au maire. Difficile pourtant de parler de réelle dynamique, quand les quelques commerces encore debout dénotent au milieu des vitrines défraîchies et des panneaux « à vendre ». Danielle, la boulangère, déplore le temps que prend le tourisme à se mettre en place. “Nous sommes un peu déçus mais peu, c’est toujours mieux que rien, rappelle-t-elle comme une évidence, avant de détailler son propos. Le souci, c’est que tout a été lancé rapidement en 2012 (première arrivée du Tour à La Planche des Belles Filles), sans que nous ayions forcément la capacité d’accueil nécessaire. Maintenant, on commence à pouvoir mieux gérer.”
David Darloy et Arthur Massot
La Planche des Belles Filles : décryptage d'une montée déjà mythique
Liberté, minimalisme, écologie, autonomie… Ce sont les images collées à la communauté des tinystes et entretenues par les réseaux sociaux. En Alsace, "l’influenceur" qui fait connaître ce mode de vie, c’est Lars Herbillon, dont les vidéos font des dizaines de milliers de vues sur Youtube. Trois ans après avoir lancé son projet d’auto-construction à 17 ans, il se qualifie aujourd’hui de "digital nomad" et se prépare à lancer son entreprise de construction de tiny house "nouvelle génération". Pour lui, l’habitat léger "permet de pouvoir changer de projet de vie sans contraintes géographiques ou économiques".
Conséquence ou non de sa résidence, les cyclistes amateurs se font plus nombreux. “On en a vu tout l’été, ça n’a pas désempli”, affirme Laurent. Tiens, justement, Joël et Claude descendent de leur monture. Venus du Luxembourg, ils dorment dans leur camping-car, comme la majorité des voyageurs. Les infrastructures hôtelière et de restauration manquent et font pâle figure face à celles des Alpes. Pour la Grande Boucle, la scène est presque caricaturale, avec les rangées de camping-car déjà alignées, et leurs propriétaires déjà prêts à apercevoir les coureurs.
Mélisey, lieu de résidence de l’idole, s’habitue aux cyclotouristes
Une dizaine de kilomètres séparent Lure du lieu de résidence actuel de Thibaut Pinot. Au fil de la route, le territoire devient de plus en plus dynamique, comme si la seule présence du coureur revivifiait une commune et permettait d’envisager le retour d’un dynamisme perdu. Pour s’y rendre, cap au nord-est. Le bitume s’élève légèrement, il fallait s’y attendre. Suffisamment pour calmer les ardeurs d’un cycliste du dimanche, bien trop peu pour titiller les jambes d’un habitué du Tour de France. Les monts environnants se rapprochent à mesure que les lignes droites s’enchaînent. Au bout d’une d’entre elles surgit Mélisey, 1 700 habitants.
Durant le confinement, c’est ici que le sportif a passé un confinement paisible, entouré de ses chèvres Kim et Quentine. En temps normal, c’est aussi là que le triple vainqueur d’étape sur le Tour aime se ressourcer. Malgré son emploi du temps, il est intégré à la commune, d’autant plus qu’il est le fils du maire, Régis. Et aucun doute à voir les banderoles : la commune est fière de son coureur. Laurent, gérant du café-restaurant de la mairie confirme que "tout le monde le connaît ! Il ne se passe pas une semaine sans qu’on nous demande où il habite."