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Les préservatifs, Yannis et Baptiste, la vingtaine, les ont enfilés sur le corps. Déguisés en capote géante, ils ont fait le tour du campus pour sensibiliser au sujet des IST et pour distribuer des moyens de contraceptions.
Ces initiatives répondent à un besoin urgent, celui de ramener les 15-25 ans à l’habitude du dépistage des IST. Alors que chaque année en France, 6 000 personnes découvrent leur séropositivité, dont 13% âgées de moins de 25 ans. Selon, la Dr Julie Nguyen-Soenen, médecin en charge de l’événement, près de la moitié des jeunes ont arrêté de venir se faire dépister au SSU à cause de la pandémie de Covid-19 : ils étaient 1 800 en 2019, ils ne sont plus que 1 000 en 2021. « Il y a le VIH, mais aussi des IST comme la Chlamydia qui touche particulièrement les jeunes, et peut, quand elle n’est pas traitée, rendre stérile », alerte-t-elle.
Rafaël Andraud
Edité par Lorela Prifti
En pleine quinzaine olympique, l'épreuve du sprint féminin se déroule ce matin. L’ancien biathlète et entraîneur du tir de l'équipe de France B, Julien Robert, décrypte la réussite tricolore dans la discipline et l’importance du mental dans les différentes courses.
Fixer des quotas d’élèves non-francophones par classe, voilà ce que propose la candidate LR pour garantir la qualité de l’enseignement des écoles publiques. Une mesure qui manque de précision et, pour le moment, de consistance.
Le dé tombe sur la ligne « Transmission » : « Quatre ! ». Lisa dégaine l’affichette qui correspond à la case : « Vrai ou faux ? On peut avoir une IST en étant vierge…» Grosse hésitation dans la salle, avant un petit « faux » hésitant lancé par Len-yuam. “Eh non, c’était vrai : il existe d’autres moyens de transmission, comme la transfusion, la transmission foeto-marternelle, etc.”
À mesure que la partie s’allonge, les joueurs, grâce aux réponses données par Lisa, deviennent de plus en plus experts dans les cinq familles de questions : les IST, la prévention, les symptômes, la transmission et le plaisir. Et à chaque fois que le dé tombe sur une case, le plateau se remplit de mots qui forment cette maxime au dénouement de la partie : « Un rapport sexuel non protégé, c’est comme une boîte de chocolat… On ne sait jamais sur quoi on va tomber ! »
Faire de la prévention avec fun
Pour Catherine, la trentaine, sociologue intervenante, le but de cette journée n’est pas seulement de prévenir des risques de la sexualité, mais aussi de promouvoir son épanouissement. D’où le fait d’associer « risques » et « plaisir » dans les jeux. Elle a fait le choix d’accueillir les étudiants en individuel et non plus en groupe, pour une conversation plus intimiste. Avec une couronne de préservatif sur l’oreille, elle propose aux jeunes assis dans la salle d’attente de faire une partie de « cocotte ». Ce petit jouet de papier plié dans lequel se cachent des messages à chaque pliure, rappelle des souvenirs d’enfance qui facilitent la première discussion avec les étudiants. « Après douze ans de prévention des IST et tous les vents que je me suis pris dans mes tentatives, j’ai appris une chose : il faut le faire avec fun. Grâce aux jeux notamment, où à des détails comme les préservatifs que j’ai sur l’oreille, ça permet d’accrocher et de mettre à l’aise les étudiants sur ces sujets stressants ».
Après le sacre de Quentin Fillon-Maillet, la médaille d’argent au relais mixte et les trois sacres de Martin Fourcade à Sotchi et Pyeongchang, comment expliquer la réussite des biathlètes français ?
C’est un combo entre des athlètes talentueux et travailleurs et le rôle des équipes de France. Le biathlon est un des rares sports où l’on suit les athlètes toute l’année, contrairement à la natation, le vélo ainsi que les sports collectifs, où les sportifs s'entraînent en club et viennent en sélection nationale de temps en temps. Les biathlètes sont en stage du mois de mai jusqu’à la préparation du début d’hiver. Il n’y a que le mois d’avril où ils sont à la maison. Et puis, beaucoup d’anciens biathlètes de haut niveau sont aussi dans l’encadrement. Evidemment, ça fait progresser tout le monde.
Comment analyser la victoire de Quentin Fillon-Maillet, champion olympique après la course du 20 kilomètres de mardi ?
J’ai regardé la course et je me suis dit que ça allait être compliqué pour aller chercher le titre, même une médaille. Finalement, il a fait un énorme temps de ski. Johannes Boe, qui survolait les débats les années précédentes, était moins en forme et Quentin a progressé de son côté. L’un dans l'autre, ça lui a permis de gagner. De plus, la neige est sèche et lente : ça fait encore plus d’écarts pour les athlètes en forme, comme Quentin. Malgré ses deux pénalités au tir, il a tiré le maximum de sa condition physique pour les éponger. Quand on voit l'état de forme qu’il a, on se prend à rêver qu’il puisse ramener d’autres médailles. Mais ce n’est pas le seul à pouvoir le faire, d’autres Français en sont capables et ça va être une belle bataille dès ce week-end, avec les sprints vendredi et samedi. Puis la semaine prochaine, il aura encore trois courses à gérer : la mass-start, le relais et la poursuite.
Et quel est le niveau des autres biathlètes en tir ?
Les pays de l’Europe de l’est (Russie, Ukraine) sont des bonnes nations au tir. Les Norvégiens sont meilleurs en ski, mais ils ont beaucoup travaillé pour revenir sur Martin Fourcade, qui fut un très bon tireur. Que ce soit les frères Boe (Johannes et Tarjei) ou Vetle Christiansen, ils ont maintenant de très bonnes capacités de tir.
Comment les biathlètes français peuvent-ils donc faire la différence sur leurs adversaires ?
Le tir, c’est 90% dans la tête. Voir des balles tirées dans quatre centimètres de diamètre à 50 mètres de distance le cœur à 180 de battements par minute, ça paraît incroyable. Mais c’est leur quotidien. La grosse différence se fait au niveau de la maîtrise de la pression et des petites bêtises, liées à l’enjeu. On peut être très bons à l'entraînement ou lors de compétitions internationales, quand on met le dossard olympique, ce n’est plus du tout la même chose. Et puis, ce sont des courses d’un jour. Par exemple, si on finit quatrième après une course des Jeux olympiques ça ne vaut rien, alors qu’en Coupe du monde, c’est une belle place.
En tant qu’entraîneur de tir, comment préparez-vous les athlètes à de telles courses ?
Déjà, il faut les mettre dans les meilleures dispositions techniques, en vérifiant la position et le contrôle de l’arme. La dimension psychologique se gère en discutant beaucoup avec les biathlètes et en les mettant le plus à l’aise possible. En revanche, quand le début de saison est difficile, ils sont un peu perdus et on se rend compte de l’importance de la confiance dans ce sport. Certains athlètes travaillent aussi avec des préparateurs mentaux pour qu’ils soient plus relaxés derrière leur carabine et qu’ils y croient.
La confiance, justement, elle est plutôt dans le camp des Français après cette première semaine. Vos pronostics pour la suite des Jeux ?
Le biathlon est un sport où il faut prendre beaucoup de paramètres en compte : la condition physique bien sûr, mais aussi la glisse et le résultat au tir. Le vent était la grosse inconnue des premiers jours des Jeux. A priori, il est moins pénible que prévu, par rapport à la première semaine d'entraînement. Quentin Fillon-Maillet est libéré : ce qui lui arrivera derrière c’est du bonus.
Félicien Rondel
Édité par Camille Bluteau
Double cambriolage et portes forcées d’appartements. Un duo de voleuses, originaires des Balkans, a jeté son dévolu sur un immeuble du centre-ville dans la nuit du 8 février. Les deux femmes ont comparu deux jours plus tard au tribunal correctionnel.
Entre 2010 et 2019, le nombre de morts dus à la pollution de l’air en Ile-de-France a diminué. Cependant, des milliers de morts auraient pu être évités chaque année.
Sur les barres de la rampe qui mène à l’entrée du Service de santé universitaire de Strasbourg (SSU), une affiche contraste avec le gris austère du bâtiment situé quartier de l’Esplanade. Un préservatif rose en forme de cœur y trône sur un fond turquoise accompagné d’un « Faites-vous dépister ! » À l’approche de la Saint-Valentin, le SSU a organisé, ce 10 février, une journée consacrée à la santé sexuelle. Au programme, préventions et dépistage gratuit des infections sexuellement transmissibles (IST) au laboratoire ou par TROD avec l’association SOS Hépatites. Pour mieux attirer les étudiants, Lisa, 20 ans, en service civique à la fédération des étudiants d'Alsace (L’Afges), a pimenté le planning par une animation : le jeu « Sexe & Chocolat ». Le plateau du jeu égaie la salle d’attente d’une ambiance bonne enfant. Imhotep, 24 ans, le co-anime avec Lisa. C’est lui qui accueille les étudiants intrigués dans la salle en leur tendant un gros dé orange. « Vous voulez jouer ? »
« Un rapport sexuel non protégé, c’est comme une boîte de chocolat… On ne sait jamais sur quoi on va tomber ! »
Le titre évocateur en a alléché certains : Len-yuam, Agathe et Elena, trois étudiants en langues de 18 ans, admettent ainsi être venus pour découvrir ce qui se cachait derrière ce jeu. L’occasion pour eux de faire de cette situation pesante et angoissante, le dépistage, un bon moment entre amis. Ils acceptent la proposition d’Imhotep avec plaisir. Elena lance le dé la première, en visant une des cases au sol, ornée d’une image de chocolat.
Ce 8 février à 23h15, deux intruses pénètrent au numéro 10 de la rue des Halles, un immeuble d’habitation de sept étages à deux pas du centre commercial éponyme à Strasbourg. Des bruits sourds dans la cage d’escalier alertent un voisin qui prévient la police. Positionnées à quelques mètres de l’entrée, en embuscade, les forces de l’ordre patientent. À minuit et demi, deux ombres sortent d’un pas rapide du bâtiment. Quinze minutes plus tard, deux femmes sont interpellées à côté de la gare. Dans leurs poches : deux tournevis, des bijoux et des bouteilles de parfum de luxe.
Enceinte de trois mois
Deux jours plus tard, le duo comparaît dans la salle 101 du tribunal de Strasbourg. Teint blafard et les yeux enrobés de cernes, elles sont accusées de vols et tentatives de vols. Kristina, la plus jeune, a 19 ans. Ses longs cheveux de jais entourent un visage dévoré par un masque blanc en tissu. À côté, Danijela, 38 ans, triture sa longue tresse qui tombe dans son dos. Originaires des Balkans, celles qui se disent mères de famille, n’ont ni papier d’identité, ni adresse. Et seraient arrivés en France une semaine plus tôt. « Pour trouver du travail et refaire ma vie », justifie Kristina, qui déclare aussi « être enceinte de trois mois », traduit un jeune interprète serbo-croate. « Alors vous ne trouvez pas de travail, donc vous volez c’est ça ? », rebondit le président du tribunal, lunettes vissées sur le nez.
Deux appartements ont été cambriolés. Une dizaine de portes présente aussi des traces d’effraction dans l’immeuble. « Les portes ont résisté, mais une habitante du premier étage a remarqué un important écart en haut de sa porte », appuie le président du tribunal, qui revient, non sans une pointe de sarcasme, sur les tournevis retrouvés sur les prévenus : « Vous avez l’habitude de vous balader à Strasbourg avec un tournevis dans la poche ? ». Un assesseur esquisse un sourire derrière son masque. Si les deux femmes admettent d’un hochement de tête les vols des deux logements où ont été dérobés bijoux et parfums, elles nient en bloc les tentatives sur les autres appartements. « Ce n’est pas nous, c’est quelqu’un d’autre », tente de se défendre la plus âgée.
« Ces deux-là ont de l’expérience »
Dans son réquisitoire, le procureur n’émet pourtant pas le moindre doute sur la culpabilité du duo : « Il s’agit de deux tentatives dans le même immeuble, à des étages voisins avec le même mode opératoire. Ce sont des faits de délinquance organisée, elles avaient d’ailleurs la panoplie du parfait cambrioleur. » Et d’asséner, après avoir fait référence « au fléau des raids en zones résidentielles à Strasbourg » : « Ces deux-là ont de l’expérience. » Dix mois de prison avec mandat de dépôt sont requis contre celles qui ne semblent pas bien comprendre ce qui se joue. « Ce ne sont pas des bandits de grand chemin », rétorque l’avocat, maître Muschel, qui invoque l’absence de condamnations antérieures. Sa défense n’aura pas su convaincre le tribunal qui suit les réquisitions du ministère public. Avant de repartir derrière les barreaux pour dix mois, Danijela lâche dans un souffle : « Moi aussi je suis enceinte de deux mois », comme une dernière tentative pour éviter sa peine. En vain.
Iris Bronner
Édité par Élia Ducoulombier